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Critique du film
STARMAN 1984

 

John Carpenter réalise CHRISTINE en 1983, d'après un roman de Stephen King, pour gagner de l'argent et se remettre en selle après la déception critique et financière de THE THING. CHRISTINE, tourné pour Columbia, est alors un succès au box-office.

La firme a dans ses tiroirs un projet du début des années quatre-vingts : l'histoire de STARMAN, mise au rebut après l'énorme succès de E.T. L'EXTRA-TERRESTRE. En effet, Columbia considère que ce scénario a trop de points communs avec le film de Spielberg. Michael Douglas est alors producteur depuis le triomphe de son premier projet à ce poste : le drame psychiatrique VOL AU-DESSUS D'UN NID DE COUCOU de 1975. Il insiste pour que STARMAN aboutisse et plusieurs réalisateurs sont envisagés, dont John Badham (TONNERRE DE FEU) et Tony Scott (LES PRÉDATEURS).

Finalement, Carpenter récupère ce scénario, largement réécrit par Dean Riesner (L'INSPECTEUR HARRY), bien que ce dernier ne soit pas crédité au générique pour des raisons syndicales. Carpenter s'entoure librement de collaborateurs proches, pour la plupart déjà réunis sur CHRISTINE : le chef-opérateur Donald M. Morgan, la monteuse Marion Rothman, le producteur Larry J. Franco (fidèle de Carpenter de FOG à INVASION LOS ANGELES)...

Pour les effets spéciaux, il réunit une "Dream Team" de maquilleurs afin de concevoir la "naissance" du STARMAN : Rick Baker (LE LOUP-GAROU DE LONDRES), Dick Smith (L'EXORCISTE) et Stan Winston (ALIENS). Les effets optiques sont confiés à ILM, la firme de George Lucas. Carpenter choisit délibérément des acteurs avec lesquels il n'a jamais tourné : Jeff Bridges (TRON) et Karen Allen (LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE).

En 1977, la sonde spatiale Voyager II est lancée par les Terriens. Elle contient des messages d'amitié à l'attention d'éventuelles formes de vies extraterrestres. En réponse, un vaisseau d'outre-espace s'approche de la Terre ... Au moment de rentrer dans l'atmosphère, il est abattu par des avions militaires qui le considèrent dangereux. L'OVNI s'écrase dans le Wisconsin, près de la maison de Jenny Hayden, une jeune veuve vivant seule.

Afin de ne pas l'effrayer, le pilote du vaisseau prend l'apparence humaine de son mari, Scott, décédé peu de temps auparavant. L'homme des étoiles demande fermement à Jenny de l'accompagner jusqu'à un coin désertique de l'Arizona où ses amis d'outre-espace doivent le retrouver. S'il ne quitte pas la Terre dans les trois jours, il mourra.

D'abord affolée, Jenny s'attache à ce visiteur au cours de leur voyage. Pendant ce temps, la sécurité nationale américaine retrouve l'épave du vaisseau. Ses agents vont tout faire pour mettre la main sur ce visiteur pourtant pacifique...

STARMAN poursuit la lignée des films de Steven Spielberg mettant en scène des rencontres positives entre humains et extraterrestres, comme RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE et E.T. L'EXTRA-TERRESTRE.

Ce n'était pourtant pas les premières fois que des extraterrestres pacifistes se rendent sur Terre. Les titres les plus classiques datent des années cinquante, l'âge d'or de la science-fiction américaine, et sont LE JOUR OÙ LA TERRE S'ARRÊTA de Robert Wise (un extraterrestre se rend à Washington pour mettre en garde les humains contre les armes atomiques) et LE MÉTÉORE DE LA NUIT de Jack Arnold (un vaisseau d'outre-espace s'écrase sur Terre, ses habitants rentrent en contact avec des humains).

Dans le même style, l'aventure de L'HOMME QUI VENAIT D'AILLEURS de 1976, signé par l'anglais Nicolas Roeg, est aussi influent : un extraterrestre dont la planète souffre d'une sécheresse dramatique se rend sur Terre. Il y devient un cobaye pour des scientifiques. Par bien des aspects, E.T. L'EXTRA-TERRESTRE est une version familiale et optimiste de ce dernier titre.

En se rattachant aux œuvres de science-fiction humanistes de Spielberg, Carpenter tourne le dos à l'anticipation horrifique qu'il a lui-même explorée avec THE THING.

