Dans les rues d'Amsterdam, y'a pas que les marins qui chantent. Ou qui rugissent. Donc, après LES DENTS DE LA MER, voici les dents des rues d'Amsterdam, avec une nature sauvage qui se met à attaquer l'homme sans raison. Inclus les scientifique (Sophie Van Winden), flic et chasseur (Mark Frost) engagé pour exterminer le bestiau : un lion mangeur d'hommes
Assez triste de constater, le long de la filmographie de Dick Maas, que ses proies ne se sont pas améliorées/pas renouvelées avec le temps. Plus gros échec du réalisateur d'AMSTERDAMNED, L'ASCENCEUR ou du récent SAINT, il n'a attiré qu'à peine 30.000 spectateurs (soit de maigre 230.000? de recettes) lors de sa sortie nationale - ce qui a eu aussi pour effet de couper sa carrière internationale. A titre de comparaison, SAINT avait rassemblé 100.000 entrées dès sa première semaine. Ceci expliquant l'arrivée tardive, soit deux ans après, sur le territoire français. D'abord via au festival de Gérardmer sous le titre PREY, puis chez Rimini qui sort le film en Blu Ray sous le titre opportuniste (et juste, malgré tout) de PREDATEUR - ne mentionnant même pas son passage au festival précité dans son accroche publicitaire.
Soit le point de départ des OISEAUX d'Hitchock, à savoir des animaux se retournant contre l'homme apparemment sans motivation, puis le principe des DENTS DE LA MER qui reprenait (recopiait ?) l'argument du film de Hitch, Dick Maas prend sa plume et en reprend le canevas. En effet, le lion lâché en pleine jungle urbaine de la capitale des Pays Bas attaque l'homme à l'aveugle. D'où vient-il, on ne le saura pas - d'ailleurs, peu importe. Le compositeur/producteur/scénariste/réalisateur ne s'embarrasse pas non plus de créativité en s'auto-pillant. PREDATEUR adhérant peu ou prou à la structure pré-existante d'AMSTERDAMNED ou de SAINT avec dans chaque cas un élément perturbateur qui tue à travers Amsterdam, avec la police à ses trousses' et ses débordement sanguinolents mâtinés d'humour épais. Il se s'arrête d'ailleurs pas en repiquant au passage des éléments à WOLFEN (milieu urbain vs animaux sauvages en vadrouille) jusqu'à copier le point de vue du lion qui chasse avec des couleurs différentes pour les plans en caméra subjective de la vision léonine. Hommage ? Emprunt ? Plagiat ? Un peu des trois à la fois, probablement.
Maas rigole cependant à gore déployé. On y décompte une belle orgie de cadavres, décapitations et membres arrachés à gogo avec même un découpage de tibia à la scie en gros plan. Et à l'ancienne, sans affreux effets numériques. Bref, on adore ces moments là. Par contre côté lion, des effets numériques à 95% et pas toujours des plus réussis - hélas. Le film passera difficilement le test des années, ne recourant à des effets mécaniques que lors de très rares plans, mais idéalement fugitifs et adroitement montés. Il n'y a pas péril en la demeure, certains moments restant efficaces comme l'attaque dans le tramway. D'autres font un peu pitié, comme la scène d'action finale avec le train qui tient plus de l'actionner américain avec un budget bien réduit. Et le zigouigoui électronique très 80´s n'aide pas à la crédibilité de l'ensemble. Dick Maas doit savoir déléguer !
La satire politico-policière a la main lourde, Maas étant incapable de filmer autre chose que des caricatures : des premiers victimes au chasseur assez grotesque, difficile d'avoir une quelconque peur. Qu'il s'agisse de racistes crétins nationalistes (bon, certes les trois mots s'accordent bien), du livreur maghrébin de ration (évidemment) de mouton... Maas de grossir le trait à chaque fois. Avec le sang qui tache couplé à l'humour gras, il y a comme un trait de famille - on dirait presque que sa marque de fabrique d'humour de sa saga FLODDERS (LES GRAVOS chez nous) lui a laissé des traces (in)dé(lé)biles.
