Header Critique : ILE DE LA TERREUR, L' (ISLAND OF TERROR)

Critique du film
L'ÎLE DE LA TERREUR 1966

ISLAND OF TERROR 

Sur une petite île d'Irlande, des cadavres mystérieusement désossés sont retrouvés. Des savants londoniens attribuent ces atrocités aux silicates, mutants issus d'une expérience scientifique ratée...

L'ÎLE DE LA TERREUR est réalisé par Terence Fisher, celui-là même qui a lancé l'épouvante gothique pour la compagnie Hammer à la fin des années cinquante. Cette collaboration a commencé à battre de l'aile à partir de 1962, suite aux déceptions commerciales de LA NUIT DU LOUP-GAROU et de LE FANTÔME DE L'OPÉRA. La carrière de Terence Fisher tangue alors, comme il collabore à la production européenne SHERLOCK HOLMES ET LE COLLIER DE LA MORT, puis à THE HORROR OF IT ALL, comédie horrifique n'ayant pas marqué les esprits. Il revient en 1964 à la Hammer avec LA GORGONE, puis reprend un autre chemin avec THE EARTH DIES SCREAMING, toute petite production de science-fiction britannique en noir et blanc. En 1966, il retourne auprès de la Hammer pour laquelle il tourne DRACULA, PRINCE DES TÉNÈBRES puis FRANKENSTEIN CRÉA LA FEMME. Dans la même période, il dirige deux titres de science-fiction pour la petite compagnie Planet Film Productions : L'ÎLE DE LA TERREUR et LA NUIT DE LA GRANDE CHALEUR, tous deux avec Peter Cushing en vedette.

En effet, le cinéma fantastique anglais d'alors ne se limite pas à l'épouvante. Ainsi, la compagnie Hammer a aussi produit la série des «Quatermass» avec par exemple LE MONSTRE de 1955 qui baigne dans une atmosphère de science-fiction angoissante et annonce par bien des aspects des séries TV comme «AUX FRONTIERES DU REEL». Il n'est donc pas étonnant de retrouver Fisher aux commandes d'une telle œuvre, d'autant plus qu'il a déjà frayé avec ce genre dans les années cinquante avec FOUR SIDED TRIANGLE ou SPACEWAYS.

Dans L'ÎLE DE LA TERREUR, des savants cherchant à vaincre le cancer donnent vie aux silicates, dangereux organismes mutants se nourrissant d'os humains. Fisher ne semble pas totalement à son aise avec cette histoire. Il y manque l'épaisseur humaine et émouvante intrinsèque aux grands mythes de l'épouvante tel qu'illustrés dans FRANKENSTEIN S'EST ÉCHAPPÉ ! ou LA NUIT DU LOUP-GAROU.

Par bien des aspects, L'ÎLE DE LA TERREUR saura pourtant réjouir les amateurs de science-fiction horrifique. Nous apprécions son ambiance sinistre, humide et brumeuse, évoquant les nouvelles maritimes de Lovecraft. Les silicates sont des petits mutant tentaculaires peu ragoutants. Quand une armée de ces monstres rampants avance inexorablement vers les héros, ceux-ci tentent de les détruire en utilisant des moyens aussi divers que le fusil de chasse, la bombe incendiaire ou de la dynamite. Aucune de ces armes n'égratigne les créatures visqueuses et les humains ne s'en sortent qu'en se repliant en vitesse.

Si les comédiens sont dans l'ensemble compétents, l'interprétation est plus décontractée que dans d'autres film d'horreur classiques. Peter Cushing se montre un brin ironique. Même avec un bras tranché, il lance des remarques spirituelles à ses compagnons ! Les effets spéciaux ne sont pas très réussis, notamment les monstres, peu terrifiants. Leurs apparitions sont accompagnées de bruitages électroniques démodés qui amusent plus qu'ils n'angoissent.

Pourtant, nous retrouvons certaines qualités habituelles des bons films de Fisher : narration très solide, sens du rythme, efficacité et rigueur. Si L'ÎLE DE LA TERREUR n'égale pas ses plus grandes réussites, ce panachage d'horreur, de science-fiction et d'action reste donc un agréable divertissement.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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