Los Angeles, 2027. Les USA et le Japon ne font plus qu'un. Une technologie avancée en cybernétique a développé la possibilité de remplacer n'importe quel morceau de corps. Alex Rain (Olivier Gruner) est un flic cyborg qui traque des terroristes. A moitié détruit et rafistolé après une attaque, il s'enferme dans sa solitude et quitte la police. Mais son supérieur Farnsworth (Tim Thomerson) le retrouve et le force à accepter une ultime mission dangereuse. En lui plaçant une bombe à retardement au coeur de son système.
NEMESIS nait en 1986 à travers l'idée d'Albert Pyun de faire une héroïne du FBI victime d'une conspiration. S'inspirant ensuite du monde cyberpunk, le projet prend une autre tournure et il place l'ensemble chez les producteurs chez Imperial Entertainment en 1991. Ils demandent un changement : de transformer la jeune héroïne (devant être jouée par Megan Ward, héroïne d'ARCADE) en un homme d'une trentaine d'années. Tourné en novembre 1991 sur un délai d'un mois et demi, entre de prises de vues en Arizona, en Californie sur le site industriel abandonné de Fontana, puis Los Angeles, et Hawaï, le film connaitra un tournage mouvementé et surtout verra un réalisateur qui sera dessaisi de son produit au final. TERMINATOR et BLADE RUNNER apparaissent comme des influences évidentes, fou comme il s'agit probablement d'un des tous premiers longs occidentaux à s'inspirer de shootings HK à la John Woo. Le scénariste/réalisateur et son équipe poussent cependant la logique dans une autre direction qu'une simple imitation. Pour donner l'une des toutes meilleures séries B de cette fin de XXe siècle.
Albert Pyun est un ancien assistant de Takao Saito, directeur photo d'Akira Kurosawa, que Toshiro Mifune fit venir au Japon après avoir vu un de ses courts-métrages. Une destinée singulière commence pour ce metteur en scène qui indique avoir des influences de réalisateurs comme Kubrick, Lindsay Anderson ou encore la stylisation théâtrale de Leone. Son premier long date de 1982 avec L'EPEE SAUVAGE. Il a touché à tous les genres de film depuis plus de trente ans et malgré une maladie qui ralentit son activité, il continue à tourner de manière indépendant à ce jour. THE INTERROGATION OF CHERYL COOPER en un plan séquence vient de voir le jour et le remake de KICKBOXER 2 apparait en ligne de mire.
Les protagonistes de NEMESIS possèdent un look vestimentaire et une attitude très néo-noir, qui rappellent LE DERNIER MISSILE et ses deux faux-détectives du futur. L'ambiance post-nuke, la terre dévastée qui corroborent les contradictions stylistiques. Ce type d'influences transpire régulièrement dans les oeuvres suivantes du réalisateur, qu'il s'agisse de CYBORG ou DOLLMAN. Qui se retrouve dans la cool attitude de Farnsworth et ses sbires. Lunettes de soleil, longs manteaux, regard posé. Ce qui rejoint également le concept anti-futuriste que NEMESIS arbore tout du long. Le choix des décors, des couleurs utilisées s'arrime aux antipodes des options prises pour BLADE RUNNER, par exemple. En terme de parcours initiatique et d'interrogations métaphysiques, NEMESIS se rapproche beaucoup plus de LA RANDONNEE, qu'il s'agisse des thématiques développées ou de l'approche dynamique pour filmer les décors naturels - ou ici, les ruines d'une civilisation. La quintessence du style Pyun, une méditation stylisée sur le futur et la solitude.