Au-delà d'un film de science-fiction, STARMAN se veut aussi un film d'amour. E.T. L'EXTRA-TERRESTRE évoque une amitié entre un enfant et un alien. L’œuvre de Carpenter propose une Love Story entre une femme et un extraterrestre. Situation déjà déclinée dans L'HOMME QUI VENAIT D'AILLEURS, mais STARMAN se distingue en adoptant le ton de la comédie romantique américaine.

Au départ, Jenny n'apprécie guère ce visiteur étrange et la communication n'est pas aisée. Les événements permettent au Starman de révéler sa nature sensible et intelligente qui émeut la jeune femme. Ce mélange de romance et de Road Movie renvoie à NEW YORK-MIAMI de 1934, classique de Frank Capra avec Clark Gable et Claudette Colbert dont Carpenter revendique clairement l'influence.

La partie "comédie sentimentale" de STARMAN offre ses meilleurs moments, notamment grâce à d'excellents dialogues et interprètes. Le personnage de Jenny, jeune femme brisée, usée avant l'âge, renaît grâce à sa rencontre avec le Starman. Elle bénéficie d'une vraie profondeur, remarquablement rendue par une Karen Allen étonnante de naturel. De même, Jeff Bridges parvient à être touchant dans certains passages, parmi lesquels le final qui n'est pas complètement un "Happy End".

Hélas, tout cela est en partie gâché par le recours trop facile à des procédés usés en matière de comédie de science-fiction. Bridges irrite en adoptant un jeu oscillant entre le robotique et le cocasse. Ses réactions naïves face à son nouvel environnement et les problèmes de communication qu'il rencontre sont parfois amusants, souvent prévisibles et puérils. STARMAN trahit trop l'influence d'E.T. L'EXTRA-TERRESTRE. Outre l'intrigue semblable, nous relevons d'autres points communs : les méchants militaires, la rondeur du vaisseau, le pouvoir guérisseur du Starman qui se manifeste par le rougeoiement de sa main, la découverte du baiser par le biais du film à la télévision...

Toutes ces facilités donnent l'impression que Carpenter ne fait pas d'efforts pour masquer l'opportunisme de cette production, laquelle rejoint les rangs des gentils suiveurs engendrés par le triomphe de Spielberg : BROTHER, COCOON, MIRACLE SUR LA HUITIÈME RUE... L'aspect trop gentil de STARMAN laisse dubitatif et nous regrettons certaines longueurs pas toujours utiles, voire redondantes (le détour à Las Vegas).

Par contre, nous retrouvons les qualités de réalisation typique du cinéma de Carpenter. Composées en grande partie de véritables séquences nocturnes, superbement photographiées en cinémascope, les images bleutées de STARMAN composent un film solide et élégant, bénéficiant de trucages très correctement réalisés. Carpenter prouve à nouveau son talent de directeur d'acteurs.

STARMAN connaît un excellent accueil critique aux USA et vaut à Jeff Bridges une nomination pour l'Oscar du meilleur acteur. De plus, le film connaît de bons résultats au box-office. Carpenter reste à ce jour toujours fier de ce film, avec lequel il a pu prouver qu'il est capable de bien faire autre chose que de l'épouvante, de l'action ou du suspense.

La même année sort sur les écrans PHILADELPHIA EXPERIMENT réalisé par Stewart Raffill, un film de science-fiction dédié au voyage dans le temps, distribué par la petite compagnie New World Pictures. Carpenter y est crédité comme producteur exécutif et son nom est mis en avant dans la promotion. En fait, il a envisagé de le réaliser au début des années quatre-vingts et a participé au développement du projet avant de le laisser tomber.

De même, pour SANS ISSUE de 1986, thriller produit par New World Pictures, il apparaît au générique comme producteur exécutif et scénariste. Il s'agit en fait d'un scénario écrit par Carpenter en 1975, que la firme indépendante ressort des tiroirs pour le faire réaliser par Harley Cokeliss. A nouveau, le film est vendu en mettant en avant le nom de Carpenter.

Cela prouve que sa popularité comme réalisateur de films fantastiques est alors suffisante pour que son nom soit utilisé à des fins opportunistes. Carpenter se disperse ensuite dans différents projets qui n'aboutissent pas (comédie, western, science-fiction, guerre) avant de se consacrer à LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN de 1986, grosse production mêlant aventures et arts martiaux.

Une série télévisée «STARMAN» apparaît pour une seule saison en 1986 aux USA : bien que reprenant des personnages du film de Carpenter, ce dernier n'est pas impliqué dans ce projet dérivé.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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