Un morceau de satellite soviétique s'écrase en plein New York, lâchant quelques araignées au fond du métro. Elles se révèlent extrêmement dangereuses, pondant leurs oeufs dans les victimes croisées. Et surtout faisant partie d'une expérience scientifique démarrée quelques années auparavant.
Annoncé à grand renfort de publicité agressive lors des marchés du film de Cannes en 2010 et 2011, cette production Nu Image a tout d'une grande. Comme au bon vieux temps de la Cannon, on a droit à un produit qui souhaite jouer ins la cour des grands avec un budget réduit. Annoncé à 7 millions de $, cette invasion d'araignées géantes possède à ses commandes un vieux routard de la série B, Tibor Takacs. Auréolé de deux long métrages intéressants, LA FISSURE et l'excellent LECTURES DIABOLIQUES, Tabacs a depuis fait son chemin dans le royaume du téléfilm et du DTV. Avec plus ou moins de succès : pour un médiocrissime KRAKEN, on a droit à quelques réussites sympathiques comme MANSQUITO ou encore ICE SPIDERS. Tiens, déjà des araignées!
Comme pour la majeure partie des tournages de films produits par Nu Image (ou Millenium, devenu maintenant Alchemy), le tournage se déroule dans les studios bulgares de Nu Boyana - rachetés ainsi par Nu Image. Avec également une équipe d'effets spéciaux visuels du cru, ayant opérés les effets pour EXPENDABLES ou HELL DRIVER. Et en fait, nous avons juste affaire à un remake du SPIDERS réalisé par Gary Jones en 2000 déjà sous bannière Nu Image.
Compte tenu du sujet, du lieu choisi et du budget alloué, nul doute qu'on ne verra pas grand chose de New York City. Bingo, car la majeure partie du film se déroule en sous-sol, dans le métro ou aux quelques intersections de rues recréées pour l'occasion. Quelques plans de coupe aériens de NYC font illusion quant à l'appartenance des décors à la Grande Pomme. Malgré le côté évident du maigre budget, on se trouve quand même à des années lumière de produits comme The Asylum, entre autres. Un grand soin apporté aux décors, une multitude de détails évoquant NYC et ses spécificités (Mention du Village Voice et autres décors de rue), la re-création du quartier de Noble Street à Brooklyn (ex: 3mn21). Un très beau travail effectué par le directeur artistique, Les Bonnet, auteur d'un déjà bon job sur le NINJA avec Scott Adkins et sur le rigolo INFESTATION. Le scénario tente de s'élever du lot via les sous-intrigues de complot militaire et de manipulation génétique gouvernementale. Bien vu, bien intégré, mais les ambitions sans les moyens et avec la raideur des acteurs… ça ne fonctionne hélas pas.
Le premier tiers du film se déroule dans un rythme plutôt mollasson. Si l'on excepte la séquence générique dans l'espace et la présence incongrue d'araignées dans une station spatiale (!). Bon déjà, rien que ça doit provoquer un sourire, un questionnement… mais même ce point de départ à priori hautement ridicule donne un film d'araignée-alien… totalement conventionnel. Un comble et une déception.
Le fait de vouloir montrer un soupçon d'ambition tire quelque peu le film vers bas, paradoxalement. Là où Takacs s'en sortait honorablement avec ICE SPIDERS : grâce au côté outrageusement ridicule du concept et d'épouser un impossible objet filmique dans ses recoins les plus délirants. Il existe ici un sérieux presque papal qui détonne. Un humour totalement absent, ce qui n'est pas forcément un mal mais dynamisait le récit de BIG ASS SPIDER, pour le meilleur. Mais surtout plombé par un jeu d'acteur ahurissant. Christa Campbell (les moutons) en avant, victime d'une paralysie faciale alarmante. Les coutures risquant probablement de lâcher à un éventuel mouvement du visage, elle passe le film sans aucune émotion. Ce qui n'aide pas, malgré les assomptions du réalisateur dans le making of, son jeu d'actrice positivement nul. Elle n'exprime rien, même dans les cascades qu'elle effectue elle-même. Bon, elle n'a JAMAIS été une actrice à proprement parler. mais sa présence en qualité de premier rôle féminin fait douter des capacités intellectuelles des producteurs et autres directeurs de casting. Sa présence dans plusieurs autres produits Millenium/Nu Image expliquerait-il un bonus à la fidélité? Parce que coller un telle tarte à côté du monstre d'expressivité qu'est Patrick Muldoon lui donne des airs de Laurence Olivier. Maintenant, se dirige-t'on vers SPIDERS 3D pour trouver une performance à la Dirk Bogarde ? Non. Mais quelquefois, ça aide. Pas ici.
Takacs retrouve son gout du labyrinthe, voir par exemple la scène de la jeune Emily perdue dans les allées du magasin de jouets, pourchassée par une bébête velue (72e mn) - qui rappelle Jenny Wright se débattant dans sa librairie, pourchassée par Randall William Cook dans le final de LECTURES DIABOLIQUES. Ou encore celle de la poursuite entre Muldoon/Campbell et un monstre à 8 pattes bien agressif (à partir de la 49e mn). Mais bon, aucune illusion : le scénario ne permet aucun attachement à un quelconque humain. On se contrefout royalement de ce qui peut leur arriver. Pire, le récit nous inflige ENCORE le coup du couple au bord du divorce réuni pour la bonne cause : sauver sur fille Emily (Sydney Sweeny, aussi touchante qu'un pic à glace) perdue dans ce joyeux bordel. Un peu l'argument à la con repris par l'exécrable SAN ANDREAS, quoi. Mais sans son côté putassier. Clairement, on va trouver le regain d'intérêt dans les araignées de toutes tailles et de toutes sortes. Le fait de s'éloigner quelque peu du design habituel (ben oui, ce sont aussi des aliens!) va dans le bon sens. Ainsi la reine qui dévaste tout sur le dernier quart du film vaut le déplacement! D'un autre côté, l'absence d'humour permet quelques légers débordements gore. Donc pas d'effets-cartoon à la ARAC ATTACK, pour situer, et pas d'humour potache-référentiel à la LAVALANTULA. Et quand elles attaquent en 3D, elles y vont franco de port. A noter en ce sens une assez belle course-poursuite dans un entrepôt, croisement plutôt adroit entre effets numériques et mécaniques. On sent que Muldoon a l'habitude des écrans verts, il est assez crédible en ce sens. Et aux manettes d'un chariot élévateur, il n'a pas son pareil pour perforer une saloperie à 8 pattes particulièrement vicieuse!
