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Critique du film
GREMLINS 2 : LA NOUVELLE GÉNÉRATION 1990

GREMLINS 2 : THE NEW BATCH 

GREMLINS de 1984 obtient un énorme succès international, à la surprise de son studio de production Warner Bros. Joe Dante devient alors un réalisateur recherché, associé à son producteur Steven Spielberg.

Avec LES BANLIEUSARDS de 1989, il tourne une comédie horrifique et paranoïaque interprétée par Tom Hanks. Le film n'est distribué en France qu'en vidéo. Warner, de son côté, souhaite à tout prix une suite pour GREMLINS. La firme accordent carte blanche à Dante et lui fournit un gros budget de 50 millions de dollars. Presque cinq fois celui de GREMLINS !

Les productions familiales des années quatre-vingts subissent alors la même épidémie de suites tardives que les films d'horreur : S.O.S. FANTÔMES 2 arrive à cette période, tout comme RETOUR VERS LE FUTUR 2 et RETOUR VERS LE FUTUR 3.

Dante saute sur l'opportunité de faire GREMLINS 2 et souhaite se venger des limitations subies pour le premier volet. Notamment la présence envahissante du mignon Gizmo, qui était une idée de Spielberg. Il commande un scénario à Terry Jones, membre de la troupe britannique des Monty Python : le résultat enthousiasme Dante, mais est refusé par Warner qui le trouve irrespectueux envers GREMLINS.

C'est finalement Charles Haas qui se charge du script. Chris Walas, responsable des effets spéciaux du premier volet, est remplacé par Rick Baker (LA GUERRE DES ÉTOILES, LE LOUP-GAROU DE LONDRES). Les deux rôles principaux sont toujours tenus par Zach Galligan et Phoebe Cates. Tandis que nous retrouvons des visages typiques des films de Dante, comme Dick Miller (qui aura joué dans tous ses films sauf un) ou Robert Picardo (HURLEMENTS, L'AVENTURE INTÉRIEURE).

A la mort de monsieur Wing, sa boutique d'antiquités est rasée par l'entrepreneur Daniel Clamp, désireux de bâtir un centre d'activités moderne en plein Chinatown. Gizmo, le petit Mogwai, s'échappe. Mais il est aussitôt récupéré par le laboratoire du docteur Catheter, spécialiste des virus et de la génétique.

Ses locaux se situent dans une énorme tour appartenant à Clamp. Or, Kate et Billy sont désormais de modestes employés de l'entrepreneur et travaillent dans le bâtiment. Billy repère Gizmo et le libère. Hélas, une série d'incidents provoque la catastrophe redoutée : des hordes de Gremlins envahissent la gratte-ciel et se livrent à toutes sortes de mauvaises blagues.

L'argument de GREMLINS 2 est maigre. Expédié en une petite demi-heure, la mise en place de l'invasion de Gremlins ne sert que de prétexte à lancer plus d'une heure de délires ininterrompus. Dès le générique, Dante rend hommage aux dessins animés de la Warner, avec un prologue parodiant la célèbre ouverture des "Looney Tunes", prologue réalisé par Chuck Jones en personne.

A partir de la libération des petits monstres, le film devient un long Cartoon live, dans la tradition des meilleurs programmes courts animés MGM ou Warner. GREMLINS 2 relève alors plus du collage, ou du film de montage, que d'une œuvre cinématographique classique. Les vraies Stars sont désormais les ignobles Gremlins.

Le gentil Gizmo, retenu prisonnier, est neutralisé pendant la plus grande partie du métrage. Il ne trouve un rôle important qu'à partir du moment où il devient "méchant", notamment sous l'influence du film RAMBO II !

L'humour noir règne en maître. En écho à la séquence du mixer de GREMLINS, les lutins maléfiques sont soumis à des traitements brutaux : un Gremlin est transformé en bouillie verdâtre par un broyeur à papier, d'autres sont écrabouillés par la chute d'une cage d'ascenseur ou fondent lorsqu'ils sont électrocutés.

GREMLINS 2 baigne dans une méchanceté réjouissante. Ainsi, le Gremlin intelligent (un mutant, donc) en abat un autre en proclamant : "Ce n'est pas civilisé, mais c'est drôle !". Il résume ainsi la philosophie destructrice du film.

Dante se montre critique envers la civilisation urbaine de son époque et aussi envers le monde du travail, envers son cynisme et sa manière de favoriser l'arrivisme plutôt que la compétence ou le talent.

Les Gremlins vont jusqu'à détruire le film lui-même, dans un passage d'anthologie au cours duquel les lutins, dans la cabine de projection, profitent d'une rupture de la pellicule pour lui substituer un documentaire naturiste ! Il faut l'intervention du catcheur Hulk Hoogan pour ramener l'ordre. Nous retrouvons ainsi l'humour délirant d'un Tex Avery, dans les cartoons duquel il était fréquent qu'un personnage sorte du cadre ou s'adresse aux spectateurs dans la salle... qui lui répondaient !

Les références en tout genre au cinéma populaire fusent. Christopher Lee incarne ainsi un savant fou : sa première apparition est cadrée en "plan rapproché poitrine", rappelant sa célèbre arrivée du CAUCHEMAR DE DRACULA, tandis qu'il s'avance parmi de délirants éclairages à la Mario Bava. Plus loin, il se promène avec, dans les bras, une cosse échappée de L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES. Tous les genres y passent : la comédie musicale, le film de guerre, le film d'épouvante...

Les Gremlins font preuve d'une culture cinématographique ébouriffante et saturent l'écran de gags s'enchaînant sur un tempo endiablé. GREMLINS 2 n'est jamais pédant : les références sont toujours drôles et Dante s'amuse, comme ses petits monstres, en rendant hommage à ses sources.

Plus fou, plus drôle, plus méchant et aussi plus grivois que GREMLINS, GREMLINS 2 est une vraie réussite, proposant un résultat moins inégal que son prédécesseur. Plus qu'un film, ce long Cartoon est une fête pour les amateurs de cinéphilie populaire et d'humour noir.

Pourtant, il reçoit à sa sortie un accueil critique mitigé et ne connaît pas le succès public espéré. Dante se consacre ensuite à la réalisation de PANIC SUR FLORIDA BEACH de 1993, excellente chronique nostalgique du cinéma de série B des années cinquante, inspirée  par la personnalité du réalisateur William Castle (LA NUIT DE TOUS LES MYSTÈRES). Vient ensuite une série de téléfilms, dont la discutable satire politique THE SECOND CIVIL WAR. Avant que Joe Dante ne renoue avec Spielberg et réalise pour son compte SMALL SOLDIERS de 1998, dans lequel des jouets s'affrontent dans une guerre sans merci.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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