Header Critique : Aliens, le retour (ALIENS)

Critique du film
ALIENS, LE RETOUR 1986

ALIENS 

57 ans après sa fuite du Nostromo, Ripley est récupérée par un vaisseau de sauvetage. Sortie de son hibernation, elle raconte son aventure. Mais personne ne la croit. Elle apprend que des colons ont été envoyés sur la planète où le Nostromo a trouvé le vaisseau rempli d’œufs extraterrestres. Il lui est demandé de participer à une expédition là-bas car la colonie ne répond plus...

James Cameron fait ses armes sur divers postes artistiques de productions Roger Corman, puis il participe aux effets spéciaux de NEW YORK 1997. S'en suit une première expérience malheureuse à la mise en scène en 1981, avec PIRANHA 2 : LES TUEURS VOLANTS.

Il s'associe ensuite avec Gale Anne Hurd, elle aussi ancienne collaboratrice de Roger Corman, qui vient de fonder la société de production Pacific Western Productions. Il coécrit avec elle et réalise dans ce cadre TERMINATOR, distribué par le studio Orion.

Cette série B de science-fiction connaît un énorme succès et fait de l'autrichien Arnold Schwarzenegger une énorme vedette du cinéma d'action. Nous sommes au milieu des années quatre-vingts et la vague des blockbusters familiaux à effets spéciaux, dans la tradition des films de George Lucas et de Steven Spielberg, est sur le déclin.

INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT rencontre le succès public, mais reçoit un accueil critique mitigé. Il n'échappe pas aux controverses sur sa violence et sa vision biaisée de la civilisation indienne. Lucas en a fini avec sa trilogie STAR WARS et produit le film de super-héros pas comme les autres HOWARD - qui sera un gros échec. Spielberg se détourne de ce style de films en réalisant le drame LA COULEUR POURPRE. Sa production d'aventure LE SECRET DE LA PYRAMIDE est un échec public. Des films du même style comme LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN ou GOLDEN CHILD, L'ENFANT SACRÉ DU TIBET déçoivent commercialement. Exception notable : le succès imparable de la production Amblin RETOUR VERS LE FUTUR.

En plein cœur des années Reagan, alors que la guerre froide et les armements nucléaires s'avèrent d'une actualité brûlante, ce sont les gros bras, les grosses pétoires, les postures belliqueuses et revanchardes qui font la loi à Hollywood. Ils ouvrent la voie au cinéma d'action violent qui va voler de succès en succès dans les années à venir, avec des titres « R-Rated » comme COMMANDO, PREDATOR et autres PIÈGE DE CRISTAL ou SPEED. En 1985, Sylvester Stallone fait ainsi exploser le box-office mondial avec ROCKY IV ou RAMBO II... dont la première ébauche du scénario est signée James Cameron !

Cameron se voit alors proposer d'écrire la suite d'ALIEN de Ridley Scott. Offre qui se transforme vite en opportunité de la mettre aussi en scène tandis que Gale Anne Hurd la produit. Le tandem lance donc la création d'ALIENS, LE RETOUR. Cameron ne travaille pas avec Giger, le créateur original du monstre d'ALIEN, mais collabore de nouveau avec Stan Winston qui a construit la version robotique du TERMINATOR.

Nous retrouvons Sigourney Weaver dans le rôle de Ripley. Nous reconnaissons aussi Michael Biehn, le héros de TERMINATOR, en soldat du futur, et dans le rôle du cyborg d'ALIENS, LE RETOUR, Lance Henriksen (PIRANHA 2 : LES TUEURS VOLANTS, AUX FRONTIÈRES DE L'AUBE).

Avec ALIENS, LE RETOUR, Cameron ne cherche pas à faire un film d'épouvante angoissant, mais plutôt un métrage d'action et de suspense. S'inscrivant dans la mode de son temps, il s'éloigne de l'horreur néo-gothique d'ALIEN pour aller vers l'action explosive. Comme l'indique l'accroche publicitaire d' ALIENS, LE RETOUR : «Cette fois, c'est la guerre» !

