Une escouade de Marines de l'espace est envoyée pour chasser un alien qui cause de nombreux dégâts aux stations orbitales du coin. Sans surprise, il s'agit en réalité d'un Leprechaun qui vient justement de kidnapper une princesse extra-terrestre. L'ambitieux lutin souhaite l'épouser pour ainsi devenir Roi, passer une nuit d'extase et dominer l'univers. Le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière en somme ! Mais les choses ne se passent pas comme prévu, les Marines explosent le Leprechaun et emmènent la princesse. La créature irlandaise n'a dès lors plus qu'une solution : s'infiltrer dans le corps d'un soldat et renaître pour mieux semer le chaos...
Les long-métrages mettant en scène le Leprechaun ne sortent plus dans les salles mais le troisième opus a connu un énorme succès en vidéo. Il était donc logique qu'un nouveau volet voit le jour et continue de presser le concept davantage encore. Nous sommes en 1996 et Pinhead vient de s'envoler dans l'espace à l'occasion de HELLRAISER : BLOOLINE. A défaut de convaincre, ce quatrième HELLRAISER aura au moins eu le mérite de démontrer qu'on peut se permettre pas mal de choses avec les sagas horrifiques ! Pourtant, le véritable élément déclencheur de LEPRECHAUN 4 : IN SPACE ne sera pas le cénobite clouté mais APOLLO 13. En effet, l'un des producteurs de chez Trimark Pictures tombe sur une affiche du film de Ron Howard et a l'idée plutôt cocasse de remplacer la tête de Tom Hanks par celle du lutin irlandais. Aujourd'hui, les gens de goût s'amusent de la photo d'un chat qui louche sur Facebook mais, à l'époque, ce montage artisanal provoque l'hilarité chez ses amis dirigeants. En fait, c'est tellement drôle que tout le monde s'accorde à ouvrir le portefeuille de la société et lâcher 1,6 millions de dollars pour filmer un Leprechaun dans l'espace. Essayez donc de faire la même chose avec la photo d'un chat qui louche !
Après Las Vegas, le Leprechaun nouveau part donc dans les étoiles. Et si APOLLO 13 est le déclencheur, c'est plutôt du côté d'ALIENS : LE RETOUR qu'il faudra plutôt chercher l'inspiration. Des Marines, des biceps en sueur, de la testostérone par litres et une créature tapie dans l'ombre. Tout y est ! Mais le scénariste Dennis Pratt a plus d'ambitions encore et nous ajoute un sabre-laser, une mutation évoquant LA MOUCHE et une séquence parodique de ALIEN. En lieu et place d'un Chestbuster sortant d'une cage thoracique, nous aurons donc un Leprechaun jaillissant d'un bas-ventre ! Les clins d'œil vont bon train dans LEPRECHAUN IN SPACE et soyons honnêtes, cela fonctionne plutôt bien. Les idées fusent et plus elles sont délirantes, plus elles apportent au charme du métrage. Si Brian Trenchard-Smith met un vieux colt dans les mains de sa créature, ce n'est que pour le faire parler comme John Wayne, et s'il a besoin d'une princesse, c'est pour mieux filmer sa version d'une Leïa prisonnière !
Plus que jamais dans la saga, nous avançons en pleine pantalonnade avec des personnages tournés en dérision, des clichés aussi crétins qu'assumés et des dialogues souvent mémorables. A ce sujet, nous noterons que nous tenons là l'unique film de la série dans lequel le bottier diabolique ne s'exprime pas en vers. Peut-être est-ce du au fait que dans sa première moitié, LEPRECHAUN IN SPACE nous dévoile une créature très / trop verbeuse. Le Leprechaun se perd dans de longs monologues afin sans doute de palier son peu de présence à l'écran. Un constat qui ne durera cependant qu'un temps car une fois les différents personnages introduits et enjeux correctement plantés, notre lutin préféré œuvrera avec une maestria que l'on ne pourra que saluer !
