A la mort de sa mère, Linda (Jacki Kerin) revient à la demeure familiale de Montclare transformée en maison de repos pour personnes âgées. Fouillant dans les papiers, elle se rend compte que certains événement relatés par sa mère recommencent. Des occupants qui meurent et une figure inquiétante semblant la surveiller de l'extérieur.
36 ans après sa sortie, NEXT OF KIN demeure toujours un objet filmique fascinant. Cette production australienne sortit en catimini dans son pays d'origine pour être oubliée aussitôt. Il fit principalement sa carrière en Europe. Arrivé en France via le Festival du Film fantastique de Paris où il remporta la Licorne d'Or en 1982, il débarque tardivement sur nos écrans sous le titre NEXT OF KIN : COUSINS DE SANG le 30 avril 1986, avec une toute petite audience de 48.549 entrées... pour ensuite apparaitre sous diverses jaquettes VHS sous le titre MONTCLARE RENDEZ VOUS DE L'HORREUR. Hormis ces VHS, quelques rares DVD auront permis de le (re)découvrir mais c'est surtout l'Australie qui lui redonne ses lettres de noblesse : Umbrella Entertainment lance en effet un Blu Ray en première mondiale.
Le système de production australien très particulier dans les années 80 a permis la mise en chantier du film. Mais causa également sa perte et sa non diffusion sur son territoire d'origine. Il fallait simplement que le film du fait soit être livré en temps et en heure pour que les financiers puissent obtenir leur déductions de taxes promises par le système en place. Personne ne semblait être intéressé par le scénario - juste la livraison d'un produit fini. Encore plus curieux étant que Tony Williams n'étant pas du tout tourné vers le fantastique et l'horreur, ce qu'il admet, mais vers le documentaire. Il tient alors du miracle de voir un film aussi particulier que NEXT OF KIN puisse non seulement traverser les années pour conserver intacte son audace visuelle - tout comme son impact.
Il existe un sentiment étrange, presqu'en dehors de sa nationalité... quasi européen. D'où ce sentiment d'assister à un long métrage empruntant des codes de cinéma baroque. Un gothique retrouvé/réinventé, comme un sentiment SUSPIRIA australien. Part conte de fée, film de fantôme, thriller psychologique et récit initiatique. Sa persistence à s'équilibrer à la lisière du fantastique en fait une sorte d'Alice au pays des horreurs. Une croisée du bizarre et du dérangeant, magnifié à la fois par des acteurs principaux en rupture graduelle du réel et une mise en scène ultra-élaborée. Des ralentis énigmatiques aux éruptions sanguinolentes, avec un choix très judicieux de musiques composées par Klaus Schulze dont l'une des compositions devenant le thème lancinant du film. Un rythme parfait entre image et son pour créer un univers fantasmagorico-horrifique efficace.
NEXT OF KIN reste aussi une expérimentation technique et visuelle hors du commun. Avec des plans simples comme celui de la voiture abandonné en pleine forêt, faisant naître un certain inconfort. Une steadycam révolutionnaire prend un point de vue de personnages furtifs, mélange réminiscence du passé et explosion de l'imaginaire. Les mouvements de caméra font naître, avec les regards de Jacki Kerin et ses déplacements dans le cadre, un monde presqu'autre. Un final-summum via un plan séquence hallucinant, notant une préparation intense, réglée au millimètre - démarrant d'une grue témoin de la désolation des lieux en travelling descendant à terre pour se fixer sur l'arrière d'un pick up qui démarre et terminer par un travelling circulaire à 180°, fixant l'objectif sur une explosion. Extraordinaire!
Par de brefs plans (l'oeil du chat, un pied rentrant dans une baignoire, un regard apeuré...) Williams distille un savant moment de pré-panique - l'attente d'un ailleurs, où réside la part belle à l'atmosphérique, au sens du détail - jusqu'à un hommage tordu au DERNIER TANGO A PARIS via les images de danses de salon lors de la scène finale! Il parsème ses artifices de mise en scène, plaçant des objets au premier plan: des arbres, une rambarde d'escalier... afin de créer de la profondeur et ce sens du bizarre. Et qui entretient le film dans un état de cauchemar permanent. Des plans rigoureusement étudiés qui se couplent à la maniabilité de la caméra, l'originalité des cadrages, l'agilité des mouvements, des images fugaces tendant à l'effroi. Tout ceci crée la sensation d'étourdissement: tout concourt à une fuite du réel pour cimenter un effet claustrophobe et pointer sur l'inconscient de Linda qui travaille trop. Ou pas?