Quelques éléments intéressants (et surprenants) le chasseur est handicapé moteur, avec un fauteuil roulant aux roues chenilles tous-terrains - tout comme le fait de posséder une héroïne indépendant, forte en caractère. Sophie Van Winden apparait très largement crédible et porte le film sur ses épaules avec conviction.
Le lion ne possède en outre pas de préjugés : il dévore tout le monde, d'enfants croqués à pleines dents devant la caméra jusqu'aux personnes âgées. Avec grosso modo une bonne raison : des enfants qui n'auraient pas du sortir, des hommes d'affaire qui ne s'entendent pas, un voyou qui sort avec une jeune fille dont le père se méfie, des chasseurs de safari de pacotille... heureusement qu'il y a la scène du tramway et des victimes innocentes, on aurait cru un moment que le lion était un tueur à visée morale!
PREDATEUR possède en outre une belle facture technique. Format Scope utilisé de manière ingénieuse, une superbe photo nocturne avec des cadavres parfois fantomatiques et un sentiment d'étouffement dans les moments du parc. Maas pousse le bouchon toujours plus loin, dommage que ça ne se fasse pas plus dans la finesse. Sa caméra-bulldozer, de pipes simulées en membres déchiquetés, ne rencontre que peu de résistance. au gré d'un scénario partant en lambeaux de logique.
Des moment surréalistes avec le lion dans un tramway (comment est il entre sans que personne ne le voie ? Mystère total) qui dévore les passagers jusqu'à faire dérailler le tramway qui fonce dans un immeuble. Belle scène, inattendue, mais qui manque cruellement de construction. Le climax passe à côté d'un grand moment spectaculaire. Un peu à l'image du film qui décolle rarement de ses fondements de série B gonflée aux stéroïdes.
PREDATEUR reste malgré tout très sympa à suivre, dans le genre actionner horrifique, si l'on est pas très exigeant. Il faudrait franchement faire la fine bouche pour ne pas apprécier le carnage animalier - la fin ouverte semblant laisser l'espoir d'une suite qui ne verra jamais le jour. On reste à quelques coudées en dessous de SAINT, pour donner une idée. Mais même avec un canevas griffé jusqu'à l'os et usé jusqu'au tendon bien à vif, Maas possède un savoir faire qui aide à faire passer les stéréotypes les plus éculés qui parsèment le long métrage. Il faudrait par contre songer à changer de formule, qui devient par trop visible.
Rimini Editions propose au marché français un Blu Ray 50 pour un film au format 2.35:1 et d'une durée complète de 103mn22 en enlevant les quelques secondes post générique indiquant les doubleurs pour la version française - particulièrement affreuse et ressemblant à une quelconque série TV. Un menu animé de facture plutôt sympa offre les accès aux choix de langues, des chapitres (toujours un bon point) et le film annonce. Par contre, pas de pop up menu à attendre, une interactivité à minima. L'image apparait généralement soignée, avec de jolis détails et des couleurs bien senties. A noter toutefois que la durée du Blu Ray néerlandais étant de 107mn40.
Il demeure incompréhensible qu'en 2018 un éditeur puisse sortir un Blu Ray et proposer des pistes sonores compressées' et qui plus est dans un mixage 2.0! C'est bien le cas ici avec les deux versions néerlandaise et française en Dolby Digital 2.0, avec sous-titres français optionnels. D'autant plus frustrant que le film a été mixé à l'origine en Dolby Atmos. Un expérience sonore pauvre, à peine servicielle. Inacceptable d'offrir du son à peine digne d'un DVD sur un tel format. A noter que l'édition de chez Dutch FilmWorks contenait une piste en VO DTS HD MA 5.1 avec ses sous-titres anglais.
Après la jungle urbaine du film, le désert numérique. Un pauvre film annonce cinéma doublé en français. Alors que l'édition batave sortie le 24 février 2017 contenait pas moins de trois suppléments sur les effets spéciaux et les cascades du film. Notamment sur le making of, avec Dick Maas expliquant comment le lion a été élaboré, qu'il s'agisse d'effets numériques, d'effets mécaniques et' d'un homme dans un costume de lion. Très décevant, d'autant que le matériel existe.