Un producteur débarque à Buenos Aires avec une actrice connue pour démarrer le tournage d'un film à gros budget. Pendant ce temps, un gang de femmes bikers sont sous l'influence maléfique d'un homme qui se fait appeler Satan…
Michael Findlay et sa femme, Roberta Findlay, se spécialisent dans de petites pelloches d'exploitation où l'érotisme est prédominant. Au début des années 70, le couple s'envole pour l'Argentine où sera tourné un film d'horreur inspiré par l'histoire de Charles Manson. On y retrouve un gourou entouré de nanas sexy qui vont s'adonner à la drogue, au sexe, à la torture et au meurtre pour finir par un véritable massacre. A sa sortie, THE SLAUGHTER passe totalement inaperçu malgré son sujet racoleur. Quelques années plus tard, le distributeur Allan Shackleton détient le film et ne sait trop quoi faire. Il a alors l'idée de profiter des rumeurs qui commencent à circuler à propos de métrages en provenance d'Amérique du sud où des «acteurs» sont réellement mis à mort devant la caméra. A l'origine, le terme «snuff», désignant ce type de film, est justement lié au mythe de Charles Manson et il n'en faut pas plus pour déterrer THE SLAUGHTER auquel va être ajouté quelques minutes supplémentaires. Un petit prolongement où l'équipe de tournage du film exécute une actrice après quelques tortures. Cette nouvelle séquence s'insère assez bien en prolongeant une scène de THE SLAUGHTER et nous révélant par l'intrusion d'une seconde caméra l'envers du décor. Si la séquence n'a rien de très crédible, le film va tout de même créer une énorme polémique aux Etats-Unis, grandement aidé par le distributeur qui n'hésite pas à engager des actrices pour manifester contre son propre film de manière à ce que l'on en parle dans les médias. Les affiches de SNUFF indiquent aussi qu'il s'agit d'un «film qui n'aurait pu être fait qu'en Amérique du sud… où la vie humaine est bon marché». Surfant sur la provocation, le stratagème fonctionne et se montrera plutôt rentable !
A partir de là, SNUFF est autant une véritable arnaque cinématographique qu'un coup de génie marketing. Trois décennies plus tard, SNUFF est essentiellement une curiosité. En effet, les qualités du film sont assez faibles et, en tant que tel, il se montre largement moins probant qu'un autre métrage ayant surfé sur une même idée, CANNIBAL HOLOCAUST. Mais il faut rappeler que SNUFF n'est en réalité composé que d'une courte séquence venant terminer un long-métrage qui perd, au passage, quelques morceaux. Cela dit, la vision de SNUFF ne donne pas vraiment envie de découvrir THE SLAUGHTER dans son intégrité. Joué maladroitement, suivant des personnages très caricaturaux et enfilant des séquences poussives, la partie filmée par Michael Findlay et son épouse n'a rien de bien engageant. Quelques passages tentent de dynamiser le propos avec de la musique rock et des virées à motos singeant maladroitement EASY RIDER mais l'ensemble se pare d'un ton «arty» qui s'accorde très mal avec l'aspect bricolo de l'ensemble. Il faut donc s'accrocher pour en arriver à la fameuse scène qui a fait la réputation de SNUFF. Le souci étant, bien évidemment, que cet artifice n'amène rien de spécial si ce n'est de terminer le métrage sur une séquence choc et sulfureuse. Nous sommes donc face à ce que le cinéma a de plus mercantile et, en dehors de son aspect «Historique», SNUFF n'a rien de spécialement recommandable… Dès lors, c'est surtout l'histoire du film qui devient intéressante plus que le métrage lui-même ! SNUFF a d'ailleurs participé à la propagation des rumeurs de films produits spécialement dans l'optique de filmer des meurtres. Par la suite, Paul Schrader tournera ainsi HARDCORE alors que les Japonais produiront la série des GUINEA PIG, quelques exemples de métrages qui vont perpétuer la légende urbaine des films «snuff»...
En 2003, Blue Underground avait sorti SNUFF en DVD sans aucun supplément et sous une jaquette laissant planer le mystère concernant la provenance du métrage. Dix ans plus tard, l'éditeur américain ressort le film en proposant un tout nouveau master en haute définition issu de l'une des dernières copies du film existantes sur pellicule. Le Blu-ray nous permet donc de découvrir SNUFF dans un transfert 1080p/24 qui est plutôt «roots». Nous sommes clairement devant une image en haute définition mais l'image laisse apparaître pas mal de soucis de pellicule ainsi qu'un grain proéminent. Rien de bien grave, cela donne à l'image un véritable aspect cinéma qui tend à se perdre. La sonorisation ne fait pas non plus dans l'esbroufe, l'éditeur propose la piste mono d'origine en DTS HD Master Audio. Ceux qui ne comprennent pas parfaitement la langue anglaise pourront se raccrocher à un sous-titrage dans la langue de Shakespeare. Si Blue Underground proposait sur un grand nombre de ses Blu-ray des sous-titres en français, ce n'est donc pas le cas ici !
La partie la plus intéressante de cette édition de SNUFF, ce sont ses suppléments. Etrangement, le film est présenté par le Danois Nicolas Winding Refn. Le réalisateur de DRIVE et VALHALLA RISING introduit le film mais s'exprime aussi, un peu plus longuement, dans une interview. Aussi bizarre que sa présence sur ce Blu-ray, il exprime le fait qu'il avait surtout été enthousiasmé par la première partie du film, celle tournée par Michael Findlay. Quelque part, cela n'a rien de surprenant puisque THE SLAUGHTER propose des séquences à la limite du trip auteurisant tout en faisant l'emphase sur la violence. Hormis le fait que Nicolas Winding Refn exprime qu'il ne reverra probablement jamais le film, au final, le cinéaste danois pas grand chose de pertinent à ajouter sur ce qui est dit par Carter Stevens. Normal puisque ce dernier était derrière la caméra avec l'équipe ayant tourné les minutes supplémentaires de SNUFF pour le compte de Allan Shackleton. Le cinéaste américain raconte donc l'histoire du film de sa genèse jusqu'à son exploitation aux Etats-Unis et la controverse qui l'accompagna. La polémique, on la retrouve aussi au travers d'une longue galerie d'articles de presse datant de la sortie américaine de SNUFF. Une autre galerie propose de voir des affiches, visuels et photos du film. La promotion du métrage, on la découvre aussi au travers de la bande-annonce originale ainsi que celle utilisée en Allemagne. Les deux derniers suppléments se focalisent sur la légende des films «snuff». On peut lire un texte, sur plusieurs écrans successifs, d'Alexandra Heller-Nicholas à propos de l'histoire du «snuff». Plus étonnant, un agent du FBI à la retraite partage ses souvenirs concernant ses enquêtes durant les années 70 concernant ce type de films. Une interview qui a le mérite de tordre le coup aux rumeurs puisque malgré ses investigations, Bill Kelly n'a jamais trouvé de preuve concernant l'existence de «snuff movies». Et c'est tant mieux !