Le réalisateur redistribue les cartes, brouille les pistes et efface la notion de personnalité. L'ensemble des cyborgs portent des prénoms inverses au sexe supposé le leur. Vince Klyn se nomme Michelle, Deborah Shelton devient Julian, et Germaine pour Nicholas Guest, etc. Même Olivier Gruner se voit affublé d'un prénom «Alex» qui ajoute à la confusion des genres, à la fois masculin et féminin. Portant à un nouveau niveau sa recherche d'identité perdue/effacée. Alex Rain tente ainsi de revenir à son moi intérieur organique. Dans un monde futur en proie à des conflits larvés, de prise de contrôle du monde via l'information et son trafic, seul un avatar d'humain prend conscience. Il y a certes Julian, une cyborg qui elle aussi tente de faire la différence dans sa quête. Un faisceau d'idées déjà abordé par CYBORG, voyant une non-humaine comme seul chance pour l'humanité d'être sauvée, Pyun poursuit cette exploration narrative. Basée sur la création de divergences entre un ancien monde essayant de résister à la modernité. Tout comme les aspects conflictuels de personnalité, d'opposition se retrouvent entre le village mexicain déserté et les cyborgs s'y retrouvant.
On pouvait craindre qu'Olivier Gruner n'incarna pas un Rain crédible aux vues de son CV initial. Pas un acteur professionnel à proprement parler, avec à son crédit un ANGEL TOWN d'Eric Karson (l'un de producteurs de NEMESIS) franchement peu engageant. Des capacités physiques évidentes, mais Pyun réussit malgré tout à le diriger plus que correctement. Aidé en cela par les professionnels comme Cary-Hiroyuki Tagawa ou Tim Thomerson (en méchant, pour une fois) qui livrent des prestations solides. Idem pour Deborah Shelton, débarrassée de son image de belle plante voluptueuse, qui verse dans le sculptural et le badass. Chacun porte de manière physique son rôle et apportent pile poil ce qu'il faut au film en punch et en caractère.
On ne louera jamais assez la facture technique du film malgré le budget visiblement limité qui éclabousse l'écran de visuels époustouflants. Des plans ahurissants, novateurs pour l'action aux scènes intimistes, George Mooradian opère une photographie veloutée, aux teintes orangées et saturées. Cette qualité photographique apporte une texture qui assure une patine bien plus riche que son budget n'aurait pu se permettre. Qu'il s'agisse de filtres spécifiques permettant de limiter les réflexions de lumières verts & bleues lors des tournage sur Hawaï ou d'intérieurs aux éclairages aux sources multiples, George Mooradian demeure un professionnel attentionné au talent très largement mésestimé. Directeur photo habituel chez Pyun dans les années 90, son métier élève les métrages via le coup de patte nécessaire pour le sortir de l'ornière de la simple série B. Une ambition artistique qui éclate sur NEMESIS, non seulement l'un des tous meilleurs films d'Albert Pyun, et l'un des meilleurs travaux jamais élaborés par Mooradian.
Une caméra excessivement mobile, dotée de très longs plans-séquence et une steadicam. Mark Emery Moore, opérateur steadicam régulier chez Pyun depuis KICKBOXER 2 jusqu'à OMEGA DOOM, opte pour un cadre résolument physique et ses capacités athlétiques induisent la sensation d'urgence, de rapidité dans les scènes d'actions. Il alla par ailleurs jusqu'à s'occuper de la photographie pour les scènes en hauteur (la chute d'Alex Rain depuis le sommet du toit d'immeuble), George Mooradian étant atteint de vertiges.
L'atout majeur de NEMESIS reste indéniablement ses séquences d'actions. Une série impressionnante de fusillades, explosions, étincelles, membres arrachés et de tourbillons de caméra qui transporte littéralement le métrage vers quelque chose d'apocalyptique! De la scène d'ouverture jusqu'au combat final en stop motion, tout est fait pour que le spectateur s'en prenne plein la tête. Qui a droit à des séquences d'anthologie (la fameuse scène où Gruner tombe d'étage en étage pour échapper à ses poursuivants), aux dangereuses cascades qui agrémentent le film. Pyun sait manier le chaud et le froid - optant pour un bourrinage intensif, doublé d'un montage savant lors des scènes d'action. Ou de moments de calmes métaphysiques, au style délibérément 40's, oscillant entre un érotisme brulant et un repli sur soi quasi bergmanien. Renversement de tendances spectaculaires, NEMESIS verse dans une dimension inédite.