En fait, le titre promet des ARAIGNEES en 3D. C'est exactement ce dont à quoi on a droit. Rien d'autre. Le reproche qu'on puisse faire à SPIDERS 3D reste son manque criant d'imagination, sa volonté de coller à la peau d'une recette déjà vue ailleurs (en bien mieux). Il s'adresse exclusivement aux fans d'attaques animales, d'arachnides velues d'ailleurs, qui passeront un moment sympa, sans plus. Les autres trouveront quelque peu le temps long, malgré un final explosif et très fun et une énorme bestiole au look grotesquement sublime.
Le Blu Ray britannique sortit chez Lionsgate offre la seule possibilité en zone B à ce jour de voir le film tel qu'élaboré par leurs auteurs, à savoir en 3D. Du 1080p sur un Blu Ray de 50GB, au débit régulier. Avec un menu offrant un accès en 12 chapitres, ainsi que le choux de voir le film en 3D (si vous êtes équipés du matériel adéquat) ou en 2D. Le tout au format 1.78:1 et d'une durée complète de 89mn50.
La 3D, justement : elle apparait plus immersion qu'autre chose. Très peu d'effets gratuits «dans ta face», mais un réel effort de mise en perspective, notamment dans les scènes de métro. Il n'y a qu'à retirer se lunettes 3D pour constater que l'ensemble des plans est travaillé en 3D. Rien voir avec une quelconque post production. Oui, on reste à un nouveau de série B, mais de la plus soignée qui existe. Curieusement, assez peu de perte de lumière entre la 2D et la 3D. La séquence 3D avec Patrick Muldoon arrivant devant son gigantesque tableau de contrôle indique bien que les couleurs (chaudes ou froides) transparaissent de la meilleure manière qui soit (3mn52, par exemple). On peut regretter, alors que le matériau s'y prêtait, de ne pas avoir plus d'effets-surprises qui sautent à la tête. Mais SPIDERS 3D offre toutefois un relief adéquat, tout en profondeur et qui ne génère aucun mal de crâne. Tabacs et ses techniciens ayant pris le soin d'un découpage mettant en valeur l'ensemble du cadre filmé, la performance technique et celle des acteurs bon, pas une performance au sens propre du terme, hein). Ceci induit une 3D naturelle et bien rendue par cette galette. Et sur le matériel utilisé, aucun effet notable de ghosting.
Du côté de la 2D, une très belle copie qui rend bien hommage au travail effectué par Lorenzo Senatore, le directeur de la photographie. , ayant travaillé au préalable sur DETOUR MORTEL 3, PHENOMENES PARANORMAUX ou encore STARSHIP TROOPERS 3. Tourné en numérique, la copie n'offre aucun souci de saletés et autres poussières. C'est propre, bien défini, aux contours nickel des personnages. Même les gros plans des sales bestioles sont superbes!
Une seule piste sonore anglaise DTS HD MA 5.1 (alors que le Blu Ray US donnait un 5.1 TruHD), quelque peu curieuse. Certains effets sonores, bien qu'employant l'ensemble des canaux à disposition, font plutôt artificiels, voire plaqués sur l'action. Ils se détachent bien les uns des autres mais manquent de naturel. Ceci posé, les explosions et autres poursuites des victimes humaines à travers le labyrinthe du métro à grands renforts de cris (oui, les araignées crient!) sont efficaces. Y compris les dialogues, surtout placés en canaux avant, se distinguent correctement du reste. On aime tout particulièrement les renforts de basses sur les explosions et autres fusillades qui parsèment le film. Par contre, aucun sous-titre de quelque nature que ce soit. Joli travail sur les canaux arrière concernant les effets sonores des créatures. Le travail musical de Joseph Conlan (qui a déjà travaillé avec Takacs sur MANSQUITO), très illustratif malgré un thème principal atmosphérique, se retrouve quelque peu noyé dans la masse. Mais perce judicieusement lors des scènes d'actions. Par contre, aucun sous-titre à l'horizon, et encore moins d'options francophones.
Peu de bonus, hormis un making of nommé «Web Of Terror», avec des images de tournage , avec à l'oeuvre la camera stéréoscopique utilisée pour l'occasion, entrecoupées d'interviews de Tibor Takacs, Christa Campbell, Patrick Muldoon ou le directeur photo. On sent le côté promotionnel, le discours formaté et le souhait de ne pas déborder de la formule d'usage. Très dommage. L'autre supplément étant des interviews plus prolongées de chacun des intervenants. Tabacs expliquant brièvement l'impact de la 3D sur les grands éléments, et le fait que cela fonctionne mieux. Et comment le récit influence la 3D et non pas l'inverse. Ce qui explique le confort de vision, à la fois sur les scènes de dialogue ou pendant les scènes d'action. En fait, on s'aperçoit surtout que certains extraits de ces interventions se retrouvent dans le making of. Pas de film annonce, contrairement au Blu Ray américain, qui contenait lui 6 films annonces de produits Nu Image.