LEPRECHAUN A LAS VEGAS était généreux et assez créatif dans ses effets ou ses mises à mort. LEPRECHAUN DESTINATION COSMOS l'est davantage encore. Avec son budget, il peut se le permettre... mais pas tout le temps ! L'aventure débute ainsi sobrement, avec quelques décors assez pauvres et peu crédibles. Puis les choses s'arrangent avec le temps et les ambitions vont grandissantes. Les effets se multiplient, quelques créatures s'affichent rapidement puis le «Bad-Guy» de l'équipage entre en scène. Mi-homme, mi-machine, le personnage va plus tard muter en quelque chose de beaucoup plus sympathique, fleurant bon le latex et le travail à l'ancienne. Le film se hasarde même à quelques effets numériques ! Bien évidemment, rien de bluffant mais rien de déshonorant non plus si l'on compare avec ce que certains Direct-to-Video nous imposent encore vingt ans plus tard...
Au final, Brian Trenchard-Smith semble ici plus à l'aise qu'il ne l'était sur le précédent volet. Son récit est fluide et bien que les idées délirantes s'enchaînent, on garde un fil conducteur qui faisait défaut à LEPRECHAUN A LAS VEGAS. Curieusement, ce quatrième opus ne rencontrera pas forcément son public lors de sa sortie en 1997. Sans doute l'humour est-il poussé trop loin, au détriment de l'horreur. Peut-être que le déclin de la vidéo est également à mettre en cause... Quoiqu'il en soit, LEPRECHAUN 4 : IN SPACE décevra en termes de recettes et forcera la saga au silence durant trois années.
Sorti en France en DVD dans une copie désastreuse, le quatrième film est chroniqué dans ces lignes via le coffret Blu-ray américain Lions Gate. La copie est proposée dans un ratio 1.77 superbe, aux couleurs vives et aux contrastes parfaits. Les défauts sont rares, ce qui pour un produit de ce type mérite d'être salué. Sur le plan sonore, vous n'aurez guère le choix. Seule la piste originale anglaise vous sera proposée via un DTS-HD Master Audio 2.0 de qualité. Vous pourrez ainsi profiter à loisir du bruitage asthmatique des portes, repris directement du jeu «Doom» ! Pour les spectateurs à l'anglais perfectible, un sous-titrage anglais pour mal-entendant vous sera offert, de même qu'un sous-titrage en espagnol.
La section des bonus propose une nouvelle fois un commentaire audio donnant la parole au réalisateur. Comme ce fut le cas pour le film précédent, le bonhomme peine à meubler sur la durée, mais se montre tout de même très généreux en anecdotes. Il faut dire que le film s'y prête particulièrement et que les clins d'œil, par forcément évidents, se multiplient. Au final, l'écoute n'ennuie pas et nous tenons là l'un des meilleurs commentaire de la saga ! A côté de cela, nous trouverons un documentaire d'époque revenant durant dix minutes sur les réalisations de latex, ou animatroniques. La visite est passionnante et montre à quel point un film, aussi modeste soit-il, peut se montrer artistiquement exigeant. Nous trouverons également sur le disque les désormais traditionnelles bande-annonce et galerie photo.
Mais une nouvelle fois, le supplément le plus intéressant se trouve être le documentaire réalisé pour l'occasion. Durant plus de vingt minutes, les intervenants se succèdent, nombreux. Tous semblent regretter la maigre qualité des effets spéciaux numériques, oubliant au passage que d'autres, comme l'agrandissement du Leprechaun, sont plutôt réussis. Tim Colceri nous est présenté comme un clone futuriste du R. Lee Ermey dans FULL METAL JACKET. La chose saute aux yeux mais la comparaison entre Brent Jasmer et Sylvester Stallone se montre franchement plus osée ! Qu'importe, le document est intéressant et fait parfaitement ressortir les ambitions, simples mais louables, de l'équipe.