Le jeune Jacob est tourmenté chaque nuit par de terrifiants cauchemars. Suite au décès de sa grand-mère, il commence à s'intéresser aux affaires qui ont été laissées par cette vieille dame qu'il ne connaissait pas. Peu après, ses parents décident de l'envoyer dans un internat spécialisé...
Difficile de parler de L'INTERNAT puisqu'une grande partie de son intrigue repose sur quelques révélations inattendues. De plus, le film n'est pas ce qu'il semble être d'après les premières images. Le titre français du film risque aussi de prêter à confusion puisqu'ils risquent d'être nombreux à confondre cet INTERNAT avec L'ORPHELINAT de Juan Antonio Bayona. En réalité, le film de Boaz Yakin brouille les pistes et emprunte des chemins pour mieux nous berner. C'est bien ce qui fait la force de cette curieuse histoire où le surnaturel est un accessoire permettant au cinéaste de créer une ambiance. Aborder L'INTERNAT comme un simple film d'horreur serait donc une erreur grossière ! Le film de Boaz Yakin traite, non pas de vilains tueurs décérébrés ou d'entités maléfiques, mais du passage de l'enfance à l'âge adulte. Un moment charnière où les individus se posent des questions et se cherchent. C'est aussi un moment qui marque la perte de l'innocence enfantine et de l'insouciance. La protection des parents disparaît pour entrer dans un monde adulte où les frontières du bien et du mal ne sont plus manichéennes. C'est à tout cela qu'est confronté le jeune personnage de L'INTERNAT où il lui faudra prendre en main son destin mais aussi faire des choix lourds de sens et à la frontière de la morale. Avec ce film, Boaz Yakin a réussit à créer une métaphore protéïforme sur fond d'intrigue horrifique.
Ce qui fait la force de L'INTERNAT, c'est aussi un peu sa faiblesse. L'aspect horreur est atténué par les interrogations sur l'oeuvre que l'on est en train de visionner. Certains passages semblent de prime abord assez gratuit et laisse perplexe au moment où ils surviennent. Cela provoque une ambiance étrange au rythme inconstant qui nesera sûrement pas au goût de tous les spectateurs. Mais, comme déjà dit auparavant, si on se laisse entraîner par L'INTERNAT, le voyage surprend à plusieurs reprise jusqu'à ses derniers actes faisant preuve d'un humour noir et grinçant.
Les comédiens du film sont assez inégaux. Le jeune âge des acteurs n'est sûrement pas étrangers à cette impression. En face d'eux, on notera sûrtout Will Patton qui interprète ici l'étrange directeur de l'établissement qui donne son nom au film ! Enfin, il serait bon de noter que L'INTERNAT propose une photographie aux couleurs suggestives que n'aurait sûrement pas renié Dario Argento et Mario Bava, voire même Lucio Fulci. Les décors baroques de L'INTERNAT ne sont pas non plus sans rappeler le sens esthétique de ces cinéastes italiens. Il ne s'agit en rien d'une coïncidence puisque Mario Bava est clairement identifié dans le film. Ainsi, on peut voir une bande-dessinée intitulé PLANET OF THE VAMPIRES et ce qui semblait un détail fortuit est corroboré un peu plus loin par un extrait des TROIS VISAGES DE LA PEUR. L'approche esthétique du film finit de donner à L'INTERNAT un véritable cachet !
Pas de bol pour L'INTERNAT, le film n'aura pas la chance d'avoir été distribué dans les salles obscures en France. Il nous arrive donc directement en vidéo. Le Blu-ray est de très belle facture. Le transfert 1080p/24 retranscrit à merveille les ambiances nocturnes ainsi que les couleurs marquées du film. Les pistes sonores en DTS HD Master Audio 5.1 délivrent des ambiances subtiles contrastant avec des passages plus impressionnants. De la belle ouvrage !
Curieusement, le menu principal du Blu-ray de L'INTERNAT ne laisse entrevoir aucun supplément d'aucune sorte. En réalité, en sélectionnant l'arobase, on peut accéder à la bandes-annonces du film ainsi qu'à celles d'autres titres de l'éditeur : LAISSE-MOI ENTRER, BORDER, IT FOLLOWS, LES FRERES GRIMM, THE BOY, SILENT HILL, THE WARD, LEATHERFACE, SUSPIRIA, LE SECRET DES MARROWBONE et LE VOYAGE DE FANNY. Le contenu éditorial est donc très limité mais l'éditeur propose un joli livret contenant une interview du réalisateur et scénariste du film. Le livret contient des clichés du film mais aussi deux planches de dessins préparatoires des costumes. Un beau livret et un disque limite dépouillé, le contraste est aussi étrange que le film lui-même !