Header Critique : MALEDICTION DE LA MOMIE, LA (THE MUMMY'S CURSE)

Critique du film et du Blu-ray Zone B
LA MALEDICTION DE LA MOMIE 1944

THE MUMMY'S CURSE 

Vingt cinq années se sont écoulées après la disparition de la momie et de la princesse Ananka dans les marais. Des archéologues décident justement de faire des fouilles pour trouver la trace de cette momie alors qu'un chantier est en cours dans les marais pour les assainir. D'étranges événements ne tardent pas à se produire...

Alors que les grands classiques de la Universal ont tous été produits durant les années 30, la décennie suivante est la période la plus productive dans le domaine du cinéma fantastique au sein du studio. L'ambition ainsi que les budgets sont largement revus à la baisse, la plupart des films du genre s'apparentent ainsi plus à des séries B produites à la chaîne plutôt qu'à des oeuvres cinématographiques marquantes. 1944 est ainsi l'année la plus active. Plus d'une douzaine de films, dont deux dédiés à la momie, sortent sur les écrans américains. Avec cette frénésie de production, LE FANTOME DE LA MOMIE n'est pas encore sorti dans les salles que Universal annonce déjà la mise en chantier d'une nouvelle suite qui aurait dû s'intituler THE MUMMY'S RETURN. Finalement, le film démarre son tournage sous le titre définitif de THE MUMMY'S CURSE le 26 juillet 1944, soit une vingtaine de jours après les premières projections publiques du FANTOME DE LA MOMIE. Pour économiser, comme les films précédents, LA MALEDICTION DE LA MOMIE utilise des décors laissés par de plus prestigieuses productions. Ainsi, les reliquats des décors de LA TOUR DE LONDRES sont recyclés pour personnifier un monastère en ruine. Au bout d'une douzaine de jours, le tournage prend fin après avoir laissé de côté les scènes les plus complexes telles qu'elles étaient présentées dans le scénario original. Le producteur Ben Pivar, en bon gestionnaire, réduit ainsi les coûts et d'éventuels soucis en bouclant le film prématurément...

Après LA TOMBE DE LA MOMIE et LE FANTOME DE LA MOMIE, la série de films dédiée à Kharis, la momie, heurte un peu plus la logique. Il n'y a, cette fois, pas de changement de nom intempestif mais un changement de lieu qui pourra laisser perplexe. Alors que la momie avait sombré avec sa bien-aimée dans les marais de Mappleton, dans le Massachussets, elle refait surface à l'autre bout des Etats-Unis. En effet, elle s'extirpe des marais de la Louisiane ! Rien ne viendra expliquer comment il est possible de voyager sur plusieurs centaines de kilomètres sous la vase. Mais peu importe car il faut remettre dans son contexte ce film dont le seul but est de ramener la momie et lui donner quelques victimes en pâture. A ce propos, la chronologie des événements, depuis LA TOMBE DE LA MOMIE, est aussi assez spécieuse puisque l'action prend place à présent vingt cinq années après le film précédent. Cela nous place donc au milieu des années 90. Mais tout cela n'a pas de réelle importance !

