Header Critique : CRUCIBLE OF THE VAMPIRE

Critique du film
CRUCIBLE OF THE VAMPIRE 2017

 

Isabelle (Katie Goldfinch), une jeune assistante conservatrice d'un musée, se rend dans un château afin d'y effectuer une expertise. Le châtelain Karl (Larry Rew) y a en effet découvert la moitié d'un ancien chaudron qu'il pense être de valeur. Et le musée possède l'autre moitié. La jeune femme s'installe pour ses travaux et rencontre une famille plus que mystérieuse. Dont la fille, Scarlett (Florence Cady) qui semble prendre un intérêt particulier dans cette affaire.

Vampirisme, nécromancie, malédictions ? on revient en terrain connu avec cette nouvelle production britannique qui essaye de revenir sur les pas prestigieux de la Hammer, la Tigon ? toutefois, on va pas aller par quatre chemins. CRUCIBLE OF THE VAMPIRE est tout bonnement affreux. Dès la séquence d'ouverture se passant en 1647, avec un Inquisiteur (coucou Matthew Hopkins) visant ce qu'il suspecte être un sorcier. Filmé en extérieur, on sent un sens assez cheap de l'ensemble. Malgré les costumes et le scope, quelque chose ne tourne pas rond dans la manière de décrire et filmer l'ensemble. Ce qui oscille entre quelque chose d'amateur mais qui tente d'élever le propos. Comme si Eurociné s'était emparé de l'affaire.

Techniquement, on assiste à quelque chose de curieux. Comme une lumière surexposée en quasi permanence. Volonté des auteurs ? Copie mal étalonnée ? Mystère. Comme un halo glabre davidhamiltonien qui parsème le long métrage. Mais pourtant, le cadre est propre, on sent le soin apporté à l'ensemble.

Le scénario tente de créer un vague suspense sur le secret qui couve la famille qu'on sent bien à côté de la plaque. Le châtelain obséquieux (un Larry Rew qui force le trait à pleines vapeurs), sa femme Evelyn (Babette Barat) qui ne semble pas avoir la lumière à tous les étages, leur fille à la peau blanchâtre, danseuse et qui au passage vient piquer la petite culotte de l'héroïne pour bien la renifler. Classe. Et bien sûr, le jardinier (Neil Morrissey) qui semble être le seul humain équilibré aux alentours. Neil Morrissey, très loin de son I BOUGHT A VAMPIRE MORTORCYCLE, apparait sacrifié sur l'autel des informations à pourvoir. Servant surtout de bouche-trou scénaristique.

Scarlet, qui n'est pas aux haras malgré le fait de monter à cheval, inspire des relents de SUSPIRIA : elle y danse, éthérée, dans une salle vide. On y parle de vieille sorcière qui aurait besoin de sang frais. Et comme elle possède une peau blanche, elle va sortir les crocs assez vite envers la très naïve héroïne, qui, en bonne croyante, est bien sûr restée vierge - même qu'elle en parle au détour d'une vodka à la tenancière du pub local. Ça tombe bien! Le thème du village complice a été resservi une bonne dizaine de fois, avec en plus ici le démarquage de THE WICKER MAN ? En fait, le film mange à pas mal de râteliers. Ce qui ne représente pas quelque chose de répréhensible en soi. Mais la mise en images demeure terriblement en dessous de tous ses illustres modèles, tout comme l'agencement des différents emprunts, terriblement maladroit.

Petite culotte, odeur de David Hamilton' et si les deux jeunes femmes finissaient dans le même lit' Bingo. Comme on parle de vampire féminin, autant aller droit dans la fascination lesbienne dans une scène de lit totalement gratuite, très soft et parfaitement ridicule. L'ombre de Sheridan Le Fanu et, fatalement, Carmilla, se fait petite mais bon sang que l'exécution reste fade, tout comme l'excitation aussi forte comme suite à la vision en boucle de toute l'oeuvre Manoel de Oliveira doublé en moldave.

Le dernier quart du film se lance tête baissée alors dans une course contre la montre à l'efficacité. Un peu comme si l'ensemble du budget réservé aux effets spéciaux avait été collé spécialement là. Il faut avouer que certains y font très bonne figure. Du numérique à quasiment 100%, mais un corps enflammé réussi entre autres éléments. Malheureusement, cela reste noyé dans un déluge d'incohérences, de personnages faisant surface au moment opportun, d'interminables scènes de couloirs où l'héroïne se voit poursuivie d'abord par la fille vampire puis ensuite par la créature morte-vivante à qui était destinée la séance de chaudron. Ça court, ça saute partout comme dans un film de Claudio Fragasso. Voir la vieille sorcière bondissant hors de sa baignoire (oui, elle dort dans une baignoire) et sauter jambes devant sur le pauvre jardinier en plein jardin. Un grand moment de nawak. Donc à partir de là, deux possibilités. L'effondrement par le ridicule ou la sortie par le haut comme pour tout produit qui vire au Z sans la volonté première de leurs auteurs. A savoir en rire plutôt qu'autre chose.

Au final, on se sent un peu désolés lorsqu'arrive le générique de fin - pour ceux qui arriveront jusque là. Car on ne comprend pas bien à qui peut s'adresser le produit et comment il pourra être exploité. probablement en atterrissant dans une quelconque plate-forme de streaming à la recherche de programmes fantastiques. Mais rien de plus. Il n'y aura que les amateurs de complétude sur les vampires au cinéma qui trouveront une vague satisfaction à la connaissance de l'existence de cette oeuvre. Qui va, hélas, atterrir directement dans le charnier des films inconnus à tout jamais.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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