Header Critique : VENDREDI 13 (FRIDAY, THE 13TH)

Critique du film
VENDREDI 13 1980

FRIDAY, THE 13TH 

Un camp de vacances situé près de Crystal Lake est fermé depuis les années cinquante. En effet, des meurtres y ont été commis et n'ont jamais été élucidés. En 1980, son propriétaire décide de le rouvrir et fait venir des moniteurs pour le remettre en état...

Sean S. Cunningham est d'abord connu des amateurs d'épouvante comme complice de Wes Craven. Il a ainsi produit son dérangeant premier film LA DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE. Alternant érotisme et comédies, les projets suivants de Cunningham ne rencontrent pas la même fortune. En 1979, au bord de la misère, il investit ses derniers dollars dans VENDREDI 13, œuvre qui marche allègrement sur les traces de LA NUIT DES MASQUES de John Carpenter. Les comédiens de VENDREDI 13 pratiquement tous débutants, ne connaîtront en général pas une grande carrière, à la notable exception de Kevin Bacon (HYPNOSE, HOLLOW MAN).

Bricolé avec peu de moyens par un jeune surdoué, LA NUIT DES MASQUES est un succès sans précédent pour un film indépendant. Inspiré à la fois par PSYCHOSE d'Alfred Hitchcock et les films horrifiques de Dario Argento (LES FRISSONS DE L'ANGOISSE, SUSPIRIA), il relate les meurtres commis par Michael Myers, un serial-killer masqué s'en prenant aux jeunes d'une petite ville américaine. L'efficacité de LA NUIT DES MASQUES, son découpage habile, la qualité de son interprétation et sa musique inoubliable (composée par Carpenter lui-même) en font une réussite imparable, définissant la modernité cinématographique en matière d'épouvante pour les vingt années à venir.

Cunningham s'en inspire sans faire de détail. Halloween, LA NUIT DES MASQUES, est un jour malfaisant dans le calendrier ? Son film s'appellera donc VENDREDI 13 ! Un tueur au visage invisible y massacre une bande de jeunes gens à l'arme blanche. Cunningham s'inspire aussi de LA DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE pour la crudité des actes de barbarie commis au milieu d'une nature resplendissante. Il se rappelle encore de LA BAIE SANGLANTE, un Giallo gore de Mario Bava dans lequel une bande de jeunes fêtards, en vacances au bord d'un lac, se fait trucider avec sadisme.

Malgré toutes ses bonnes références, Cunningham rate son film. D'abord, l'interprétation est désastreuse, à l'exception de Betsy Palmer qui n'apparaît que tard dans le récit. Les personnages sont antipathiques, idiots et sans épaisseur. Les crimes sont filmés essentiellement au moyen d'une caméra subjective nous faisant suivre le point de vue du tueur. Ce moyen a déjà été employé avec virtuosité par Dario Argento (LES FRISSONS DE L'ANGOISSE) ou John Carpenter (LA NUIT DES MASQUES). Ici, le résultat tombe à plat.

Le spectateur s'ennuie encore à cause du manque de rigueur de l'histoire policière. Privé d'indices consistants, il ne peut pas s'occuper à chercher le coupable des crimes. Les meurtres se succèdent avec mollesse, souvent dans une nuit épaisse et charbonneuse qui les rend difficilement visibles.

Certes, nous avons un peu de gore, grâce aux effets spéciaux réalisés par Tom Savini (ZOMBIE). Techniquement réussies, ces séquences restent assez rares et font pâle figure comparées à des œuvres de la même époque comme SUSPIRIA, ZOMBIE ou MANIAC. Enfin VENDREDI 13 se conclut sur une scène onirique réussie, mais qui rappelle trop LA DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE et CARRIE pour sembler originale.

Qu'on se le dise, VENDREDI 13 n'est certainement pas une grande réussite ! Si son succès important a une influence déterminante sur la production de cinéma d'horreur des années quatre-vingts, il n'en reste pas moins ennuyeux, en dépit de son charme rustique.

Malgré la différence de qualité entre LA NUIT DES MASQUES et VENDREDI 13, le public marche encore et le film de Cunningham fait un malheur. Il devient le premier volet d'une série très populaire. La saga des Voorhees prend ainsi ses quartiers chez Paramount en enchaînant pas moins des sept suites durant les années quatre-vingts, décennie où Hollywood aligne les volets numérotés à toutes les sauces ! La saga atterrit ensuite chez le studio indépendant New Line qui la fait passer de la médiocrité ronronnante à la franche décadence, envoyant le tueur Jason Voorhees dans l'espace avec JASON X, ou le confrontant à Freddy Krueger dans FREDDY CONTRE JASON.

Dans les années 2000, Hollywood lance des remakes de classiques de l'horreur des années soixante-dix. En 2009, cela nous vaut un nouveau VENDREDI 13, le douzième, pour un résultat insipide et à la destinée publique mitigée. La série des VENDREDI 13 retombe en sommeil. Le gros succès de la résurrection de HALLOWEEN en 2018 par le studio Blumhouse aurait pu nous valoir un retour de la saga de Crystal Lake. Mais des bisbilles juridiques entre Sean S. Cunningham et Victor Miller, scénariste du premier VENDREDI 13, quant à la paternité et le contrôle de la saga, nous en préservent – pour le moment !

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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