Toute cette maestria de mise en scène ne parvient cependant pas à faire oublier un scénario imparfait, apportant des personnages (Carol, par exemple) de manière superficielle et accidentelle...inutile au final. Pour s'en débarrasser aussi vite au plan d'après. Le réalisateur s'en justifie dans les bonus, préférant « arracher les pages du scénario » pour mieux utilise le budget alloué sur des plans techniques qu'il préférait tourner. D'où une fin tronquée, des personnages laissés en cours de route, une certaine précipitation dans l'exécution de certaines scènes. Et ajoute au caractère elliptique du scénario final, oscillant entre une ambiance à la OLD DARK HOUSE couplé à un avatar de suspense à la Boileau-Narcejac - un adjuvant complémentaire à travers une référence de baignoire qui louche vers LES DIABOLIQUES. Avec ce tiraillement adroit d'une jeune femme à la normalité désarmante face au déferlement d'événements qui ne le sont pas.
Williams tente de s'en tirer vers le haut pour savamment mélanger la musique electro répétitive et angoissante de Schulze à ses envolées techniques - et une photographie brillante de Gary Hansen (HARLEQUIN) dont ce fut le dernier travail avant son décès accidentel dans un accident d'hélicoptère. Le spectateur obtient une partition parfois déséquilibrée de mise en scène transcendant un scénario à la texture classique - s'avérant au final incomplet. La forme prenant le pas sur la substance d'écriture, mais réussissant malgré tout à laisser une trace indélébile d'oeuvre à part - tragique et belle.
Pour la première fois au monde, Umbrella Entertainment exhume NEXT OF KIN en HD, avec un Scan 4K du négatif original sur un BD 50, en 1080p, au format 1.77:1 ( le même format que sur le DVD Allemand X-Rated, par exemple) d'une durée complète de 89mn20.. Ce qui donne des cadrages curieux qui semblent hors propos, avec des hauts de tête parfois coupés. A se demander s'il s'agit d'une volonté du cinéaste ou d'un cadrage aléatoire ? Un menu animé offre la possibilité de l'accès au film (via le choix des pistes sonores et des sous-titres anglais optionnels), des chapitres heureusement conservés ainsi que les suppléments. A noter que l'éditeur offre une jaquette réversible. A l'instar de l'édition Umbrella pour RAZORBACK, on sent que les contrastes ont été poussés. Un peu trop fort d'ailleurs, car certaines scènes apparaissent totalement suspectes. Des peaux à dominante orange (John Jarratt à plusieurs reprises), mais également des bleus et verts surréalistes - notamment sur la première scène aérienne suivant la voiture de l'héroïne, ou comme les draps blancs qui virent au bleu vers 7mn30. Certains moments filmés en clair-obscur transparaissent difficilement à l'écran : il demeure quasi impossible de déceler ce qui se passe à l'écran lors de la scène d'amour entre les deux protagonistes principaux. De manière générale, la définition reste très agréable à l'oeil. Un pas en avant conséquent par rapport aux précédentes éditions DVD existantes, Certains détails impressionnent sur les gros plans : la chevelure de Jacki Kerin, précise ou les inscriptions sur le carton à 10mn24... L'actrice principale qui précise d'ailleurs que certains filtres ont été utilisés, la couleur de sa chevelure tendant plus naturellement vers le châtain. Si le plan initial fait peur sur le rendu (le grain reste très excessif), les plans en intérieurs rassurent. La réduction de bruit ne fait pas trop de dégâts, même si bien présente dans certaines scènes. Mais au global, le grain filmique persiste. On pointera quelques légères poussières blanches ça et là mais de manière très minimale. L'impression générale qui se dégage demeure cependant largement positive.
Deux mixages audio anglais de disponibles, En DTS non compressé, mixage 2.0 mono provenant du son magnétique original. Ainsi qu'un remixage en 5.1, dont principalement la piste musicale bénéficie/. Il serait malhonnête de dire que ce remixage en 5.1 ne profite pas à l'environnement musical : il existe un plus indéniable, la partition de Klaus Schulze choisie pour l'occasion gagne en ampleur, en enveloppement. La répartition des sons s'avère assez naturelle, qu'il s'agisse des dialogues ou des effets sonores. Pour une expérience proche de sa sortie cinéma, il faudra se diriger vers la piste en 2.0, intacte, sans aucun souffle notable. Et qui montre à quel point le travail de montage sonore demeure élaboré.
