Header Critique : Animaux Fantastiques : Les Secrets de Dumbledore, Les (Fantastic Beasts: The Secrets of Dumbledore)

Critique du film
LES ANIMAUX FANTASTIQUES : LES SECRETS DE DUMBLEDORE 2022

FANTASTIC BEASTS: THE SECRETS OF DUMBLEDORE 

De 1998 à 2007, J.K. Rowling publie sept romans constituant les aventures de l'apprenti-sorcier Harry Potter. Ce jeune ado vit dans une Angleterre contemporaine où la magie constitue une réalité cachée. Au vu de leur énorme succès de librairie, le studio Warner transpose ses aventures au cinéma, sous la supervision active de l'écrivain. Il en résulte huit films sortis entre 2002 et 2011, de HARRY POTTER À L'ÉCOLE DES SORCIERS à HARRY POTTER ET LES RELIQUES DE LA MORT : PARTIE 2. Ils triomphent dans les salles.

J.K. Rowling travaille ensuite sur une série de métrages qu'elle écrit directement pour le cinéma. Elle se base sur «Les animaux fantastiques» de 2001. Il s'agit en fait d'un guide illustré des créatures extraordinaires vivant dans l'univers de la magie, guide que J.K. Rowling rédige sous le nom du personnage fictif Newt Scamander.

Le nouveau cycle de films est annoncé comme une série de cinq longs-métrages et J.K. Rowling collabore de nouveau avec le réalisateur David Yates, metteur en scène des quatre derniers films Harry Potter. En 2016 sort donc LES ANIMAUX FANTASTIQUES, premier métrage du cycle, qui met en vedette Newt Scamander, interprété par Eddie Redmayne. Newt est un Magizoologiste, un idéaliste excentrique consacrant sa vie à l'étude et au recensement des animaux magiques. Ce bestiaire est mis en avant dans le métrage dont l'action se déroule durant l'entre-deux-guerres, essentiellement à New York. Ce qui diversifie le monde des sorciers géographiquement et en révèle de nouveaux aspects.

Le second métrage est LES ANIMAUX FANTASTIQUES : LES CRIMES DE GRINDELWALD. Il introduit concrètement le sorcier malfaisant Gellert Grindelwald. Et il déplace l'action dans le Paris des années folles. Il présente aussi une version jeune de Aldus Dumbledore, le futur directeur de l'école de Poudlard, cette fois interprété par Jude Law. Plus sombre, le film connaît un succès public moindre que son prédécesseur, lui-même déjà un cran en-dessous des Harry Potter. Ce qui augure mal de l'avenir.

Pour rédiger le troisième volet LES ANIMAUX FANTASTIQUES : LES SECRETS DE DUMBLEDORE, J.K. Rowling se fait aider par Steve Kloves, lequel a travaillé sur les adaptations des huit films Harry Potter. Nous retrouvons les mêmes acteurs en vedette, à savoir Eddie Redmayne, Jude Law, mais aussi Ezra Miller dans le rôle de Croyance ou Dan Fogler dans celui du Moldu Jacob Kowalski. Johnny Depp qui incarnait Gellert Grindelwald se voit écarté suite à des scandales dans sa vie privée et est remplacé par le comédien danois Mads Mikkelsen, spécialisé à Hollywood dans des rôles de méchants, comme dans CASINO ROYALE ou DOCTOR STRANGE, ou encore le cinquième Indiana Jones prévu pour l'été 2023.

Gellert Grindelwald est un sorcier criminel qui milite pour l'esclavage des Moldus, c'est-à-dire les non-magiciens. Il argue que les enchanteurs constituent une race supérieure. Malgré les crimes dont il est coupable, il a de nombreux partisans. La Confédération Internationale des Sorciers l'absout de ses forfaits au motif d'un manque de preuve. Grindelwald capture alors un Qilin, animal magique permettant de lire l'avenir, et envisage de prendre la tête de la Confédération au gré d'une élection prochaine. Dumbledore comprend qu'il doit agir pour contrer ses plans...

Comme les dix métrages précédents de ce cycle, LES ANIMAUX FANTASTIQUES : LES SECRETS DE DUMBLEDORE se déroule dans le monde des sorciers inventé par J.K. Rowling. Il s'agit en fait de notre monde, mais, caché aux yeux des non-initiés, se déploie tout un univers de magiciens et de sortilèges.

Dans les aventures de Harry Potter, les enjeux de catégories de personnes (Magiciens, Moldus, Sang-mêlés) étaient déjà présents, stigmatisant la culture de classe et le racisme. Ici, le cadre de l'entre-deux-guerres permet un rapprochement transparent entre Grindelwald et Hitler. L'action se déroule à Berlin, dans une ambiance politique électrique, à base d'élections décisives, de procès bâclés et de complots souterrains.  

