La fille de Deborah Logan accepte qu'une équipe de tournage vienne filmer sa mère dans le cadre d'un documentaire sur l'Alzheimer. Peu enclin à se laisser filmer, la vieille dame accepte malgré tout pour obtenir un pécule qui permettrait de se sortir de ses ennuis financiers.
Adam Robitel est un cinéaste aux multiples talents. Il est ainsi à même d'apparaître devant la caméra et de bosser, en même temps, dans l'équipe technique d'un tournage. Ainsi, il assemble en salle de montages des films d'entreprises mais aussi des making-of comme celui de 2001 MANIACS dans lequel il interprétait un rôle notable. Il va même assurer le suivi des vidéos de tournage de SUPERMAN RETURNS sur le blog de Bryan Singer. C'est d'ailleurs la maison de production du réalisateur, entre autres, d'une grande partie des X-MEN qui va chapeauter le premier long-métrage réalisé, coécrit et monté par Adam Robitel, L'ETRANGE CAS DEBORAH LOGAN. Cela s'avère d'ailleurs un peu curieux puisque Bad Hat Harry Productions se cantonnait jusque là aux films de Bryan Singer produits pour le cinéma, généralement avec de très gros budgets, ou bien à des séries télévisées telles que DR HOUSE. Le film de Adam Robitel fait donc un peu figure d'exception avec son budget dérisoire.
Lorsque dans le Cinéma Fantastique, on tente de trouver un remède à la maladie d'Alzheimer, cela ne donne pas des résultats probants à l'instar de PEUR BLEUE ou encore LA PLANETE DES SINGES : LES ORIGINES. Plus rares sont les films qui, dans le registre qui nous intéresses, se focalisent sur les victimes de la maladie. L'un des personnages de LA PLANETE DES SINGES : LES ORIGINES souffre d'Alzheimer mais il n'est pas réellement au centre du récit. C'est déjà plus largement le cas du personnage principal de CORTEX ou encore du «héros» de l'excellente comédie dramatique ROBOT & FRANK. Bien moins amusant, L'ETRANGE CAS DEBORAH LOGAN exploite donc cette maladie dégénérative dans le cadre d'un film d'horreur. Pour donner plus de réalisme à leur histoire, Adam Robitel et Gavin Heffernan prennent le parti de narrer l'histoire sous la forme d'un faux documentaire. L'ETRANGE CAS DEBORAH LOGAN rejoint donc la cohorte de films s'insérant dans la mouvance du «found footage», un style cinématographique ayant produit plus de déchets que d'oeuvres réellement marquantes.
L'ETRANGE CAS DEBORAH LOGAN suit une petite équipe de tournage qui va filmer le quotidien de Deborah Logan, une dame âgée qui est aidée par sa fille. Comme dans la plupart des films de ce type, la première partie présente ses personnages et accumule les scènes d'exposition dont l'intérêt est des plus relatifs. Et, malheureusement, à moins de se prendre d'affection pour l'un des protagonistes, l'ennui pointe rapidement le bout de son nez. Les événements étranges arrivent alors mais risquent de peiner à susciter l'enthousiasme surtout que la plupart des éléments ont déjà été vus et revus dans les autres films du même genre. L'ETRANGE CAS DEBORAH LOGAN n'a absolument rien de novateur et se montre même par endroit assez peu cohérent. Ainsi, on a du mal à comprendre comment les médecins d'un hôpital peuvent renvoyer chez elle une patiente alors qu'elle est manifestement dangereuse pour ses proches et elle-même ! Une facilité qu'il faudra excuser avec beaucoup d'indulgence car la suite ne fera pas tellement mieux et ce même en nous livrant une intrigue alambiquée. Le climax final a le mérite de surprendre le temps d'un éclair et d'un plan aussi bref qu'inattendu. Le plus gros atout du film, c'est assurément Jill Larson, actrice du soap-opera LA FORCE DU DESTIN, qui se livre sans retenue dans une performance de vieille dame inquiétante. Pour le reste, il faut vraiment ne pas avoir déjà vu des tas de «found footage» pour être un tant soit peu captivé, voire même frissonner, en visionnant L'ETRANGE CAS DEBORAH LOGAN. A l'arrivée, le plus dérangeant dans le film, ce sont les trois images glaçantes de personnes très âgées qui se trouvent ici détournées pour une oeuvrette horrifique aux ambitions très limitées.
Le film de Adam Robitel n'a pas trouvé le chemin des salles de cinéma en France et il est distribué par Metropolitan directement en vidéo. L'éditeur propose le choix entre des éditions DVD et Blu-ray. Ce dernier permet de découvrir le film en haute définition, que ce soit pour l'image mais aussi le son. Alors, bon, il s'agit d'un «found footage» et l'image n'est pas toujours exempte de défauts parfaitement assumée en post-production. L'ensemble est en tout cas réussi. En oubliant l'aspect purement vidéo de l'image, plusieurs plans sont assez impressionnants comme un gros plan sur le visage de l'actrice Jill Larson, donnant à cette image un aspect extrêmement réaliste. Le son s'avère de prime abord moins spectaculaire. Pourtant, le mixage des pistes sonores DTS HD Master Audio 5.1 livre des environnements sonores naturels et immersifs. Tout du moins lors de certains passages clefs car l'ensemble de la bande son est plutôt sobre.
A l'insertion du disque, on peut voir la bande-annonce de THE BOY. Par la suite, il ne sera pas possible de retrouver cette vidéo sur les menus du Blu-ray de L'ETRANGE CAS DEBORAH LOGAN. A vrai dire, c'est plutôt «le» menu puisque le disque ne contient qu'un seul unique écran affichant toutes les options : choix des langues et suppléments. Les «suppléments», justement, ils se composent de la bande-annonce de L'ETRANGE CAS DEBORAH LOGAN ainsi que d'une courte «Featurette» intitulée «Présentation». Durant un peu plus de trois minutes, le réalisateur et quelques membres de l'équipe nous parle donc du film. A vrai dire, on n'apprend pas grand chose si ce n'est la «fascination» d'Adam Robitel pour la maladie d'Alzheimer qu'il trouve terrifiante. Etonnant puisqu'au final, la maladie est à peine traitée et ne sert en réalité que de prétexte à une histoire surnaturelle.