Header Critique : LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN (BIG TROUBLE IN LITTLE CHINA)

Critique du film
LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN 1986

BIG TROUBLE IN LITTLE CHINA 

Jack Burton est un conducteur de camion habitant à San Francisco. Il vient en aide à un ami chinois dont la fiancée a été enlevée par la mafia de Chinatown...

Après l'excellent accueil reçu par le romantique STARMAN, John Carpenter se voit confier la réalisation d'un gros et coûteux film d'action : LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN, pour la Major 20th Century Fox. Le scénario est écrit notamment par W.D. Richter, réalisateur des excentriques AVENTURES DE BUCKAROO BANZAI À TRAVERS LA HUITIÈME DIMENSION.

Carpenter retrouve son acteur de prédilection Kurt Russell (NEW YORK 1997, THE THING). Les effets spéciaux optiques de ce blockbuster sont confiés à Richard Edlund, grosse pointure de l'époque ayant travaillé sur LA GUERRE DES ÉTOILES ou S.O.S. FANTÔMES.

Se déroulant dans un cadre sino-américain, LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN donne la vedette à des acteurs d'origine asiatique, comme le vétéran James Hong (BLADE RUNNER, EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE), Victor Wong (ancien journaliste reconverti en acteur, apparu la même année dans GOLDEN CHILD, L'ENFANT SACRÉ DU TIBET) ou le jeune Dennis Dun. Ces deux derniers reviendront dans le film de John Carpenter suivant : PRINCE DES TÉNÈBRES.

LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN permet au réalisateur de saluer le cinéma d'action de Hong Kong, particulièrement les films d'action et d'aventures historiques. S'il n'oublie pas l'âge d'or des années soixante et soixante-dix de la Shaw Brothers, il a aussi été impressionné par le plus moderne ZU, LES GUERRIERS DE LA MONTAGNE MAGIQUE. Dans ce dernier, Tsui Hark a renouvelé le genre en brassant éléments typiquement chinois et effets spéciaux contemporains, inspirés par ceux des films de George Lucas ou Steven Spielberg.

Dans LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN, nous avons des sorciers volants, des guerriers qui croisent le fer au milieu d'éclairs magiques, des personnages qui courent sur les murs, volent ou se livrent à de multiples sauts périlleux.

Carpenter a ainsi une longueur d'avance sur le cinéma américain d'action des années quatre-vingt dix, dont un des enjeux sera l'assimilation du cinéma d'action de Hong Kong tel que popularisé par Tsui Hark ou John Woo.

LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN est aussi dans la pure tradition du cinéma d'action américain des années quatre-vingts. Comme LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE, il s'inspire avec ironie des Serials hollywoodiens des années trente et quarante. Les chambres de torture de Lo Pang rappellent les supplices qu'affectionnait Fu Manchu, génie du mal notamment interprété par l'acteur Boris Karloff dans LE MASQUE D'OR.

Les effets spéciaux et les maquillages sont abondants et réussis. L'histoire prend place dans le Chinatown de San Francisco. Carpenter s'inspire de l'ambiance de ce quartier pour élaborer l'antre du méchant sorcier. Les décorateurs se régalent en construisant ce vaste palais qui ressemble à un gigantesque restaurant chinois, plein de néons, de statues dorées et de lustres miroitants. Cette esthétique kitsch se trouve soulignée par l'évidente influence de la bande dessinée sur la direction artistique.

Le personnage de Jack Burton est aussi marqué par Indiana Jones. Il s'agit d'un anti-héros sympathique, vantard, bavard et maladroit. Il est complètement perdu dans cet univers haut en couleur dont il ignore tout et s'avère un support peu efficace pour ses amis ! Il se distingue en rejoignant les rangs des héros prolétaires du cinéma de John Carpenter, aux côtés du pilote d'hélioptère de THE THING ou de l'ouvrier itinérant de INVASION LOS ANGELES.

Burton est remarquablement interprété par un Kurt Russell, plus loquace que dans ses précédents rôles chez Carpenter. L'ensemble du casting s'avère sympathique et talentueux. Les amis de Jack Burton composent une communauté attachante et solidaire d'émigrés, conciliant l'histoire millénaire de la civilisation chinoise et la vie moderne californienne.

Pourtant, Carpenter a du mal à mettre efficacement en scène les séquences de bagarre. Elles sont certes amusantes, mais elles manquent de maîtrise et de rigueur. L'exécution n'est pas toujours fluide et les modèles cinématographiques asiatiques sont maladroitement imités. L'accumulation des péripéties donne une impression de fouillis. Tout cela rend le film inégal et nous montre John Carpenter, réalisateur jusqu'ici si rigoureux et économe, se laisser aller à un certain chaos.

Néanmoins, LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN reste une œuvre bien sympathique. Il ouvre la porte à l'humour détendu de Carpenter, que nous retrouverons dans INVASION LOS ANGELES et LOS ANGELES 2013.

LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN connaît un échec public. Il sort avant GOLDEN CHILD, L'ENFANT SACRÉ DU TIBET, autre blockbuster américain invoquant un imaginaire fantastique asiatique, qui sera lui aussi un bide.

LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN attire des polémiques pour sa vision de la communauté des américains asiatiques non dénuée de stéréotypes, à base de triades et de sociétés secrètes. L'échec des AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN est une cassure dans la filmographie de John Carpenter. Il renonce à rester un grand réalisateur de studio, poste pour lequel il a œuvré depuis THE THING. Il revient à des productions plus modestes, à commencer par PRINCE DES TÉNÈBRES l'année suivante.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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