On sent malgré tout quelques valses hésitations et une écriture pas toujours maitrisée. Comme un trop-plein de sous-intrigues. Des personnages surgissant du néant (Thom Matthews, justement), des scènes aux choix stupéfiants - la perruque-mullet de Gruner dans sa prison est à hurler-, des sauts narratifs en dépit du bon sens, comme la scène avec Nicholas Guest à la fin. Qui trop embrasse mal étreint, aurait-on envie de dire, dans un film qui pêche par excès de confiance. Donc de régler à la va vite des thèmes & hostilités en déshérence depuis le début du film. D'où cette sensation de confusion narrative et de sauts d'époque par toujours liées de manière adéquate.
NEMESIS reste aussi un condensé de ce qu'une série B pouvait souffrir de meilleur en d'effets spéciaux. Le temps glorieux où les effets numériques n'avaient pas foulé le pied de la créativité devant la caméra. Des gigantesques explosions in situ, effets pyrotechniques de malade, de la découpe de précision pour faire écrouler une cheminée industrielle, de splendides maquillages gore à l'animatronique en tous genres…. NEMESIS demeure perclus de trouvailles. Sans oublier les effets spéciaux de Gene Warren Jr et son équipe de Fantasy II Effects. Pyun voulait un hommage à Ray Harryhausen et au SEPTIEME VOYAGE DE SINBAD : Warren convie la stop motion en passant par les miniatures, les effets de cache/contre cache, toutes les techniques possibles ont été utilisées. Ceci sans compter sur l'animatronique, les maquillages, les effets gore à l'ancienne… une magnifique combinaison qui donne à NEMESIS un look futuriste pleinement cyberpunk. Une série B, certes, mais avec un indéniable supplément d'âme et une énergie, une vaillance qui forcent le respect aujourd'hui encore.
Bienvenue dans le Pyunivers de NEMESIS et de ses bonus à foison. La saga NEMESIS semble jouir d'une certaine popularité outre-Rhin, d'où l'étonnante complétude constatée. Cette édition allemande, à jaquette réversible, sera très probablement la plus complète jamais conçue. Un véritable travail de fourmi quant aux innombrables suppléments qui s'offrent au spectateur attentif et averti : 541 minutes réparties sur 4 disques! Voici un point disque par disque, afin de valider chaque contenu :
Le premier disque (format CD) avec la bande originale du film composée par Michel Rubini, durée complète de 45mn16 sur 17 morceaux.
Sur le second, un support DVD, on trouve tout d'abord le Director's Cut élaboré par Albert Pyun. D'une durée plus ramassée de 87mn49, sur 8 chapitres, il s'agit tout d'abord de la qualité très médiocre qui frappe. Une piste anglais en Dolby digital 2.0, ainsi qu'un doublage allemand 2.0. Si la piste sonore anglaise ne choque pas spécialement à l'oreille en terme de précision, il s'agit surtout du visuel demeurant assez déplorable. Ceci en format 2.35:1, l'instabilité de l'image, de méchants effets de peigne et le léger flou quasi permanent rendent l'expérience inconfortable. Idem pour le piqué d'image, très lisse, quelque peu surexposé et d'une définition bien moindre que dans le «Theatrical cut». Des plans différents apparaissent, dès le début du générique avec la notification du remontage par Ken Morrisey (qui s'est occupé également des autres Director's Cut de Pyun), mais également un plan sur l'"Imperial Hotel" (Imperial étant le nom de la société de production du film) à 1mn02. C'est surtout le retrait de la voix off d'Alex Rain qui marque le plus, ainsi que l'ajout de quelques mesures de musique absents de la version sortie en 1992. Ce n'est donc pas tant la durée, mais bien la vision que le réalisateur a voulu rétablir ces quelques plus de 20 ans après. Donc des plans allégés (notamment dans la première fusillade entre les deux terroristes et Rain qui protège le chiot dans l'immeuble en ruine, par exemple. Ceci se retrouve le long du film. Il vaut mieux se diriger vers la version HD (3e disque de cette édition) pour les détenteurs de lecteur Blu Ray, mais la source étant identique, les défauts présents à la base ne s'arrangent pas vraiment sur le Blu Ray.