Le premier commentaire donne la parole au réalisateur Tony Williams et au producteur Tim White. Un exercice parfois délicat, avec quelques moments de silence parfois gênants (vers la 55e minute entre autres, et après), malgré des efforts pour apporter une phrase ou deux de perspective sur les raisons derrière certains plans. Quelques éléments de montage sonore (comment coupler la musique de Schulze avec les effets sonores du film) élèvent subitement le niveau. Des explications techniques bienvenues sur l'organisation des plans, le séquençage... et l'explication du plan à 78mn, où Williams a fini par arracher plusieurs pages du scénario qu'il estimait inutile - le tout afin de bénéficier du temps et du budget prévus pour ces scènes afin de tourner un plan complexe de Jacki Kerin courant dans un couloir. Jusqu'à l'hommage bizarre au DERNIER TANGO A PARIS pour le final. Mais l'exercice frustre plus qu'autre chose, on se demande même si le son n'a pas été coupé ou si le commentaire n'est pas terminé, tant les plages sans intervention restent longues. Il aurait fallut un modérateur connaisseur afin de rendre plus fluide l'ensemble et questionner les deux bonhommes pour maintenir l'intérêt.
Le second commentaire audio offre un prisme de lecture différent (et bien plus riche), avec Jacki Kerin, John Jarratt et Robert Ratti modéré par Mark Hartley. Riche en détails (la pyramide de fourchettes dans le bar avec l'enfant... qui se répond en écho avec celle en sucre à la fin. On y apprend qu'une cascade à été coupée au montage - à savoir le corps de la tante chutant du camion John Jarratt jouant à moitié ivre dans sa première scène. Ou Williams écoutant Vangelis / CHARRIOTS OF FIRE avec son Walkman (Vangelis qui devait faire la musique initialement) pour s'inspirer concernant le rôle de Linda, l'influence du directeur photo... Hartley sait faire rebondir chacun au bon moment pour relancer les échanges. D'abord sur la manière dont ils ont été approchés pour le film à compter de la 10e minute. Peu de vide, chacun partageant souvenirs de tournage au moment des images a l'écran. Si bien que la conversation s'éloigne graduellement des images qui défilent. Pour mieux y revenir par la suite. Dommage que Jarratt ait tendance à occuper l'espace sonore trop pour lui, coupant la parole à plusieurs reprises à Jacki Kerin, et ce pour accaparer la parole jusqu'à la dernière seconde, entre deux blagues vaseuses.
En complément, certaines scènes coupées du film dont Williams indique qu'elles ont été perdues ou détruites. Il ne subsiste que des photos du tournage, ou du film même. Elles concernent principalement la fuite de Linda de la maison, et sa bataille avec Rita , qui s'avérait beaucoup plus longue et complexe qu'un simple coup de peigne dans l'oeil - avec une fin plus gore que celle que nous connaissons. Ceci avec des explications écrites à l'écran, liant les scènes en question.
Pour compléter la connaissance minimale que chacun possède sur Tony Williams, Umbrella a la brillante idée de mettre sur la galette deux moyens métrages antérieurs du réalisateur (environ 30mn chacun). Entre documentaire et fiction sur la parole donnée à des enfants néozélandais Dolby Digital et 1.37:1 noir et blanc) : THE DAY WE LANDED ON THE MOST PERFECT PLANET IN THE UNIVERSE, qui dénote déjà un sens du bizarre, avec le scénariste Michael Heath dans le rôle principal. Puis GETTING TOGETHER, tous deux produits pour la télévision kiwi en 1972, faisant partie d'une série éducative nommée SURVEY.
Un retour sur les lieux de tournage de la maison de Montclare (qui se nomme en fait Illawara House, à Toorak) propose la mise en parallèle des images et plans du film tournés en extérieur / intérieur de la maison et l'existant actuel... qui n'a pas beaucoup changé. Mais également la ville de Trentham (Victoria) qui a abrité les scènes extérieures de la ville, y compris le cimetière local - oui, la voiture abandonnée vue au début du film dans la forêt y est toujours! Et le tout avec la musique de Klaus Schulze en fond sonore... le tout tourné et produit par Jamie Blanks (URBAN LEGEND, MORTELLE ST VALENTIN).
Enfin, en plus de 3 films annonces, on peut retrouver les images du tournage des scènes de danse de salon vues à la fin du film, le générique allemand alternatif.... qui n'apporte rien, hormis un surtexte en teuton. Et un diaporama complet de 92 photos d'exploitation, images de VHS (dont les éditions françaises) et de passionnantes photos de tournage. Bref, une édition complète permettant un tour d'horizon non seulement sur un film à la HD agréable et aux suppléments riches et diversifiés. Recommandé pour les anglophones, en attendant qu'une édition française pointe un jour le bout de son nez.