Suite à une mauvaise blague, l'homme à tout faire d'un camp de vacances est très grièvement brûlé dans un incendie ! Contre toute attente, il survit malgré d'horribles blessures et, à sa sortie de l'hôpital quelques années plus tard, il décide de se venger des gamins en retournant aux abords de la colonie de vacances...
Au milieu des années 70, les frères Weinstein, Bob et Harvey, organisent des concerts à Buffalo aux Etats-Unis. Mais ils opèrent un virage professionnel en passant de l'univers de la musique à celui du cinéma ! En bons gestionnaires, les deux frères ont l'idée de mettre rapidement en chantier un film qui va s'insérer dans le sillage d'un genre cinématographique à la mode, le Slasher. THE BURNING, qui deviendra en France CARNAGE, met en scène un tueur fantômatique qui élimine de manière violente les résidents d'une colonie de vacances. Ce sujet, c'est aussi celui de VENDREDI 13 qui vient tout juste de créer la surprise un peu partout dans le monde en remplissant les salles d'adolescents et jeunes adultes en mal de sensations fortes. Malgré son manque d'originalité, CARNAGE va s'imposer rapidement comme l'un des meilleurs représentants du genre ! Et cela s'explique aisément grâce aux effets spéciaux de Tom Savini qui était justement le maître d'œuvre des meurtres sanglants de VENDREDI 13. Mais le film est aussi l'œuvre du britannique Tony Maylam à la réalisation et de Jack Sholder au montage, les deux devant composer, comme Tom Savini, avec les restrictions budgétaires imposées par les frères Weinstein. Car ne nous y trompons pas, le cinéma, particulièrement dans le domaine de l'horreur, reste avant tout une entreprise commerciale ! A ce niveau, CARNAGE est une belle réussite sachant allier l'opportunisme et le savoir-faire d'artisans généreux du cinéma ! Encore aujourd'hui, le film fonctionne et parle directement à une frange bien ciblée de spectateurs. Les relations entre les personnages de la colonie de vacances assurent des blagues potaches, des réflexions salaces et quelques scènes dénudées. De quoi meubler en attendant d'impressionnantes et horribles scènes, survenant parfois de manière très inattendue, comme ce moment de bravoure où plusieurs adolescents se retrouvent à la merci d'un tueur qui n'a aucune pitié ! Pur film d'exploitation, CARNAGE n'aura pas la chance d'aller sur la croisette pour obtenir la consécration du Festival de Cannes. Ça, les frères Weinstein ne l'obtiendront que plus tard avec PULP FICTION ! CARNAGE, lui, n'a eu que les honneurs du public, ce qui est le plus important finalement, tout en étant le point de départ de la carrière de deux producteurs qui vont marquer le paysage Hollywoodien.
En DVD, le film de Tony Maylam était resté inédit en France jusqu'à aujourd'hui. Plutôt curieux compte tenu de la réputation du film ! Après un DVD anglais très censuré, en 2001, Dragon sortait son disque en Allemagne mais il était très loin d'apporter satisfaction en raison d'une qualité approximative. Sept ans plus tard, en 2008, MGM proposait enfin un DVD digne de ce nom, mais seulement aux Etats-Unis, avec un nouveau transfert de l'image et de nombreux suppléments. Le passage à la haute définition a suscité l'arrivée du film en Blu-ray en 2013, toujours chez les Américains.
Trois ans plus tard, un éditeur français se penche enfin sur le cas de CARNAGE. Rimini Editions a la bonne idée de sortir le film en Blu-ray et DVD dans une même boîte. L'écrin des deux disques est un joli digipack au visuel agressif, bien dans le ton du film. A l'intérieur, on trouve aussi un petit livret retraçant la genèse de CARNAGE. L'éditeur propose une partie des suppléments du Blu-ray américain mais opte pour un choix peu pertinent ! En effet, les deux disques français ne reprennent pas les commentaires audio et plus particulièrement celui où Tony Maylam, le réalisateur, s'exprime sur le film. On ne retrouve pas non plus le documentaire entièrement consacré aux effets de maquillage de Tom Savini, pourtant l'attraction phare du film ! Il faudra donc se contenter des suppléments les plus faibles de l'édition américaine. Bien que sympathique en soi, le moins intéressant, c'est une interview de Lou David qui interprète le tueur du film. Il confirme d'ailleurs ce que l'on savait déjà, à savoir que le comédien n'apparaît que dans peu de scènes et que le plus souvent il est remplacé par une doublure. Cette interview d'un peu plus de dix minutes contient quelques infos sur le film mais est surtout anecdotique. Il en va un peu de même de «Cauchemar au camp de vacances» où l'actrice Leah Ayres nous livre ses souvenirs durant six minutes. Bien plus captivant, «Slash & Cut» est une interview de Jack Sholder où le réalisateur nous parle de ses débuts en tant que monteur, son travail avec Tom Savini pour magnifier les effets de maquillage ou encore de ses relations avec les frères Weinstein. Dans cette interview, on peut aussi voir brièvement des images d'archives de Tom Savini sur le tournage de CARNAGE. Frustrant puisqu'il s'agit d'un minuscule extrait de tout ce que l'on peut trouver sur le Blu-ray américain. On notera des fautes de français dans les sous-titrages des suppléments. Rien qui empêche la compréhension mais cela fait un peu tache dans cette édition qui s'annonçait, de l'extérieur, comme un bel objet ! Enfin, on peut trouver la bande-annonce originale de CARNAGE, évidemment sous le titre THE BURNING, de façon à compléter le contenu additionnel du film.
Faut-il bouder cette édition française de CARNAGE ? En fait, non ! Car, passé la déception des suppléments, il est bon de rappeler que seul le Blu-ray français présente le film avec un transfert 1080p/24 en version originale sous-titrée et avec son doublage français. Voilà qui devrait convaincre les spectateurs réfractaires à l'import et au manque de supports francophones. Et le résultat est très réussi ! Le transfert de l'image en haute définition est une petite merveille et permet de retrouver CARNAGE comme au premier jour avec une patine cinématographique très agréable. En ce qui concerne les pistes sonores, l'éditeur se montre respectueux et ne tente pas les remix multi-canaux. Les deux pistes audio sont donc présentées en mono d'origine et en DTS HD Master Audio en ce qui concerne leur encodage ! A moins de préférer un Blu-ray plus fourni en suppléments mais sans aucune option française, cette édition de CARNAGE s'avère, au final, très satisfaisante !