Header Critique : Willy's Wonderland

Critique du film
WILLY'S WONDERLAND 2021

 

Autrefois vedette de blockbusters hollywoodiens comme LES AILES DE L'ENFER, 60 SECONDES CHRONO ou GHOST RIDER, Nicolas Cage voit sa carrière prendre un tournant inattendu au début des années 2010. Frappé par un douloureux contrôle fiscal, l'acteur s'oriente d'abord vers quelques séries B (comme le sympathique HELL DRIVER) avant de sombrer dans une abondante production destinée au marché du DVD et de la VOD. Sa cadence atteint parfois quatre ou cinq métrages par an, souvent au service de réalisateurs spécialisés dans ce petit marché comme Mario Van Peebles ou Uli Edel.

Ainsi, en 2021, nous voyons arriver une nouveau projet saugrenu le mettant en vedette : WILLY'S WONDERLAND. Il est mis en scène par Kevin Lewis, lui aussi abonné aux rayons de DVD discount, et co-interprété par des comédiens habitués aux rôles très secondaires - voire par de parfaits inconnus.

Victime d'un étrange accident de la route, un voyageur se trouve contraint, pour récupérer sa voiture, à passer la nuit dans un restaurant désaffecté. Ce lieu familial, le « Willy's Wonderland », accueillait autrefois des anniversaires d'enfants, sa principale attraction étant un orchestre d'automates incarnant des animaux amusants comme Willy le furet, Tito le crocodile ou Ozzie l'autruche. Ce que l'intrus ne sait pas, c'est que Willy et ses complices prennent vie la nuit et commettent d'horribles crimes !

L'argument de WILLY'S WONDERLAND est donc celui de l'étrange attraction plus ou moins abandonnée dans laquelle des touristes égarés se retrouvent piégés au risque de leur vie. Un sujet découlant du vénérable DEUX MILLE MANIAQUES avec sa déviation routière qui amène les automobilistes vers une fête pas comme les autres, et puis encore précisé par le bon TOURIST TRAP et d'autres œuvres réussies comme LA MAISON DE CIRE ou LA MAISON DES MILLE MORTS.

Mais ici le voyageur n'est pas un touriste comme les autres. Il n'a pas de nom (le générique le désigne comme « The Janitor », soit l'homme d'entretien, l'honorable profession du TOXIC AVENGER). Et surtout, il est Nicolas Cage, ou plutôt une synthèse de divers personnages joués par Nicolas Cage dans ses rôles de durs énigmatiques comme HELL DRIVER ou GHOST RIDER. Cet aspect de sa filmographie est revue ici avec une bonne louche de second degré et d'humour. Ainsi, cet homme de ménage d'une nuit est si énigmatique qu'il est totalement mutique, ne sortant pas un seul mot du métrage ! Il prendra à cœur son travail nocturne en faisant des prouesses de nettoyage, et aussi en faisant le ménage parmi les occupants maléfiques de cette attraction hantée.

En effet, Willy's Wonderland, le pays des merveilles de Willy, était autrefois un restaurant/aire de jeu a priori comme les autres. Sauf qu'il était tenu par une bande de tueurs en série qui utilisaient cette couverture inoffensive pour masquer leurs méfaits sanglants. L'équipe bizarroïde et inquiétante qui gérait alors le lieu, animant des fêtes d'anniversaires vraiment pas comme les autres, évoque le tueur en série américain William Gacy, connu pour aimer se déguiser en clown pour amuser les enfants !

La bande de maniaques gérant le Willy's Wonderland a fini par être démasquée et, avant d'être arrêtés, ils ont transmis leurs esprits dans les automates chanteurs qui agrémentent le restaurant, au gré d'un rituel satanique qui n'est pas sans rappeler celui qui donne vie à Chucky dans JEU D'ENFANT ! Le lieu est donc désormais hanté par des automates incongrus à l'apparence d'animaux anthropomorphes, à la dangerosité masquée d'apparences cocasses et inoffensives. Depuis, ceux qui s'aventurent dans le Willy's Wonderland n'en ressortent pas vivants...

WILLY'S WONDERLAND nous raconte donc une nuit ubuesque dans ce lieu, confrontation entre des automates tueurs et un voyageur très doué pour le ménage, féru de flipper, très à cheval sur ses heures de pause et grand buveur de boissons énergétiques.

Soyons honnêtes, malgré un format d'image cinémascope, la photographie approximative de WILLY'S WONDERLAND passerait mal la rampe d'une diffusion sur grand écran de cinéma. Les décors sont bricolés, les effets spéciaux gore, amusants, ne resteront pas dans les annales comme les plus réussis du genre – loin de là. Pourtant, ses prémices absurdes et la générosité amusée avec laquelle Nicolas Cage fait le show, entre inconnu mystérieux, moments excentriques et pétage de câble ultra-violent, assurent un divertissement sympathique et distrayant.

WILLY'S WONDERLAND n'a pas la prétention de révolutionner le cinéma fantastique. Au rang des potacheries sanglantes, sa facture technique passable le tient loin des classiques de Peter Jackson et autres Sam Raimi. Pourtant, il s'agit d'une œuvrette artisanale, sympathique, légère, portée par l'autodérision de son acteur principal ainsi que par le caractère farfelu de ses adversaires, auxquels il règle leur compte à coup de balai, de serpillière, de ventouse, de cannettes et de cuvette d'urinoir !

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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