George Hacker fait des fouilles en Egypte et, suite à la découverte d'un tombeau jusque-là inviolé, perd la vue. Dans le même temps, sa fille achète un médaillon à une vieille femme. Lorsque toute la famille retourne aux Etats-Unis, de curieux événements ne tardent pas à se produire...
Même s'il a déjà réalisé pas mal de films dont plusieurs gialli, Lucio Fulci va débuter une période faste dans le domaine de l'horreur à partir de L'ENFER DES ZOMBIES. Il va ainsi aligner plusieurs classiques du genre avec FRAYEURS, L'AU-DELA, LA MAISON PRES DU CIMETIERE et L'EVENTREUR DE NEW YORK. Mais cette période va prendre fin avec ce dernier film. Entre ses problèmes de santé et le déclin progressif de l'industrie cinématographique italienne, Lucio Fulci ne tournera plus que des films anecdotiques plus ou moins réussis. Juste après L'ENFER DES ZOMBIES, une partie de l'équipe de L'ENFER DES ZOMBIES et de L'AU-DELA est réunie pour MANHATTAN BABY. Fabrizio De Angelis produit le film, Fabio Frizzi compose la musique et Dardano Sacchetti s'occupe de la rédaction du scénario avec sa compagne Elisa Briganti. Sur le papier, il a donc tout pour être une nouvelle réussite du cinéma horrifique. Il n'en est rien puisque MANHATTAN BABY va, au contraire, être le premier film qui annonce la chute de Lucio Fulci.
MANHATTAN BABY n'est clairement pas à la hauteur des meilleurs films de Lucio Fulci et n'est pas ce qu'il aurait dû être à l'origine. Lucio Fulci se retrouve sur ce projet pour honorer le contrat qui le lie avec Fabrizio De Angelis. De son côté, Dardano Sacchetti souhaite s'écarter de l'horreur brutale de ses films précédents et préfère s'orienter vers le surnaturel. Il adopte tout de même la construction surréaliste de L'AU-DELA. Une fois l'idée principale mise en place, divers événements étranges surviennent, parfois de façon gratuite ou peu cohérente. Cela fonctionnait dans L'AU-DELA car le film imposait une ambiance morbide particulièrement réussie en alignant des séquences fortes et spectaculaires. Malheureusement, MANHATTAN BABY est souvent aride en matière d'effets spéciaux ce qui atténue l'impact des passages censés être terrifiants. Cela s'explique par la décision du producteur Fabrizio De Angelis de réduire d'un tiers le budget initial en cours de tournage. Cela mène directement à plusieurs réécritures et à la suppression de séquences d'effets spéciaux. A l'arrivée, le film souffre grandement de cette coupe budgétaire ! MANHATTAN BABY ayant perdu les moyens de ses ambitions, les scènes gratuites ou étranges passent plus difficilement. On ne peut que se demander quel est le lien entre le médaillon, la malédiction du tombeau et la cécité du personnage principal... De même, les emprunts à d'autres films, une habitude du cinéma Bis, paraissent ici des plus grossiers. Invoquant, entre autres, LA MALEDICTION DE LA VALLEE DES ROIS et POLTERGEIST, le film de Lucio Fulci fait pâle figure ! On reconnaît tout de même la patte du cinéaste italien avec, par exemple, cette fascination pour les yeux ou bien sa façon d'imposer des ambiances étranges et macabres. Par certains côtés, on peut même dire que Lucio Fulci anticipe les délires optiques et colorés du Michael Man de LA FORTERESSE NOIRE. Quoi qu'il en soit, MANHATTAN BABY est un film mineur dont les quelques qualités ont bien du mal à éclipser les défauts.
Presque dix ans après la sortie d'un DVD de MANHATTAN BABY, Blue Underground revient sur le film de Lucio Fulci dans une édition largement améliorée. Dans la même boîte, on trouve trois disques : un DVD, un Blu-ray et un CD-Audio. Ce dernier donne l'occasion d'écouter la bande originale de Fabio Frizzi, un vrai cadeau pour les mélomanes de 33 minutes pour douze pistes ! Les deux autres disques présentent exactement le même contenu, à savoir le film et les suppléments. Evidemment, le Blu-ray offre la haute définition pour l'image et le son. Passé le générique un peu inquiétant en terme de netteté, le Blu-ray affiche un très joli transfert 1080p/24. Comme souvent chez l'éditeur, cela respecte pleinement un rendu cinématographique et cela s'avère vraiment appréciable. Il en va de même en ce qui concerne la partie sonore. Il est possible de choisir entre deux pistes DTS HD Master Audio. La première est un mixage 5.1 qui donne un peu de profondeur mais tout en restant sobre. La seconde s'adresse aux puristes puisqu'elle présente le mixage mono d'origine. Toutefois, on peut regretter que l'éditeur ne propose pas la piste originale italienne ! Un défaut qui sera peut-être oublié par la présence de sous-titrages en anglais, espagnols mais aussi français sur cette édition américaine ! Des sous-titres qui sont parfois un peu curieux, laissant à penser que la personne qui opère la traduction n'est pas française de souche. Cela reste en tout cas bien appréciable ! A noter que sur le DVD, on trouve les mêmes pistes audio mais codées en Dolby Digital.
En complément, Blue Underground reprend l'interview de Dardano Sacchetti ainsi que la bande-annonce qui se trouvaient sur leur édition DVD précédente. L'interview semble un peu courte avec ses huit minutes mais donne le point de vue du scénariste sur la création du film. Les autres suppléments sont inédits. L'éditeur est allé interviewer l'un des comédiens, Cosimo Cinieri, qui parle de sa participation au film. Ce n'est pas vraiment l'intervention la plus intéressante. C'est déjà bien plus le cas de «25 Years with Fulci» où, durant plus de dix minutes, le maquilleur Maurizio Trani se souvient de sa longue collaboration avec le réalisateur italien. Ces interviews ont été réalisées dans la langue des intervenants, en italien, et elles sont donc sous-titrées en anglais. Pas de sous-titre, par contre, en ce qui concerne les treize minutes en langue anglaise où Stephen Thrower, auteur d'un livre de référence sur Lucio Fulci, parlent de MANHATTAN BABY.
Ce film de Lucio Fulci n'est assurément pas son meilleur film et pourtant cette nouvelle édition vidéo a de quoi séduire ceux qui apprécient la musique de film. Il y a le CD-Audio déjà évoqué mais aussi une prestation live de Fabio Frizzi, en studio avec ses musiciens, qui jouent devant la caméra neuf minutes du film. Mais le plus passionnant, c'est une interview de près d'une heure où le compositeur revient sur ses débuts en tant que musicien. Franco Bixio, avec qui Fabio Frizzi a fait ses premiers pas dans la musique de film, nous fait aussi partager quelques-uns de ses souvenirs. Ensuite, Fabio Frizzi aborde point par point chacune de ses collaborations avec Lucio Fulci de QUATRE DE L'APOCALYPSE jusqu'à CAT IN THE BRAIN. Excellent !
Pour clore les suppléments, l'éditeur a rassemblé une belle collection d'affiches et photos de MANHATTAN BABY. Et, en plus des trois disques, le boîtier comprend aussi un livret où l'on trouve un texte adapté par Troy Howarth d'après son propre livre consacré à Lucio Fulci. Il y aborde la carrière du réalisateur italien ainsi que MANHATTAN BABY. Enfin, il est à noter que l'on peut retourner la jaquette pour adopter un visuel différent qui reprend une affiche américaine du film sous le titre EYE OF THE EVIL DEAD !
