Header Critique : WELP (CUB)

Critique du film
WELP 2014

CUB 

Trois animateurs scouts emmènent leurs louveteaux pour un camp en pleine nature. Malheur! Ils tombent dans une forêt où aucun des locaux ne veut se rendre. Par dessus le marché, un enfant sauvage tendance psychopathe niché en haut d'un arbre les observe, nonobstant les pièges mortels qui parsèment l'endroit. Seul le jeune Sam (Maurice Luijten), timoré et harcelé par le second chef nommé Baloo (Stef Aetrsen), arrive à communiquer avec celui qu'ils nomment Kai (Gill Eeckelaert), suspecté d'atre mi enfant-mi loup (sans Tintin).

Premier long d'un jeune réalisateur flamand, WELP (CUB , donc « louveteau » pour son titre de vente international) a été une des surprises du box office local en 2014, se hissant au 7e rang des films belges sortis cette année. Un film d'horreur belge, ça ne court pas les rues, hormis MAMA DRACULA, Fabrice Du Welz et un film de vampire flamand. Le film sortit en octobre 2014 en Flandres et tourne dans le circuit des festivals. Sa carrière ne s'arrêtera pas au Festival du Film de Gérardmer 2015 où il était en compétition. Puisque WELP vient d'être acheté aux USA pour une prochaine sortie.

Tourné en Scope numérique avec des moyens relativement confortables pour un tel type de film, WELP s'offre un point de départ qui en vaut bien un autre. On ne voit pas si souvent des boys scouts se faire envoyer à l'abattoir d'un slasher en pleine nature. Sur la structure même du scénario, il ne faut guère s'attendre à quelque chose de franchement original. Les trois adultes qui supervisent le groupe vont rapidement s'opposer via a seule fille du lot (évidemment). Nous voici donc reparti pour une nième coup de baisouille en pleine forêt et crise d'autorité sur le groupe. Et qui dit sexe dans les bois avec psychopathe qui hante le coin, on connait l'issue pour les protagonistes. Aucune surprise de ce côté-là. En fait, la faiblesse principale de du film Jonas Govaerts (qu'il a co-écrit avec Roel Mondelaers) réside dans l'absence de point de vue unitaire de l'histoire, éparpillant des scènes aux personnages sans grand relief. Le film excelle surtout dans son regard sur Sam et son rapport au groupe puis à Kai - sans malheureusement exploiter ce qui s'avère aussi le meilleur acteur du lot, le plus expressif et le plus ambivalent.

Là où le scénario tente une digression au genre, c'est de par déjà la scène initiale très intrigante. Avec sa jeune fille piégée par ce qu'elle espère une planche de salut (qui n'existe pas). En fait, la forêt s'avère truffée de pièges rudimentaires qui trucident ou capturent (c'est selon) les malheureux qui s'y aventurent. Pour ensuite finir en souterrain avec des mains mystérieuses qui semblent téléguider le tout. Ingénieux enchevêtrement pour une narration qui semble vouloir garder le suspens sur les fondements et itérations. Néanmoins, au gré des affrontements verbaux entre chaque protagoniste et de l'exclusion progressive du plus différent d'entre les jeunes scouts, on voit se dessiner les influences évidentes du récit. Nous avons donc droit à un DETOUR MORTEL à la sauce flamande, mâtiné d'une louche de Torture porn, de survival et d'une pincée de JEEPERS CREEPERS. Le tout agencé avec imagination et un soin visuel qui louche sur les teintes bien à la mode en ce moment : l'orangé. Mais une belle photographique nocturne, aux sources d'éclairages finement ciselées par le directeur photographie Nicolas Karakatsanis. Les séquences d'attaque sont élaborées mais ne fonctionnent que de par par leur seule présence à l'écran: il n'existe qu'un fil narratif assez ténu entre elles. L'intrigant final ne donnera pas franchement de réponses sur l'ensemble des éléments atypiques rencontrés, apparaissant surtout comme une grosse faiblesse au regard du reste de la narration.

Si la première partie s'affranchit d'une présentation des personnages somme toute sommaire et bien archaïque, la seconde se dirige vers plus d'action, de suspense et d'effusions sanglantes - mais pas de gore. Des scènes qui flottent entre l'attendu -les punitions propres au règle du slasher-, dont une chute d'arbre qui ravira le spectateur de par son côté quelque peut cartoon et jouissif. Mais la gratuité fun des pièges et autres meurtres n'entretient que peu de rapport avec la mise en place initiale de Sam et son groupe. On pointera une scène nauséeuse où des violences infligées à un animal dure de manière interminable à l'écran. Pas de raison particulière hormis une cruauté gratuite parfaitement dispensable, une simple valeur de choc. WELP aime la brutalité, mais on peut se poser des questions sur les véritables intentions du réalisateur à la vue de cette seule séquence…

Qui dit DETOUR MORTEL et ses multiples avatars (et précédents) dit donc forcément tomber sur des rednecks violents en rase campagne. Ca ne manque pas à l'appel, mais WELP offre une attaque en règle sur une partie de la population belge. Un sport Ca n'est plus de la caricature mais de la haine larvée. A un tel point qu'on se demande si le film n'a pas été approuvé par le Vlaams Blok. WELP est un des films les plus racistes anti-wallon qu'il soit donné de voir. Une belle charge frontale qui fait des protagonistes wallons (donc la partie francophone de la Belgique) des sous-hommes à tous les étages. Déjà, le groupe se rend en Wallonie pour leur séjour en forêt. Un point de départ qu'on pourrait trouver logique d'un point de vue d'obédience économique : la Wallonie détient la réserve à bois de la Belgique. Et nombreux sont les flamands, au pouvoir d'achat aujourd'hui supérieur à leurs homologues francophones, à venir s'installer dans cette partie wallonne. Il s'agit ici d'un bois maudit où des travailleurs wallons sont venus se pendre suite à la fermeture de leur usine contiguë. Comprendre : Wallonie, pays du chômage et du désespoir. Tous les personnages parlant français sont : des obèses débiles comme Jean-Michel Balthazar : le policier à vélomoteur nommé Franju (clin d'oeil?)en mode surpuissance de connerie. Des racailles habillées en survêtement totalement neuneus, fainéants bien sûr et violents. Ou des psychopathes dégénérés de tête de noeud de merde. Le film n'est pas sorti en Wallonie mais pour les francophones qui verront le film, il faudra une sacrée dose d'humour afin d'avaler ce qui se passe à l'écran. Pire encore, le film a été tourné en Flandres, qui se fait passer pour la Wallonie. Quel besoin, franchement?

Au final, WELP se révèle un film d'horreur qui délivre quelques bonnes scènes rythmées par une musique qui pulse. La dernière demie-heure devrait ravir les amateurs. Dommage que seul le personnage de Sam soit vraiment attachant, les autres sont aussi jetables que des lames de rasoir Bic. Le pire au final étant son parti-pris incroyablement raciste, allant bien au-delà de simple caricature pour sombrer dans l'idiotie crasse et populiste de la pire espèce.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
1233 news
397 critiques Film & Vidéo
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
-
0 votes
Ma note : -