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Critique du film
GHOST RITUALS 2014

 

En France, nous avions ELLE VOIT DES NAINS PARTOUT. En Chine, ça serait plutôt "il voit des fantômes partout" avec GHOST RITUALS. Nouvel avatar d'histoires de fantômes chinois, le film narre les aventures d'une troupe de théâtre d'Opéra cantonais qui se retrouve assailli d'esprits. Le retour du fils du metteur en scène, après la déconfiture de son entreprise, va provoquer pas mal de jalousies. Le metteur en scène tombe malade, et nomme son fils Zong (Nick Cheung) responsable du nouveau spectacle. Désespoir de la troupe et surtout des fantômes qui rappliquent vite fait.

Il s'agit de la première réalisation de la star chinoise Nick Cheung (STOOL PIDGEON, ELECTION, EXILE) qui tient également le premier rôle. Une co-production sino-malaise qui tente de marier les influences des deux pays à l'écran. Pas franchement gagné. Dès la scène d'ouverture, un esprit rampe sous une voiture sous les yeux effrayés d'une grand-mère faisant offrandes et rituels de protection en plein rue. Se disant que la jeunesse ne respecte plus rien, le film démarre sur la véritable histoire. En fait, cet avertissement aurait du mettre la puce à l'oreille. Car sous couvert d'un nième film de fantôme, le spectateur va se voir infliger une bonne leçon de morale confucianiste.

En fait, le récit va rester complètement nébuleux sur les intentions des apparitions. Tout part d'un rituel propre au théâtre cantonnais, où une générale a lieu devant des sièges vides, et dont le reste de l'équipe se trouve dos à la scène. Ceci afin de chasser les aurais esprits et d'assurer le succès de la représentation pendant la saison. Couplé à une histoire parallèle mêlant retour du fils indigne, jalousie entre deux actrices quant au premier rôle, faveurs sexuelles accordées au actrices pour être privilégiées, jalousie d'une soeur envers son frère (la peut qu'il revienne pour l'héritage)… un catalogue de comportements amoraux que les événements paranormaux vont rapidement corriger. Pourquoi? Bonne question. Car pendant les 3/4 du film, rien ne semble vraiment guider le récit en ce sens.

Rapidement, les deux donzelles qui se déchirent pour le rôle principal vont se faire posséder et donc, adopter un comportement radicalement différent. Y compris la soeur jalouse. On vit une équipe de fantômes formidables. Au lieu de se précipiter tout de suite sur ce monde et en finir en cinq minutes, ils vont donc tranquillement attendre la durée du métrage pour se manifester vraiment. Une possession par ici, un jump scare par là, quelques manifestations hasardeuses. Ca s'appelle le suspense. Sauf qu'ici, tout tombe régulièrement à plat car n'entretient qu'un lien ténu avec l'imbroglio familio-professionnel que le cinéaste essaye de nous faire avaler.

La seule manière trouvée de faire réagir : grands renforts de basses, infra basses et effets sonores afin de réveiller le spectateur assoupi (ou peut-être déjà mort?) mais surtout de bien montrer à quel moment il faut commencer à tenter d'avoir la trouille. Des déchainements sonores assourdissants! Un argument habituel des cinéastes incapables de construire un cadre horrifique vraiment capable de terrifier leur audience. Donc recourir aux bons vieux trucs de foire. Tout dans la forme, rien dans le fond. Preuve en est l'explication de toutes ces interminables tentatives de présence surnaturelles qui est balancée comme un Deus ex Machina dix minutes avant la fin. INCAPABLES!

Presque conscients d'avoir hypnotisé son auditoire jusqu'à l'assoupir, le cinéaste se réveille et balance la sauce dans les dix dernières minutes du film. Entre une bande-son toujours aussi tonitruante, un déploiement d'effets spéciaux, d'agressions aériennes de fantômes blanchâtres dans le théâtre. Le film possède le mérite de terminer sur un gros «bang», mais c'est trop peu, trop tard au bout des 85mn. Même si l'on sent que l'équipe met toutes ses forces dans la bataille.

Partagé entre le respect des origines théâtres et de traditions séculaires, la peinture du quotidien d'une troupe d'opéra lambda et ses tentations de s'éloigner des codes moraux exigeants, le film de fantôme intervient comme un cheveu sur la soupe. GHOST RITUALS partait pourtant d'une idée originale, restée à quai lorsque le film a été tourné. Mal exploité, tourné de manière insipide malgré le format Scope déployé, le film demeure mou, poussif, obscur et ne génère strictement aucune trouille quelconque. Le scénario ne revêt aucun intérêt et il s'éparpille dans des moments inintéressants au possible. hormis le fait que les fantômes sont de fins connaisseurs de notre technologie actuelle - même s'ils sont vieux de plusieurs de centaines d'années. Déjà vu et déjà fait cent fois, il s'agit d'un produit de consommation courante, banal, qui n'arrivera probablement jamais sur nos rivages (légalement, s'entend). La tête d'affiche connue peut générer un quelconque succès en Asie. Ailleurs, c'est une tout autre question. Le plan final, prévisible, ne rattrape en rien l'ennui incommensurable que le courageux cinéphile aura subit jusqu'au bout.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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