Egalement présent, le montage japonais - en plein cadre, avec des sous-titres japonais incrustés. Plus long de 7 secondes que la version initiale, il s'avère cependant assez différent à la vision, car le montage diverge parfois radicalement des versions existantes. Certains plans sont absents : par exemple sur le Director's Cut, on voit Alex s'y prendre à deux reprises afin de tirer sur un cordage (75mn15) alors que le montage japonais ne montre qu'un seul tir. Egalement, ce dernier demeure plus long question violence: ainsi la tête quasi-détachée de Michelle (Vince Klyn) à 45mn55 de manière plus explicite. tout comme Olivier Gruner/Alex se fait défoncer la tête à deux reprises au lieu d'une (44mn51). Il s'agit surtout de la fin qui a subi un réaménagement total. Le combat avec le squelette en stop motion a été excisé, au profit d'une scène finale qui voit Farnsworth apparaitre au bas des escaliers, poursuivant toujours Alex. De ce fait, le monologue d'Alex indiquant son souhait d'arrêter le combat a lu aussi été enlevé. Ce qui explique également pourquoi la scène du squelette cyborg s'avère absente à la suite de l'explosion supposée le détruire.
Le troisième disque (Blu Ray - 1080p/24) réserve non seulement le montage original du film mais aussi pour la première fois en format respecté 2.35:1! Car le film fut bel et bien tourné en format anamorphique. Pyun précise dans son commentaire que le producteur s'assura que cette vision en 2.35:1 ne vit jamais le jour, et qu'aucun master ne fut sous ce format. Seul le 1.85:1 sortit à la demande de la production (plus facile pour tout ce qui est diffusion TV, notamment), et dans la plupart des autres pays que les USA, le 1.33:1. La grande majorité des DVD disponibles (dont en France) concerne ainsi ce format plein cadre.
Aux vues des précédentes sorties de DigiDreams (voir le sinistre Blu Ray de LEVIATHAN d'une qualité proprement abominable), on pouvait craindre le pire. Bonne surprise : la copie, accessible en 8 chapitres, s'avère de bonne qualité. On ne tombe pas dans le Graal du Blu Ray : la définition ne se révèle pas toujours optimale - mais il s'agit d'un véritable plaisir pour l'oeil. Contrastes maitrisés, une copie propre, les couleurs naturelles concernant les teintes de peau et qui révèlent leur pleine nature dans les scènes extérieures. Les gros plans sur les visages témoignent d'un sens du détail jamais obtenu pour le film jusque présent. Le travail de George Mooradian irradie qu'il s'agisse des plans extérieurs ou intérieurs : les teintes chaudes possèdent un palette contrastée des plus intéressantes. Voir en ce sens les scènes entre Thomas Jane et Deborah Shelton, tout comme celles de course dans le désert. Cela se confirme tout aussi performant lors de l'extraordinaire fusillade du début. On obtient une image précise, homogène, finement dessinée et sans utilisation trop notable de réduction de bruit. Pour ceux qui possèdent le Blu Ray MGM de CYBORG, déjà doté d'une belle image, on se trouve un net cran qualitatif au-dessus.
La déception provient de la piste sonore. NEMESIS a été mixé initialement en Dolby Stereo Spectral Recording. Mais cette édition ne nous offre par contre que des pistes en Dolby Digital compressées. Un comble pour un format comme le Blu Ray. Il faudra donc se contenter de pistes anglaise et du doublage allemand à la fois en Dolby Digital 5.1 et 2.0, avec des sous-titres allemands optionnels. Le doublage allemand n'intéressant que très peu - le 5.1 étant par ailleurs avec des voix à résonance assez métallique, désagréable-, l'audiophile se jettera sur la piste mixée en DD 5.1. Loin d'être complètement satisfaisante, avec des dialogues principalement en voie centrale, quelquefois couverts par les effets sonores et musique. Pour le reste, c'est la tête aux enceintes lors des scènes d'explosions, échanges d'armes à feu et autres moments d'action pure. La sollicitation de l'ensemble des canaux reste complète, jusqu'au caisson de basse qui remplit parfaitement son rôle. L'ensemble demeure tout à fait audible, mais le son ne se libère pas de la manière espérée. La piste 2.0 occulte la majeure partie des effets sonores et bruitages, offre une dynamique bien moindre.
