Paul et Béa vont passer leur lune de miel sur le bord d'un lac au sein d'une maison isolée cernée par la forêt. Si les premiers instants sont idyliques leur bonheur est cependant vite rompu, la rencontre avec un ex de Béa semblant violent accompagné de sa femme malade et étrange, une étrange déambulation nocturne de la mariée que son époux retrouve nue et marquée par de curieuses piqûres, tout cela vont donner lieu à des moments de tension et de sueur froide pour le couple.
Première réalisation de Leigh Janiak qui a d'abord travaillé sur des courts métrages avant d'être employée par des sociétés de production Appian Way et Misher Films avant de se lancer dans l'aventure de faire son propre film. En choisissant pour incarner son couple vedette des acteurs anglais peu connus, Bea est incarnée par Rose Leslie qui interprête la sauvageonne Ygrit dans GAME OF THRONE quand à Harry Treadaway qui incarne le jeune mari il a joué le docteur Frankenstein dans la série PENNY DREADFUL, elle a fait le bon pari puisque les deux acteurs sont excellents.
Distillant dès les premières images l'impression d'un jeune couple heureux, un coupe qui certes dans son comportement peu faire penser à un tas de comédie romantique américaine, mais le talent des acteurs et la finesse de l'écriture réussit néanmoins à donner vie au couple et à chasser le cliché dans lequel le film menace à tout instant de s'enfoncer. On croit en ce jeune couple et à leurs petites manies comme on croit qu'après la rencontre étrange avec l'ex de Bea, le jeune époux Paul commence à ressentir de la jalousie qui va se manifester d'autant plus fort le lendemain après qu'il ai récupéré sa femme nue et à la peau marquée dans les bois.
Il ne croit pas une seule seconde au somnambulisme, faisant preuve de jalousie. Mais c'est le comportement de sa femme niant systématiquement ce qu'il a pu se passer, ayant un comportement étrange, oubliant les gestes quotidiens qui semble de plus en plus distante. La colère qui s'empare de Paul dès la nuit tombée le rend presque effrayant. Il a ce regard fou et ces gestes violents envers sa femme. Et le doute s'installe. Est-ce elle qui a été contaminée par quelque chose qui est en train de la changer ou bien est-ce lui qui devient fou ? L'intelligence de l'écriture transforme le film. On s'attend à ce que la chose dans les bois soit la source de la terreur mais c'est la colère du mari et le comportement étrange de la femme qui font peur.
Trois séquences sont intéressantes, celle de la seconde nuit, où Paul après s'être énervé contre sa femme et la lumière s'avère incapable de dormir. Rongé par la colère il joue avec une lumière de camping qu'il allume et éteint, le regard fou, les traits monstrueux. S'ensuit, la journée d'après une scène éprouvante où Bea s'enferme dans la salle de bain pour s'enfoncer un objet pointu dans son vagin dans un geste compulsif. La scène suivant est d'autant plus violente que Paul ne parvenant à la raisonner décide de l'attacher au lit. La violence de la scène nous fait douter encore de la bonne foi du mari jusqu'à ce que ce dernier arrache du vagin de sa femme un espèce de truc ressemblant à une branche ou bien à un vers, un mélange des deux sans doute.
Histoire d'un Body Snatcher intimiste et dans les bois, HONEYMOON frôle à plusieurs reprises les clichés du genre et ne s'en tire au fond que grâce à l'interprétation des deux acteurs et l'histoire des envahisseurs. On se croirait presque dans un épisode de X Files. Ce n'est pas un chef d'œuvre, le film comporte trop de maladresses pour cela, comme cette veine tentative de nous faire croire qu'ils sont américains et plus encore New Yorkais alors qu'ils ont un accent anglais manifeste, mais il y a un petit quelque chose qui fait de HONEYMOON un bon petit film.