James Cameron dit s'inspirer de la guerre du Vietnam, dans laquelle l'armée américaine hyper-équipée et très sure d'elle s'est faite battre par des ennemis presque désarmés, mais à la détermination implacable. Une vision d'un conflit déséquilibré qu'il réitérera quelques décennies plus tard dans AVATAR. Une bande de Marines idiots et arrogants déboule donc sur la planète occupée par les Aliens et se fait vite battre. Ils ne pensent alors plus qu'à s'enfuir.

Cameron ne cherche pas à restituer l'ambiance lente et reptilienne du premier film, ni la beauté de ses images. Il mélange le cinéma de science-fiction et le film de guerre. Cette idée n'est pas neuve en tant que telle, en particulier en littérature où le concept du Space Marine a déjà été déclinée par exemple dans le militariste «Étoiles, garde-à-vous» de Robert A. Heinlein - alias «Starship Troopers» en anglais -  ou l'anti-militariste «La guerre éternelle» de Joe Hadelman.

Cette vision n'a néanmoins pas encore été exploitée au cinéma de façon marquante. ALIENS, LE RETOUR puise pourtant son inspiration dans la mémoire du genre. En particulier dans les souvenirs du classique DES MONSTRES ATTAQUENT LA VILLE de 1954. Dans le dernier acte de ce métrage, l'armée américaine mène une bataille harassante dans les égouts de Los Angeles contre des fourmis géantes, à coups de mitrailleuses lourdes et de lances-flammes, jusqu'à tuer la Reine des insectes au fond de son nid. Une ambiance, des images et un déroulé que nous retrouvons certainement dans ALIENS, LE RETOUR !

Cameron installe une ambiance industrielle, faite de tuyaux, de grillages et de coursives sales, propices aux poursuites et aux embuscades. Il fait un film personnel, et ne cherche pas à recopier les images claustrophobes de l'esthète européen Ridley Scott. Il se montre bien plus fasciné par la technologie, avec le déploiement d'un arsenal spectaculaire ainsi que l'emploi alors innovant d'un exosquelette. Cette image robotique ainsi que l'affrontement machine contre monstre extraterrestre annoncent déjà l'intérêt prononcé de Cameron pour l'animation et la science-fiction japonaises. Le réalisateur amène de nombreuses idées à la série et s'investit à fond dans son projet. Certaines scènes de poursuite et d'action sont  énergiques et efficaces.

Mais l'aspect menaçant des Aliens n'est plus aussi sensible que dans le film de Ridley Scott. Ces monstres deviennent maladroits, physiquement faibles, compensant leur fragilité par leur nombre. Cameron crée une Reine Mère Alien impressionnante, mais qui donne une impression de surenchère facile par rapport à ALIEN.

La longueur d'ALIENS, LE RETOUR paraît excessive, certaines lenteurs bavardes se font sentir. Certains effets spéciaux sont peu convaincants (abondance des maquettes, décor de la planète, certains déplacements de la reine). Des scènes d'action filmées caméra à l'épaule, répétitives et illustrées d'une musique martiale, s'avèrent lassantes. ALIENS, LE RETOUR se permet une incohérence quant à ALIEN, lors de la dépressurisation violente d'un vaisseau dans l'espace, bien plus inoffensive que dans le premier métrage.

Toutefois, nous ne pouvons pas nier que Cameron a révolutionné à la fois le cinéma de science-fiction et le cinéma d'action avec ALIENS, LE RETOUR, qui aura une influence énorme dans de nombreux domaines (cinéma, jeux de rôles, BD, jeux vidéos). ALIENS, LE RETOUR est bien mené et il réussit, malgré certaines lenteurs, à maintenir un suspense efficace. La réalisation énergique de Cameron est impressionnante, même si il s'éloigne du style mystérieux et envoûtant de Ridley Scott.

A sa sortie, ALIENS, LE RETOUR connaît un beau succès commercial qui conforte James Cameron dans sa position de nouveau réalisateur-vedette de la science-fiction, statut qu'il renforce avec son projet suivant, encore plus personnel et ambitieux : ABYSS.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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