Il faut s'apprêter aussi à se faire recouvrir d‘une avalanche de films annonce concernant les 4 opus de la saga. NEMESIS et NEMESIS 2 bénéficient de films annonces à la fois en HD et SD (4:3 et 16/9e), en anglais et doublage allemand. NEMESIS 3 se fend de la SD en anglais uniquement tandis que NEMESIS 4 opte pour de la SD dans les deux langues. On continue avec 10 spots TV de 30 secondes chacun. Pour plus autour du film, il faudra se diriger vers la galerie de photos du films, une autre galerie des différentes affiches à travers le monde puis un making of de 5mn42 malheureusement uniquement disponible en allemand.
Pour se préparer à la vision du film, l'édition a concocté une présentation et une conclusion par Albert Pyun, tout comme Olivier Gruner qui revient sur le tournage, la longue préparation que Pyun lui demanda, les cascades qu'il effectua quasiment seul.
Le bonus de choix reste le commentaire du réalisateur sur son Director's Cut nommé NEMESIS V 2.0. En anglais non sous-titré, et commençant quelques minutes en voix off seule avant le début du film - ici donc en version HD, bien meilleure en terme de définition avec sur le DVD, mais tout aussi), Pyun raconte l'origine du projet, les moult détails techniques dans l'élaboration des plans. Egalement les contraintes de tournage, les frustrations rencontrées lors de certaines scènes avortées. Notamment sur la fusillade du début qui aurait du se parer d'une course-poursuite à travers un marché à Downtown L.A, ce qui fut refusé par la ville. Alors que l'équipe n'eut aucun souci pour tourner sur un site industriel abandonné bourré de produits toxiques! Le commentaire se focalise sur la vision originale du réalisateur, ses challenges techniques - surtout la relation entre le choix des décors et la psychologie du personnage principal. Et qu'il réussit à persuader Imperial à accompagner cette vision en alignant le budget nécessaire à déplacer l'équipe de tournage de déserts en sites abandonnés jusque dans la jungle hawaïenne.
Il lâche également que ce fut la dernière fois qu'il eut autant de talents à disposition pour un seul film. Il se disperse par moments, jusqu'à s'arrêter en pleine phrase (à la 27e mn) parlant de Michelle Monaghan. Pourquoi? On ne saura jamais. Humble, il ne tarit pas d'éloges sur Olivier Gruner, Deborah Shelton, les techniciens, tout en reconnaissant un tournage très difficile. Et que la grande majorité ne fut pas payée en fonction de leurs tarifs habituels mais accepta de travailler sur NEMESIS malgré tout… Le commentaire s'agrémente de quelques pauses de silence. On pourra peut-être regretter quelques manques concernant le travail avec certains acteurs (aucun mot sur Thom Matthews pourtant un de ses acteurs réguliers, aussi) ou sur les enjeux d'écriture du scénario. Un moment très précieux demeure l'élaboration de la fameuse séquence où Olivier Gruner s'échappe en tirant à terre autour de lui afin de s'échapper d'un immeuble en tombant d'étage en étage (à partir de 49mn 33 sur le Director's Cut). Assurément une des meilleures scènes d'action jamais réalisées et maintes fois copiée par la suite. Pyun possède des souvenirs très précis, sur les techniques employées et des effets gagnés, tout comme des implications économiques de tourner à Fontana. En fait, le commentaire éclaire vraiment sa volonté de livrer une oeuvre en logique avec son sujet, ayant visuellement opté pour une adéquation entre les sentiments confus d'Alex sur sa notion d'humanité. Un refus de son statut de machine, donc un refus d'une notion de vision futuriste habituelle, aux couleurs attendues dans ce type d'environnement robotisé : une cohérence de style notable. Le montage du commentaire reste malgré tout bizarre, car à 77mn56, le morceau concernant la vieille dame tirant sur un cyborg réapparait sur des images qui n'ont rien à voir. Erreur manifeste?
