De retour au château familial, la jeune Comtesse Janice von Aarenberg fait la connaissance du ténébreux Comte Waldemar Daninsky. Il pourrait entamer une belle idylle mais la région est tout à coup frappé par des attaques de loups. En compagnie des autres habitants, le Comte Waldemar Daninsky prend part à une battue nocturne pour mettre un terme à la menace…
Architecte de formation et champion d'haltérophilie, Jacinto Molina se lance dans le cinéma. A l'origine, en raison de ses études d'architecture, il pense travailler en tant que décorateur. En fait, il va faire de la figuration dans diverses productions ce qui lui permet de d'obtenir quelques petits seconds rôles. Dans le même temps, il écrit le scénario de LA MARCA DEL HOMBRE LOBO. Cette histoire de loup-garou permet au cinéaste de rendre hommage à un film qui l'a profondément marqué étant enfant, FRANKENSTEIN RENCONTRE LE LOUP-GAROU. Le souci, c'est que ce type de films n'a rien de commun au sein de l'industrie cinématographique espagnole au milieu des années 60. D'ailleurs, lorsqu'il présente le scénario a un ami réalisateur, ce dernier le prend pour un fou ! Toutefois, un miracle va se produire. A force de refus en Espagne, il va trouver un financement en Allemagne.
Cette intervention étrangère va avoir deux répercussions sur ce qui deviendra LA MARCA DEL HOMBRE LOBO. Les producteurs allemands prennent la décision de tourner le film en 3D en utilisant la technologie HIFI Stereo 70mm qui vient d'être mise au point. Il va d'ailleurs y avoir un certain malentendu à propos de la mention "70mm" qui laisse à penser que le film est tourné en 70mm. C'est vrai mais, en réalité, c'est aussi un peu faux. Le HIFI Stereo 70mm permet de capter les prises de vues sur une seule pellicule 65mm. On pourrait penser qu'il y aura un gain énorme sur la qualité visuelle mais cela permet surtout de stocker les deux images de façon à simuler la 3D. Ce procédé prometteur avait déjà été testé auparavant sur une coproduction franco italo-espagnole, TYPHON SUR HAMBOURG, mais il va sombrer dans l'oubli au même titre que la plupart des films tournés de cette façon ! En dehors de l'argent et l'aspect technologique, les financiers allemands vont contacter Lon Chaney Jr. pour lui donner le rôle principal à la demande de Jacinto Molina. Mais le comédien est alors trop âgé et malade pour voyager. Faute de trouver un comédien pour le rôle principal, il sera alors confié à Jacinto Molina lui-même. Mais le nom espagnol du comédien n'inspire pas les Allemands qui lui demandent de choisir un pseudonyme et s'il ne se dépêche pas, ils le feront eux-même. C'est ainsi que Jacinto Molina va prendre le nom de Paul Naschy. Le choix de Jacinto Molina pour interpréter le personnage principal est un peu surprenant mais, en même temps, sa silhouette trapue le rapproche de Lon Chaney Jr. qui n'était pas vraiment ce que l'on appelle un jeune premier.
Si les problèmes d'argent et de production sont résolus, tourner un film d'horreur en Espagne pose tout de même quelques soucis. Le comité de censure en place n'est pas prête à accepter que des horreurs et autres perversions puissent se dérouler dans un joli pays comme l'Espagne. Et il apparaît encore moins probable qu'un espagnol puisse devenir une créature velue. Pour contourner ce problème, il est donc décidé de placer l'action du film dans un autre pays et de gommer tout lien avec l'Espagne. Jacinto Molina va alors se souvenir de l'haltérophile polonais Waldemar Baszanovski pour baptiser son héros en Waldemar Daninsky. L'honneur de l'Espagne est sauve !
Déjà dans ce premier film de loup-garou avec Jacinto Molina, on perçoit la grande influences des films de la Universal et particulièrement ceux qui proposait la rencontre des grandes figures de l'horreur à l'instar de FRANKENSTEIN RENCONTRE LE LOUP-GAROU, LA MAISON DE FRANKENSTEIN et LA MAISON DE DRACULA. L'intrigue de LA MARCA DEL HOMBRE LOBO fait ainsi écho à ces trois films : personnage qui revient d'entre les morts lorsque des profanateurs de sépultures ont la malencontreuse idée de s'emparer d'un objet, la quête d'un remède miracle et, bien sûr, l'affrontement entre des créatures fantastiques ! Tout au long des autres films mettant en scène Waldemar Daninsky, on retrouvera ces ingrédients tirant les films avec Jacinto Molina vers le serial et la Série B. Il est alors important de ne pas aborder LA MARCA DEL HOMBRE LOMBO comme un film d'horreur réaliste à même de distiller un véritable sentiment de terreur. Le film a indéniablement une véritable ambiance et la photographie est particulièrement bien soignée. Les éclairages lorgnent ainsi très nettement sur les travaux d'un voisin italien, Mario Bava, comme SIX FEMMES POUR L'ASSASSIN ou LES TROIS VISAGES DE LA PEUR. Mais le film, bien que réussi visuellement, ne tente pas vraiment de jouer avec les mécaniques de la peur. Il préfère ainsi simplement illustrer une intrigue à base de malédiction, monstres et trahison, le tout de façon un peu naïve. Le film n'est pas non plus d'une grande sobriété en ce qui concerne le jeu des comédiens. Ainsi, Jacinto Molina se démène comme un diable pour donner à sa créature une gestuelle sauvage et désordonnée. Les affrontements rappellent même par instant les pugilats des catcheurs mexicains. Le vampire du film en fait lui aussi des tonnes pour se donner un aspect impressionnant et irréel. On retrouvera d'ailleurs cette idée de personnages hors du temps, en décalage avec la réalité, dans LA FURIE DES VAMPIRES et L'EMPREINTE DE DRACULA.