Hormis la relocalisation de l'action, LA MALEDICTION DE LA MOMIE est une suite directe du FANTOME DE LA MOMIE. L'histoire ramène donc la momie mais aussi la princesse Ananka grâce à l'intervention d'un nouveau sbire de l'ordre d'Arkam. C'est une nouvelle fois l'occasion de narrer la genèse de la momie au travers d'images piochées dans LA MOMIE et LA MAIN DE LA MOMIE. C'est la troisième fois que Lon Chaney Jr. se retrouve sous les bandelettes de la momie. Le comédien détestait ce rôle en raison des longues heures de maquillage et des limitations de son personnage. De plus, depuis LA TOMBE DE LA MOMIE, le studio Universal crédite le comédien sous le nom de «Lon Chaney» ce qui ennuie fortement Lon Chaney Jr. puisque cela peut prêter à confusion avec son illustre paternel. Interprété par Ramsay Ames dans LE FANTOME DE LA MOMIE, la réincarnation de la princesse Ananka change de visage. De toutes façons, à la fin du film précédent, le personnage était affligé d'un vieillissement prématuré ce qui explique certainement cette métamorphose physique. C'est donc Virginia Christine qui incarne cette fois la princesse égyptienne et, elle aussi, à dû subir des séances de maquillage s'écoulant sur plus de cinq heures. Pas tous les jours comme Lon Chaney Jr. mais seulement pour la scène où le personnage revient à la vie. S'extirpant de la vase des marais, Ananka revient d'entre les morts dans une séquence étrange et à l'ambiance lugubre. Soyons francs, il s'agit de la meilleure et unique scène mémorable de LA MALEDICTION DE LA MOMIE. Curieusement, le placement de l'intrigue en Louisiane ramène le souvenir des films d'aventure de cette époque. Ici, les ouvriers d'un chantier d'assainissement des marais font preuve des mêmes superstitions et réticences que les porteurs et autres excavateurs de tombeaux. L'idée est plutôt bien vue mais n'est qu'à peine exploitée. Le reste du film est à l'avenant et a, au moins, le mérite d'éviter trop de scènes de remplissage comme les enquêtes sur les meurtres dans les deux films précédents. Néanmoins, les passages dans le cabaret cajun donne l'occasion de meubler avec une chanson en langue française. LA MALEDICTION DE LA MOMIE va droit au but et est plutôt linéaire au point qu'à l'issue du visionnage, il subsiste l'étrange sentiment de contempler un film inabouti et frustrant. La manière dont meurt la momie en est un bel exemple. Cette fois, plutôt que d'être directement confrontée à des aventuriers ou à une foule en furie, la momie s'en prend à ceux qui l'ont ramenée à la vie dans un dénouement bien peu spectaculaire.

LA MALEDICTION DE LA MOMIE est le dernier film mettant en scène Kharis chez Universal et ne clôture pas vraiment la saga de façon très satisfaisante. Cela n'empêche pas la momie de revenir quelques années après. Le lien avec Kharis reste ténu et le traitement sous la forme d'une comédie balourde ne permet pas réellement de lier DEUX NIGAUDS ET LA MOMIE avec l'histoire mise en place dans LA MAIN DE LA MOMIE. Lon Chaney Jr. ne reprendra d'ailleurs pas le flambeau pour cette comédie mais acceptera d'apparaître dans une production fauchée où il incarnera une momie devenant un loup-garou dans une parodie mexicaine, LA CASA DEL TERROR en 1959. La même année, Kharis retrouve de sa grandeur devant la caméra de Terence Fisher. Dans LA MALEDICTION DES PHARAONS, Christopher Lee interprète une momie tragique, toujours à la recherche de la réincarnation de son amour éternel. Cette production britannique fait des emprunts aux films de la Universal, la momie sombrant dans les marais pour mieux en ressortir fait ainsi directement référence à la fin du FANTOME DE LA MOMIE ou à LA MALEDICTION DE LA MOMIE.

Pour sa sortie en vidéo chez Elephant Films, LA MALEDICTION DE LA MOMIE a la chance d'être proposé en Blu-ray en plus d'une édition DVD. Cela nous donne donc l'occasion de redécouvrir le film dans un transfert en haute définition. Si l'image est stable et offre une belle retranscription du noir et blanc, ce n'est pas pour autant époustouflant. Nous sommes ici bien loin des restaurations impressionnantes de films de la même époque comme CASABLANCA de Michael Curtiz en Blu-ray. Une seule piste audio est proposée et il s'agit de la version originale avec sous-titrage en français. Codée sur deux canaux, il s'agit de la bande sonore en mono, sans esbroufe mais fidèle à l'oeuvre originale.

Comme pour les autres films mettant en scène Kharis, on trouve un supplément où Jean-Pierre Dionnet nous donne quelques éclaircissements sur la momie, ses origines et la série de films dont il est question ici. Pour en apprendre un peu plus sur le réalisateur, l'équipe technique et les comédiens de LA MALEDICTION DE LA MOMIE, il faudra visionner une deuxième intervention de Jean-Pierre Dionnet, cette fois entièrement dédiée à ce film. Enfin, une petite galerie de photos et une énorme collection de bandes-annonces ferment les suppléments. «Enorme» car il est possible de voir ou revoir un grand nombre de bandes-annonces des productions Universal où se côtoient loup-garou, créature du lac noir, vampire et créature de Frankenstein !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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L'édition vidéo
THE MUMMY'S CURSE Blu-ray Zone B (France)
Editeur
Support
Blu-Ray (Simple couche)
Origine
France (Zone B)
Date de Sortie
Durée
1h02
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
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