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Critique du film et du Blu-ray Zone B
GHOST SHARK 2013

 

Dans la série des films animaliers aux concepts les plus improbables, on n'avait pas encore eu droit à un requin fantôme. Chose faite avec GHOST SHARK, où après qu'un requin se soit fait dégommer à la grenade par deux rednecks, il s'en va reposer dans une grotte percluse de pouvoirs magiques. Il devient fantôme et attaque les locaux de la ville côtière de Smallport pour se venger... et il possède le pouvoir de surgir de n'importe quel endroit où se trouve de l'eau.

En collaboration avec SyFy, Active Entertainment a embauché une pointure du genre : G.E Furst, connu aussi sous le nom de Griff Furst, acteur et réalisateur des bien burnés ARACHNOQUAKE, LAKE PLACID 3 et KILLER SHARK. Les concepts lourds comme du béton armé, il en connait un rayon. Et ici, notre ami des bébêtes agressives va larguer non seulement une novation du genre mais également des scènes les plus improbables qui soient. Avec un clin d'oeil permanent au spectateur - pour bien montrer qu'il n'est pas dupe de ce qu'il filme, tout en effectuant un petit détour par L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR via un extrait de film annonce. Car après les assauts des SNOW SHARK, KILLER SHARK et autres BEACH SHARK, il faut quand même une sacrée dose d'humour pour déjà avaler un requin fantôme qui saute de seau d'eau en flaque, mais également d'avaler des personnages aussi idiots qu'insupportables.

Un casting hors norme pour commencer: le nom le plus connu s'avère Richard Moll, infatigable acteur de second rôle du cinéma US, que les amateurs de bis connaissent via METALSTORM, LE MAITRE DU JEU, NIGHT TRAIN TO TERROR, SPIDERS 2 ou même LA FAMILLE PIERRAFEU ! Pour le reste, Griff Furst a choisi un ensemble hétéroclite d'acteurs peu connus qui ont tous la particularité de n'être en rien des gravures de mode attendues pour ce type de métrage. On a bien un clone de Paris Hilton, une véritable idiote pleutre qui se fera trancher en deux malgré une fuite en jet-ski. Mais le reste est composé de visages et corps qu'on ne voit pas habituellement. un bon point pour la diversité. Même si les clichés habituels du film de genre sont respectés à la lettre : il ne fait pas bon être obèse ou noir quand un requin traîne dans le coin. Ceci dit, le niveau général de l'interprétation étant d'une médiocrité de stricte obédience cormanienne période 54-60, on pardonnera aisément les facilités scénaristiques visant à étriper le moindre humain qui passe à l'écran.

La patience du cinéphile bisseux amateur de requins qui mange à tous les râtelier va être mise encore à rude épreuve, surtout après SHARKNADO. Le nawak total qui part en vrille, SyFy en a admis le principe et décline depuis plus d'une décade les croisements les plus insensés. GHOST SHARK ne manque pas à la règle et le spectateur va en avoir pour son argent. Vous n'aviez jamais vu de requin fantômes sortir d'un verre d'eau ingurgité par un malheureux troisième rôle, avec comme résultat le fait de l'ouvrir en deux et d'en émerger ? GHOST SHARK vous le fait. Un hipster tatoué qui saute d'un plongeoir et qui se fait avaler en l'air par le requin fantôme qui saute depuis le fond de la piscine ? Gagné. Le requin qui sort d'un conduit d'évier ? Banco! Les nanas en bikini qui font un car wash et se font emporter par un flot de requin en pleine rue, dont une avalée par un seau d'eau ? Youpi. En fait, les auteurs défoncent gravement les lois de Newton...en fait, toutes les lois possibles et imaginables. On y tue allègrement les enfants, on coupe en deux tout ce qui passe, on mange des doigts, des têtes, des corps... et en y regardant de plus près, on détecte d'étranges similarités entre la structure de GHOST SHARK avec celle des GRIFFES DE LA NUIT. En y retrouvant même la scène identique de la baignoire!

En fait, aussi fou (ou débile, selon le point de vue depuis lequel on se place) que le projet puisse paraitre, il y a fort à parier que le budget initial et scénario soient au diapason d'une série B voire Z emballée à la va vite. GHOST SHARK fait indéniablement partie de cette catégorie, Et malgré les colossales incohérences propres au genre, on notera un certain soin à l'élaboration des scènes d'attaques et de la facture technique générale. Même les effets spéciaux mécaniques demeurent honorables. Mais si vous êtes prêt à pardonner certains effets numériques bas de gamme, contenir votre hilarité à l'approche du requin fantôme translucide, GHOST SHARK est la série B idéale de votre fin de soirée. Le film est indéniablement stupide, mais en a vaguement conscience - sans tomber dans une vision postmoderne d'une niéme copie des DENTS DE LA MER, dont la scène d'ouverture fait une petite référence. A bien y réfléchir, il s'agit probablement d'une des meilleures productions SyFy qui aient été régurgitées ces dernières années.

Le film est disponible en Blu-ray britannique, zoné B (donc compatible avec les lecteurs français) et d'une durée complète de 83mn29. Au format 1.78:1 et 1080p, il possède deux pistes sonores anglaises. La première en LPCM 2.0 et la second en DTS HD Master Audio 5.1, donc non compressé. On préférera la seconde, plus dynamique et enveloppante - d'une belle précision en effets sonores et pour la mise en avant de la partition musicale d'Andrew Morgan Smith, plus travaillée que pour des produits similaires - avec certains accents assez JohnWilliamsesques. A noter que la connaissance de la langue anglaise reste impérative, l'édition ne comportant aucune piste francophone, ni aucun sous-titre. Le film, tourné avec du matériel Panavision, est doté d'un très beau piqué image. Qu'il s'agisse de scènes d'intérieurs ou d'extérieur, les couleurs sont plaisantes, les teintes de peau naturelles. Aucune aspérité de quelque ordre que ce soit et aucun souci de compression notable. Un bel hommage au travail du directeur photo qui effectue un travail beaucoup plus travaillé que les travaux récents de chez The Asylum, entre autres. Un sens du détail évident, même si les scènes nocturnes n'offrent pas un contraste des plus plaisant - voir en ce sens vers la fin la scène de la grotte avec Richard Moll et le cadavre du requin.

L'interactivité se limite au seul film annonce, l'éditeur britannique ayant cru bon de ne produire aucun bonus propre au métrage. A noter qu'une édition allemande a fait surface, dotant GHOST SHARK d'une 3D suspecte, comme il est devenu de rigueur sur le marché teuton - la 3D semblant devenue un argument de vente obligatoire pour ce type de films.

GHOST SHARK apparait comme une production hautement risible, mais Griff Furst maintient le rythme en dézinguant à espace constant tout ce qui passe sans aucune raison. Le film parvient à se hisser sans peine au-dessus du panier de films d'agressions animales made in SyFy. Le Blu-ray anglais étant de qualité là aussi meilleure qu'espérée bien que peu pourvu en bonus et sans aucun sous-titre, GHOST SHARK est tout de même recommandé.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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L'édition vidéo
GHOST SHARK Blu-ray Zone B (Angleterre)
Editeur
Signature
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
Angleterre (Zone B)
Date de Sortie
Durée
1h30
Image
1.78 (16/9)
Audio
English DTS Master Audio 5.1
English PCM Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
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