Pyun termine sur une note assez amère, indiquant avoir été dépossédé du film dès le moment où il compléta son Director's Cut initial à la table de montage. Le producteur prit la copie et effectua son propre montage et contre l'avis d'Albert Pyun, choisit Michel Rubini pour la musique au lieu de Tony Riparetti. Le réalisateur clarifie ne pas apprécier la musique, ne collant pas selon lui au film (on est bien d'accord avec lui!) et ne correspondant pas du tout à ce qu'il avait imaginé. A noter enfin que le commentaire, accessible via 18 chapitres seulement lors de sa vision, est en anglais non sous-titré.
Enfin, le quatrième disque (DVD) recèle tout d'abord le montage allemand (en langue de Goethe non sous-titrée), qui fut expurgée d'un peu plus de 4 minutes. D'une durée de 91mn24 (sans le pré-générique «Imperial») , la voix off allemande devient… féminine. Ce n'est donc plus Alex Rain qui s'exprime mais une tierce personne qui raconte son histoire. Ce qui boucle sur le choix premier du metteur en scène ne souhaitant pas que ce fut Alex qui s'exprime (Pyun craignait le fort accent français de Gruner), mais une jeune adolescente de 14 ans (Megan Ward, donc). Il manque le deuxième cassage de tête d'Alex (42mn20). En comparant avec les autres montages, déjà à ce moment deux minutes en moins. La violence semble tempérée, comme par exemple les plans amoindris du décalottage crânien d'Alex : 82mn25 dans le German cut, mais à 86mn56 dans la version cinéma et 78mn38 dans le Director's cut où la peau s'accroche bien à une pièce de métal à deux reprises. On pointe cependant une qualité visuelle assez agréable - il faut néanmoins se contenter du doublage allemand et d'une piste sonore en Dolby Digital 2.0.
Puis c'est la pluie de making of en tous genres. Tout d'abord celui qui se trouvait à l'origine sur le Laserdisc NTSC, en format 4/3 et plein cadre. Attention, les interviews d'Eric Karson, Olivier Gruner, Tim Thomerson, le spécialiste des effets spéciaux Terry Frazee révèlent de nombreux spoilers. il vaut donc mieux voir ce morceau après la vision du film ! Bizarrement, par contre, la fin est brutalement coupée. En fait, les autres segments promotionnels d'époque réalisés par Imperial Entertainment se recoupent par rapport au premier Making Of (durée : 9mn 21 sur le Laserdisc NTSC de chez Image Entertainment). On retrouve certains morceaux d'interviews dans l'ensemble des 4 making of. Très dommageable et frustrant: Gene Warren coupé en pleine explication d'un effet réalisé en direct sur le plateau de tournage.
Ensuite une présentation de fan (en allemand) sur la tétralogie NEMESIS sortie précédemment en DVD. Décrivant scénario des films et contenu des DVD, on peut aisément s'en passer (sans sous-titres). Un segment nommé «Killcount» compile le nombre et les scènes de cadavres qu'Alex Rain laisse derrière lui! Et une review video du site Geek Legion of Doom (en anglais) complète le tout. Les fanas germanophones pourront prolonger leur plaisir némésique avec un livret de 16 pages appelé «Behind the scenes» écrit par Oliver Krekel, l'homme par qui cette édition totale arriva. Avec également des interviews d'Olivier Gruner, Norbert Weisser et Matthias Hues.
Vous l'aurez compris, cette édition de NEMESIS vaut très largement le détour ! On regrette que les pistes sonores proposées ne soient pas non compressées et que son accès reste limité aux anglophiles. Mais pour les amateurs d'Albert Pyun, de SF, d‘action intense, et de travail éditorial complet, le Blu Ray allemand de NEMESIS est vivement recommandé.