Dumbledore, enseignant à la prestigieuse école de magie de Poudlard, perçoit cette menace. Lui qui, nous apprend le métrage, a embrassé dans sa jeunesse les idéaux dévoyés de Grindelwald. Il est lié à ce dernier par un pacte de sang surnaturel, conclu du temps de leurs études, alors qu'ils étaient amants. Par conséquent, Dumbledore ne peut affronter directement Grindelwald et agit en coordonnant ses alliés, en élaborant un plan d'autant plus compliqué qu'il doit déjouer la prescience dont Grindelwald est désormais doué. Ce plan implique des voyages et des astuces magiques rythmant le déroulé des ANIMAUX FANTASTIQUES : LES SECRETS DE DUMBLEDORE.

Le personnage de Dumbledore, plutôt en retrait dans LES ANIMAUX FANTASTIQUES : LES CRIMES DE GRINDELWALD, prend donc de l'importance et se voit développé. Nous explorons son passé, sa vie familiale et personnelle, au gré d'un récit soulignant sa solitude et le poids de ses responsabilités. Interprété dans les Harry Potter par Richard Harris, puis Michael Gambon, il est désormais porté efficacement par Jude Law, oscillant entre ironie, bienveillance et tourment.

Les multiples aventures de nos sorciers les conduisent dans des lieux variés. Nous sortons un peu de l'environnement exclusivement urbain des deux précédents métrages pour explorer des zones de jungle ou encore les montagnes himalayennes.  LES ANIMAUX FANTASTIQUES : LES SECRETS DE DUMBLEDORE propose des séquences au ton varié, allant au-delà du merveilleux et du film familial. Certaines scènes dédiées aux animaux s'avèrent cruelles, d'autres moments oscillent entre humour bizarre et horreur, comme l'exploration d'une forteresse-prison cauchemardesque. Les duels de magie se montrent parfois étonnants d'énergie et de panache, comme celui entre Croyance et Dumbledore dans les rues de Berlin.

Nous retrouvons des qualités traditionnels des films Harry Potter, à savoir une très bonne interprétation ainsi qu'une direction artistique haut de gamme, reflétée par des décors et des costumes soignés et évocateurs. Les effets spéciaux sont bien dosés et exécutés avec soin, garantissant le dépaysement merveilleux. Enfin, James Newton Howard, associé à cette trilogie des Animaux Fantastiques, signe une vraie belle partition de cinéma, participant plus qu'à son tour à l'ampleur et à l'émotion du spectacle.

Cependant, LES ANIMAUX FANTASTIQUES : LES SECRETS DE DUMBLEDORE souffre aussi des habituels défauts des films basés sur l’œuvre de JK Rowling. Le style cinématographique est conventionnel, voire en retrait. La multiplication des personnages et des sous-intrigues aboutit à des longueurs, disperse la narration et égare l'attention du spectateur.

Plus étonnant, LES ANIMAUX FANTASTIQUES : LES CRIMES DE GRINDELWALD écarte sans façon Tina Goldstein, « Auror » luttant contre la magie noire, un des personnages principaux du précédent métrage. Elle disparaît ici presque complètement sous un prétexte vague, donnant une impression de rétropédalage. LES ANIMAUX FANTASTIQUES : LES SECRETS DE DUMBLEDORE résout certains points-clés posés par son prédécesseur de manière précipité, tel la question du pacte de sang.

Plus généralement, alors que la saga était annoncée sur cinq métrages et que LES ANIMAUX FANTASTIQUES : LES CRIMES DE GRINDELWALD ouvrait la porte à un conflit magique généralisé, LES ANIMAUX FANTASTIQUES : LES SECRETS DE DUMBLEDORE conclut toutes les intrigues ouvertes, et ce de façon relativement peu spectaculaire. Comme si l'idée de faire une fresque plus longue avait été abandonnée en cours de route. Ou, tout du moins, comme si J.K. Rowling et Warner se gardaient l'option de clore ici le cycle des Animaux Fantastiques, lequel souffre d'un accueil public relativement tiède rapporté aux films Harry Potter.

LES ANIMAUX FANTASTIQUES : LES SECRETS DE DUMBLEDORE constitue un spectacle fantastique dépaysant, poursuivant l'exploration des mondes magiques foisonnant de J.K. Rowling. Comme les films antérieurs de ce cycle, il cultive un équilibre précaire entre une vision enfantine gentillette d'une part, et des ambiances gothiques plus sombres ou des problématiques plus profondes d'autre part. Il propose quoi qu'il en soit une œuvre soignée et dépaysante, un grand spectacle axé sur l'exploration de ses personnages et la dépiction de mondes imaginaires.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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