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Critique du film
AUX YEUX DES VIVANTS 2014

 

Pour éviter une heure de colle, lors de leur dernier jour de classe avant les vacances d'été, trois copains décident de faire l'école buissonnière. Après une errance dans la campagne, ils décident d'aller faire un tour à Blackwoods, d'anciens studios de cinéma abandonnés.

Après A L'INTERIEUR et LIVIDE, Alexandre Bustillo et Julien Maury persévèrent dans le cinéma d'horreur avec un troisième long-métrage. AUX YEUX DES VIVANTS reprend d'ailleurs, par certains côtés, des éléments utilisés dans les deux premiers films déjà cités. L'ouverture de AUX YEUX DES VIVANTS rejoint l'hystérie sanglante de A L'INTERIEUR, un lien d'autant plus évident que Béatrice Dalle s'y montre de nouveau en «maman» agressive. Les étranges relations parentales semblent à l'évidence titiller les deux cinéastes puisqu'on les retrouve dans LIVIDE et donc AUX YEUX DES VIVANTS. Ce dernier reprend aussi la virée de trois jeunes qui vont s'égarer dans un lieu mystérieux dans lequel se cache un effroyable secret à l'instar de LIVIDE. A partir de là, difficile de ne pas voir dans le duo de cinéastes un couple d'auteurs qui brassent des thèmes récurrents au travers de leurs films. Mais ce sont deux auteurs qui ont déjà livré deux métrages bancals et ce troisième essai pour le cinéma ne fait que continuer de creuser le même sillon qui, espérons le, ne deviendra pas leur tombe !

Dans les premières secondes de AUX YEUX DES VIVANTS, on retrouve un trio de gamins qui sonnent aux portes pour y récupérer des bonbons au moment de la fête d'Halloween. Un détail qui fait directement écho à une séquence de LIVIDE qui, elle-même, faisait un hommage appuyé à HALLOWEEN III : LE SANG DU SORCIER. Un petit clin d'œil qui nous rappelle que les deux cinéastes sont très largement influencés par le cinéma des autres. AUX YEUX DES VIVANTS est ainsi le curieux mélange entre deux types de films à priori peu compatibles. D'un côté les métrages mettant en scène des bandes de gamins, hérités des années 80, et de l'autre le cinéma de Tobe Hooper. En soit, l'idée est intéressante et permet de mettre face à face l'innocence de trois adolescents avec une brutalité bien plus adulte. Malheureusement, les mômes ne sont pas vraiment attachants car le film les présente comme des délinquants en puissance. Cela s'avère d'autant plus gênant que leur passage à l'acte trouve une réponse morale dans l'horreur à laquelle ils vont être confrontés. Dommage car la partie scolaire et la première partie de l'escapade buissonnière donnaient l'impression de lancer le métrage sous de bons auspices !

L'ombre de Tobe Hooper plane méchamment sur AUX YEUX DES VIVANTS. On retrouve l'aspect forain du réalisateur de MASSACRES DANS LE TRAIN FANTOME ou encore de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2 ! D'ailleurs, à l'origine, le film aurait dû se dérouler dans un parc d'attraction désaffecté, un lieu où la famille dégénérée de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2 avait investi les sous-sols. Il en va de même ici à l'exception du fait qu'il s'agit d'un ancien studio de cinéma. A vrai dire, à l'écran, ce serait un village abandonné, il n'y aura pas de vraie différence. L'esquisse d'une rue, deux épaves et une caravane, ce sont les studios de cinéma de AUX YEUX DES VIVANTS. Pas de quoi s'enthousiasmer outre mesure, la véritable demeure des croquemitaines du film se résumant à une galerie souterraine éclairée par des guirlandes la rapprochant énormément, mais en moins fortuné, de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2. L'arrivée dans ce lieu étrange marque un nouveau virage dans le ton du film qui va passer rapidement sur un aspect survival pour embrayer assez vite sur une recette de slasher des plus communes. Et depuis les premières minutes du film, les deux cinéastes font monter la sauce à propos de leur «monstre». Tellement que lorsque celui-ci est révélé à l'écran, on s'aperçoit qu'il s'agit simplement d'un albinos avec une petite bite (ou pas de bite du tout ?). Rien d'abominable en soit à moins d'avoir une vilaine aversion pour les hypertrophies génitales ! Mais le vrai monstre, c'est en réalité la figure paternelle qui protège son idée de la «famille», un groupe limite tribal qui rejoint les clans meurtriers de LA COLLINE A DES YEUX ou forcément la série des MASSACRE A LA TRONCONNEUSE. Le métrage avance donc sur un terrain très connu et a finalement un peu de mal à créer de véritables surprises. La dernière partie de AUX YEUX DES VIVANTS est très certainement la plus faible mais aussi, curieusement, la moins laborieuse. En entrant dans une mécanique de slasher, le film nous gratifie de quelques meurtres et de poursuites avec le tueur. Moins violent que le prologue du film, cela permet de dynamiser un tout petit peu le spectacle. Cela pourrait se terminer sur une note positive si AUX YEUX DES VIVANTS ne nous balançait pas un épilogue à la DARKMAN avec une voix-off dont le sérieux olympien détruit le maigre capital sympathie du métrage.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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