Quand LA MARCA DEL HOMBRE LOBO arrive en France, le titre ne fait pas mention d'un loup-garou. Le film sort sous le titre LES VAMPIRES DU DOCTEUR DRACULA. Cela s'avère un peu curieux et il s'agissait peut être d'un moyen de se rattacher aux films de vampires plus en vogue. Néanmoins, il est possible de faire pire puisque lorsque le film sort aux Etats-Unis, c'est sous le titre FRANKENSTEIN'S BLOODY TERROR. Le distributeur ne fait qu'ajouter un petit préambule au film pour relier la famille Frankenstein qui, après avoir être devenu loup-garou, a déménagé et a pris le nom de Wolfstein. Pourquoi pas ? En tout cas, LA MARCA DEL HOMBRE LOBO va rencontrer un petit succès au point de susciter une douzaine de films mettant en scène Waldemar Daninsky entre 1967 et 2004. Vont ainsi se succèder DRACULA CONTRE FRANKENSTEIN, LA FURIA DEL HOMBRE LOBO, LA FURIE DES VAMPIRES, DR JEKYLL Y EL HOMBRE LOBO, L'EMPREINTE DE DRACULA, DANS LES GRIFFES DU LOUP-GAROU, EL RETORNO DEL HOMBRE LOBO, LA BESTIA Y LA ESPADA MAGICA, LICANTROPO et même une production américaine, TOMB OF THE WEREWOLF, emballé par Fred Olen Ray ! A tous ces films, il est bon aussi d'ajouter aussi BUENAS NOCHES, SENOR MONSTRUO et EL AULLIDO DEL DIABLO où Jacinto Molina apparaît de manière limitée en tant que loup-garou mais sans pour autant porter le nom de Waldemar Daninsky. De toutes façons, la série de films ne s'impose pas dans une continuité cohérente. La plupart des films où Waldemar Daninsky apparaît ont tendance à nous proposer une nouvelle histoire à chaque fois. Au mieux, on notera seulement quelques vagues références qui permettent de relier quelques-uns d'entre eux.
LA MARCA DEL HOMBRE LOBO, ou LES VAMPIRES DU DOCTEUR DRACULA, n'est pas le meilleur de cette longue série de films. Pour autant, il est aussi loin d'être le plus mauvais. Ses qualités visuelles et sa candeur font de lui un spectacle surprenant tout en s'imposant d'un point de vue historique comme le film qui va imposer une véritable personnalité du cinéma fantastique espagnol !
En France, il existait déjà deux films mettant en scène le fameux loup-garou espagnol en DVD. Pour la sortie des VAMPIRES DU DOCTEUR DRACULA, Artus Films ne fait pas la même erreur que l'éditeur qui avait commercialisé LA FURIE DES VAMPIRES et L'EMPREINTE DE DRACULA avec seulement le doublage français. Dans le cas des VAMPIRES DU DOCTEUR DRACULA, on a ainsi le choix entre le doublage en langue français mais aussi une piste audio originale en espagnole avec sous-titrage. Mais, quel que soit votre choix, les sous-titrages seront présents. En effet, certaines scènes avaient été supprimées par le distributeur de l'époque et elles n'existent pas en français. Du coup, si vous suivez le film avec son doublage, certains passages seront de toutes façons en version espagnole avec sous-titrage. A propos des sous-titrages, on notera encore une fois quelques petites erreurs et étrangetés. Pas de quoi empêcher la vision du film mais ces soucis sont récurrents d'une édition sur l'autre chez cet éditeur depuis plusieurs années. Les deux pistes audio ne sont pas spécialement impressionnantes. Le doublage français se montre néanmoins plus claire dans les dialogues. Par contre, la version espagnole a été enregistrée en stéréo à l'origine mais la version qui nous est donnée ici paraît très plate. La belle surprise de cette édition DVD, c'est la qualité de l'image. Le film nous est présenté dans son format cinéma d'origine avec un transfert 16/9 de toute beauté. Les couleurs sont resplendissantes et rendent hommage à la photographie parfois surréaliste des VAMPIRES DU DOCTEUR DRACULA.
Enfin, en complément, trois bandes-annonces nous sont proposées. Mais, en fait, une seule d'entre elles est originale. En fait, que ce soit LES VAMPIRES DU DOCTEUR DRACULA ou LA MARIEE SANGLANTE, il s'agit d'assemblage d'extraits du film réalisés à l'occasion de la sortie dans la collection d'Artus Films. Dans le cas du BOSSU DE LA MORGUE, il s'agit donc d'une véritable bande-annonce d'époque qui nous vient d'Allemagne. A côté, on trouve encore une petite galerie de photos nous permettant de voir des affiches et photos d'exploitation, une bonne partie d'entre eux issue, une nouvelle fois, d'Outre-rhin.