Des explorateurs américains se rendent en Amazonie et y capturent l'homme-poisson. Ils le ramènent en Floride et l'enferment dans un aquarium où il est présenté au public et étudié par des scientifiques...
Grand spécialiste du cinéma de science-fiction américain pendant les années 1950, Jack Arnold remporte un beau succès avec L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR tourné en relief pour la compagnie Universal. A la demande de celle-ci, il se met rapidement au travail pour une suite, elle aussi en trois dimensions : LA REVANCHE DE LA CREATURE. Entre ces deux œuvres, il aide Joseph M. Newman à achever LES SURVIVANTS DE L'INFINI, un autre classique de la science-fiction d'alors. Le rôle principal de LA REVANCHE DE LA CREATURE est tenu par John Agar, vedette de nombreux films fantastiques de cette période, comme TARANTULA, encore de Jack Arnold pour Universal, ou LE CERVEAU DE LA PLANETE AROUS de Nathan Juran. Le nageur Ricou Browning reprend le rôle de la Créature pour les scènes sous-marines. Pour les séquences hors de l'eau, le cascadeur Tom Hennesy prend la place de Ben Chapman dans le déguisement de l'homme-poisson. On remarque la présence, dans le rôle très court d'un jeune laborantin, de Clint Eastwood pour son tout premier rôle au cinéma !
A la fin de L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR, nous laissions l'homme-poisson, mortellement blessé, partir à la dérive dans son lac. Ici, des pêcheurs américains le capturent et le ramènent à un aquarium aux États-Unis. Si le premier volet de cette série rappelait le début de KING KONG (l'exploration de l'île du Crâne), LA REVANCHE DE LA CREATURE évoque plutôt la seconde partie de ce classique (le singe géant est capturé, exposé à New York, et s'enfuit dans la ville en semant la terreur et la destruction). La créature du lagon noir est donc enchaînée au fond d'un bassin dans lequel les scientifiques l'étudient avec soin et les curieux viennent le contempler. Mais il finit par s'échapper et sera traqué par la police.
A partir du début des années 1950, avec l'arrivée de titres clés comme DESTINATION LUNE ou LA CHOSE D'UN AUTRE MONDE, l'épouvante traditionnelle telle que l'avait exploitée l'Universal au cours des années 30 a fait son temps et cède la place à la science-fiction hollywoodienne. Avec son monstre pathétique, la violence de ses agissements et l'absence de technologies spatiales ou extra-terrestres, L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR se rapproche pourtant du fantastique des années 1930 (particulièrement de KING KONG, comme nous l'avons déjà mentionné).
Toutefois, par bien des aspects, les aventures de cet homme-poisson appartiennent bien au domaine de la science-fiction. D'abord, son origine n'a rien de surnaturelle : comme cela est démontré dans LA REVANCHE DE LA CREATURE, la Créature serait en fait une étape de l'évolution expliquée par Darwin, un espèce de chaînon manquant entre le poisson et l'hominidé. De plus, toute la partie filmée dans l'aquarium est d'une grande rigueur. Refusant le lyrisme, le suspense et les effets dramatiques, Jack Arnold présente l'étude de la créature comme un documentaire scientifique filmé de manière classique. Cela renforce la crédibilité et le sérieux de ce récit sans pour autant faire oublier la situation pathétique de cet être captif, subissant un dressage cruel. Nous apprécions à nouveau la splendeur des images sous-marines en noir et blanc, l'élégance de la nage de Ricou Browning et la très haute qualité du maquillage de la créature.
Pourtant, le dernier tiers du métrage, au cours duquel le monstre s'enfuit, est moins convaincant. Certes, nous retrouvons l'émouvant thème de la belle et le bête, mais celui-ci, déjà bien développé dans L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR, donne une impression de redite. La fin du film, malgré une photographie nocturne toujours superbe, manque de suspense et de rythme.
En fin de compte, la qualité de la première heure du métrage, sa rigueur et la beauté intemporelle de ses séquences aquatiques, font tout de même de LA REVANCHE DE LA CREATURE une réussite honorable dans la carrière de Jack Arnold, même si elle ne fait pas partie de ses œuvres les plus accomplies.
Dans sa collection «Monster Club Cinema», Elephant Films proposent les deux suites de L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR. Mais seul l'un d'entre eux a la chance d'être proposé dans un combo Blu-ray/DVD. Cela permet donc de revoir LA REVANCHE DE LA CREATURE dans un transfert en haute définition 1080p/24 et en format plein cadre. Deux constats s'imposent. Tout d'abord, le film est présenté en version plate et la 3D d'origine n'est donc pas disponible. Ensuite, le transfert haute définition ne respecte pas le format de projection d'origine qui devrait être plus large. C'était déjà le cas en DVD où Universal avait fait le choix de réaliser des transferts plein cadre des trois films de cette trilogie plutôt que de proposer le cadrage d'origine. Heureusement, le noir et blanc d'origine apparaît ici comme au premier jour. Et s'il y a des différences dans le rendu de l'image, c'est essentiellement en raison des prises de vue réalisées en extérieur, sous l'eau ou en studio. Ce sont les images tournées en intérieur qui proposent le meilleur rendu, suivi de très près par les passages sous-marins. Dans l'ensemble, le visionnage du film sur ce Blu-ray est très agréable ! La partie sonore se limite à la version originale en mono et codée sur deux canaux en DTS HD Master Audio. Il n'y a donc pas de doublage français et il faudra se reporter sur des sous-titrages dans notre langue si vous ne comprenez pas parfaitement l'anglais.
Comme sur les autres titres de la collection, le Blu-ray intègre pas mal de suppléments. Ainsi, on peut voir une présentation des différentes parties de la collection ainsi que les bandes-annonces des films qui en font partie à la date de sortie de LA REVANCHE DE LA CREATURE. Elephant Films a aussi produit des suppléments spécifiques à cette édition. Cela concerne deux présentations de Jean-Pierre Dionnet qui s'intéresse dans la première au cas de trois films issus de L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR et dans la seconde à LA REVANCHE DE LA CREATURE. C'est le monologue plus général sur les trois films qui s'avère le plus intéressants d'un point de vue factuel. Durant près de vingt minutes, Jean-Pierre Dionnet aborde les trois films dans leur ensemble et évoque aussi le design de la créature ainsi que celle qui en est l'auteur. La dizaine de minutes consacrée à LA REVANCHE DE LA CREATURE paraît alors un peu moins intéressant, évoquant surtout les comédiens et techniciens de cette première suite de L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR. En ce qui concerne les suppléments, le disque contient aussi une petite galerie de photos qui épice un peu plus le contenu réussi de cette édition Blu-ray.