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Critique du film
FIRESTARTER 2022

 

Très populaire dans les années 1970 et 1980, les adaptations des œuvres littéraires de Stephen King marquent le pas dans les années 2000, avec des échecs commerciaux cinglants comme DREAMCATCHER ou THE MIST. Dans les années 2010, ces transpositions deviennent synonymes de sorties directement en DVD (MERCY) ou de téléfilms Netflix comme 1922.

Une production un peu plus ambitieuse, comme CARRIE, LA VENGEANCE signée Kimberly Peirce (BOYS DON'T CRY), ne rencontre guère d'échos. Tandis que la transposition Sony de LA TOUR SOMBRE s'extrait d'une décennie de développement tortueuse pour n'aboutir en 2017 qu'à un métrage médiocre et vite oublié.

Pourtant, Warner sort la même année ÇA de l'argentin Andres Muschietti (MAMA), surfant sur la mode nostalgique de la série télé «STRANGER THINGS». Ce film décroche un énorme succès, confirmé par sa suite ÇA, CHAPITRE II en 2019. Il s'agit d'un retour en force du clown Pennywise, dont les exactions n'avaient été transposées qu'à la télévision jusqu'alors, dans le téléfilm ÇA de 1990.

Stephen King revient sur le devant de la scène avec un autre film Warner en 2019 : DOCTOR SLEEP de Mike Flanagan, d'après la suite de «Shining». Mais cette production intéressante connaît un succès mitigé. Parallèlement sont annoncées de nouvelles adaptations d'ouvrages déjà transposés au cinéma, manifestement préparées en vitesse et au rabais : nous en voulons pour preuve un SIMETIERRE de 2019 parfaitement anecdotique.

Le studio Blumhouse, spécialisé dans l'horreur à petit budget, se lance alors avec son partenaire Universal pour proposer une nouvelle version de «Charlie», roman déjà transposé en 1984 par Mark L. Lester. Pour mémoire, rappelons que nous avons même eu droit à un téléfilm FIRESTARTER 2 : REKINDLED, suite du FIRESTARTER de 1984, destinée en 2002 au câble américain, avec Malcolm McDowell et Dennis Hopper !

La réalisation de notre nouveau FIRESTARTER de 2022 est confiée à Keith Thomas, FIRESTARTER étant son second métrage après le moyen THE VIGIL, film indépendant distribué en son temps aux USA par Blumhouse.

L'adaptation est écrite par Scott Teems, déjà collaborateur de Blumhouse pour le «scénario» (le mot est un peu fort !) de HALLOWEEN KILLS. Dans le prolongement de ce dernier, Blumhouse demande à un certain John Carpenter de composer la musique de FIRESTARTER, ce dont il s'acquitte avec ses habituels collaborateurs du moment, à savoir son fils Cody Carpenter et son filleul Daniel A. Davies.

A la photographie, nous remarquons le nom de Karim Hussain, familier des amateurs de cinéma fantastique, ce canadien étant notamment le collaborateur créatif de Brandon Cronenberg. Au casting, nous retrouvons Kurtwood Smith le temps d'une scène, le méchant en chef de ROBOCOP apportant une caution années quatre-vingts indéniable. La petite Charlie est jouée par Ryan Kiera Armstrong, déjà vue récemment dans ÇA, CHAPITRE II, BLACK WIDOW ou THE TOMORROW WAR.

Durant leurs études, Andy et Vickie McGee ont servi de cobayes à des expériences médicales, expériences au cours desquelles ils ont acquis des pouvoirs paranormaux. Charlie, leur petite fille, est elle aussi douée d'un don insolite : celui de la pyrokinésie, la capacité de générer et contrôler du feu à volonté. Mais elle ne maîtrise pas encore bien sa dangereuse capacité. La famille fuit de ville en ville, traquée par des agents mystérieux...

Lorsque FIRESTARTER[ de Mark L. Lester sort au cinéma en 1984, les adaptations de Stephen King sont encore très populaires. Cette transposition présentée par Dino De Laurentiis est une grosse production. Sa vedette-enfant Drew Barrymore sort du triomphe de E.T. L'EXTRA-TERRESTRE et se voit entourée d'une distribution de vedettes, comme Martin Sheen (APOCALYPSE NOW), Louise Fletcher (VOL AU-DESSUS D'UN NID DE COUCOU), George C. Scott (PATTON), Freddie Jones (ELEPHANT MAN)... Menée par Zac Efron, vedette ado de HIGH SCHOOL MUSICAL dans les années 2000, la distribution du nouveau FIRESTARTER est bien plus modeste. Nous sommes clairement dans une production Blumhouse à petit budget, vite emballée pour profiter de la renommée de ÇA.

Cela n'empêche pas Keith Thomas de soigner la mise en place de son métrage, décrivant la vie complexe de ces mutants en cavale. Andy a le don de manipuler l'esprit d'autrui, don dont il use pour appuyer des séances thérapeutiques. Vickie a un pouvoir de télékinésie, comme «Carrie» (roman dont «Charlie» constitue somme toute un prolongement). Les deux parents doivent élever Charlie et canaliser ses pouvoirs naissants à la veille de son adolescence. Tout cela en vivant traqués par une agence gouvernementale spécialisée dans le paranormal.

La vie en fuite de la famille McGee rappelle A BOUT DE COURSE de 1988 signé Sidney Lumet. Ce film est certes postérieur au roman «Charlie», mais il est inspiré par la longue cavale du couple d'activistes politiques Bill Ayers et Bernardine Dohrn, traqués par le FBI, qui était un fait divers célèbre aux USA durant les années soixante-dix, alors que le roman de King est publié en 1980.

Comme eux, la famille McGee doit changer d'identités et de logements régulièrement, parfois dans la précipitation, dès que leur nouvelle couverture est compromise. La description du double défi vécu par cette famille est alors faite avec soin, plutôt bien jouée, en particulier par Ryan Kiera Armstrong à l'interprétation plus convaincante que celle trop limitée de Drew Barrymore dans le film de 1984.

FIRESTARTER ne fait pas de compromis sur l'horreur, offrant un film parfois violent, très sombre. Le personnage du tueur Rainbird, mercenaire sans scrupule, est ici composé de façon naturelle par l'acteur Michael Greyeyes, plus convaincant que la restitution un peu trop bizarre du même personnage par George C. Scott.

Et pourtant, malgré le sérieux de son ton, l'importance donnée aux personnages, FIRESTARTER est un échec. La faute à une mise en scène trop lisse, manquant d'impact, à une direction d'acteurs trop retenue et aussi à une évidente radinerie budgétaire aboutissant à un dernier acte expédié. Il prend des libertés avec le texte d'origine (pourquoi pas...), avec en particulier le sort d'Andy McGee. Il en ressort un dénouement très frustrant, donnant une image du laboratoire gouvernemental étriquée. On y rentre comme dans un moulin et ses couloirs vides sont surveillés par une petite poignée d'agents de sécurité.

Mou, manquant de rebondissements, conçu à l'économie, ce FIRESTARTER s'avère un échec, un titre passable destiné à un oubli rapide. En son temps, FIRESTARTER[  de 1984 avait également déçu, aussi bien commercialement qu'artistiquement. FIRESTARTER 2022 ne redresse pas la barre. Son studio de production Universal n'y croit guère lorsqu'il le sort en salles aux USA, l'exploitant simultanément en streaming. Ce qui aboutit, comme à chaque fois que cette modalité d'exploitation est employée, à une déception au box-office.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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