Une plate-forme pétrolière et un sous-marin expérimental disparaissent au large de la côte Est des Etats-Unis. Il n'en faut pas plus au général Hadley (Graham Greene) de dépêcher leur nouvelle arme secrète: trois robots géants capables de descendre dans les profondeurs des océans. Ils y découvrent un monstre marin qui ne tardera pas à s'attaquer à New York.
Tout ce que vous pouvez penser d'ATLANTIC RIM (retitré ATTACK FROM BENEATH aux Etats-Unis !) sans l'avoir vu est vrai. Oui, il s'agit d'un démarquage assumé de PACIFIC RIM sur le sujet des monstres contre des robots géants. Oui, il s'agit d'une production de la désormais célèbre firme The Asylum, connue pour ses «mockbusters» comme MEGAPIRANHA ou encore TRANSMORPHERS, singeant et copiant les blockbusters les plus en vue du moment. Oui, The Asylum compte sur un marketing à la pointe ainsi que le buzz internet pour faire monter la sauce et parler du film. Oui, le budget est minuscule et repose sur des effets numériques bas de gamme.
Une fois posées ces bases, vous savez donc parfaitement à quoi vous devez vous attendre. Les amateurs d'effets soignés iront ailleurs et les fanas de séries B emballées vite-fait-bien-fait seront sur leurs dents. En fait, ils s'avèrent assez malin chez The Asylum et ils savent produire un film annonce diablement entrainant. Malheureusement, le visionnage des 82 minutes de métrage sont loin des attentes suscitées par la bande-annonce. Le film reste mauvais, fauché et mal torché mais, curieusement, si vous êtes dans un bon jour, cela peut passer. ATLANTIC RIM est à 2013 ce qu'un INVASION OF THE SAUCER MEN et Edward L. Cahn pouvait être à 1957. Une série B d'exploitation qui surfe sur le succès du moment avec un budget infinitésimal, sur un sujet connu d'avance, tourné à la va-vite et qui bénéficie du savoir faire artisanal des auteurs maison. En y ajoutant une palanquée de stock-shots venus d'ailleurs, entre un Mardi gras local assez flonflon-la-rillette et autres tanks, jets et portes-avions importés d'autres films. Ca veut faire «riche» mais ça n'y parvient pas vraiment !
Du côté de l'action resserrée, et pas de chez Swann, le spectateur y trouvera son compte. Le film démarre par l'attaque d'un monstre marin qui détruit une plate-forme pétrolière. Dans le sous-marin, deux donzelles aux cheveux lissés tentent désespérément de nous faire croire qu'elles savent manier des boutons verts, jaunes et bleus avec écrans radars. Bon, elles ne trompent personne. Mais qu'importe. Si vous êtes déjà en train de regarder ATLANTIC RIM, l'esquisse de la réalité ne fait pas partie de vos préoccupations premières. Et le rythme rapide perdure le long du métrage, cela apporte un relatif bon point.
Le schéma appliqué depuis quelques temps ne change pas vraiment. Si les décors font moins cheap que dans MEGAPIRANHA, on reste un peu sur notre faim. D'un autre côté, en pénétrant dans l'univers The Asylum, on sait forcément que l'ensemble apparaitra fauché aux yeux du plus grand nombre. Donc le reprocher ne sert à rien, mais c'est plutôt sur l'utilisation de l'espace, le montage et le rythme que l'on jugera Jared Cohn qui (sur)joue également le rôle d'un pilote nommé «Spit fire». Il faut reconnaitre que l'action ne faiblit que très rarement. Le scénario, excessivement mal fagoté et dotant les personnages de dialogues spectaculairement cons, ménage sa peine pour glisser des rebondissements quand il le faut. Quitte à ce qu'ils soient improbables voire stupides : le sauvetage de la jeune ado dans un immeuble en flammes fait peine à voir tant par le jeu des acteurs, le papa éploré joue comme une tarte, que des flammes numériques ringardes. Le tout noyé dans une narration qui saute à pieds joints dans les trous scénaristiques, les facilités et les non-sens absolus. Un modèle : Treach qui essaye d'ouvrir une forme fermée à coups de marteau (au ralenti) sur la poignée. C'est beau. Ou encore le trio de héros qui s'envoie des litrons d'alcool entre chaque mission. C'est aussi très beau.
Les acteurs principaux font ce qu'ils peuvent pour maintenir la pression. Si Graham Greene, très très loin de DANSE AVEC LOUPS ou de MAVERICK, éprouve toutes les peines du monde à se libérer d'un masque qui vire à la paralysie faciale, on ne peut pas en dire autant de l'acteur-surfer David Chokacki. Sorti d'ALERTE A MALIBU, sa carrière avançait cahin-caha et il n'était qu'une question de temps pour qu'on le retrouve dans une production The Asylum. Mission accomplie en 2011 avec BORN BAD du même Jared Cohn et l'on constate une nouvelle fois ici que ses talents d'acteur n'ont pas évolué d'un demi centimètre. Grimaces, coups de gueule, gros plans sur les yeux bleus. Seul Steven Marlow vole la vedette à tout le monde dans le rôle du militaire borgne qui veut, à tout prix, balancer une bombe nucléaire pour régler les problèmes. Jackie Moore excelle en blonde décolorée sportive et l'ex-rapper devenu acteur Anthony ‘Treach' Criss (ART OF WAR III, quand même) n'apparait pas déplacé au milieu de tout cela. Pas un bon acteur, pas un bon coureur mais il semble un bon contrepoint à l'hystérie testoréronée de David Chokacki. Seul point noir : on ne croit pas une seule seconde au triangle amoureux qui règle ses comptes devant une téquila avant d'aller casser du monstre marin. La tentative de psychologie à deux dollars échoue lamentablement. Et Jared Cohn prouve que la direction d'acteurs, ce n'est pas son truc.
The Asylum en profite au passage pour s'adonner au recyclage. Des idées, d'abord... Elles proviennent à la fois de PACIFIC RIM, ROBOT-JOX bien sûr, mais également de leurs propres productions comme MEGA SHARK VS CROCOSAURUS, certains films de monstres japonais qui pondent des aventures à base d'œufs laissés ça et là (on citera GAPPA, entre autres...) et surtout le GODZILLA de Roland Emmerich... Jusqu'à en reprendre le concept de la bêbête lâchée dans Manhattan, le sous-marin qui rôde et le final vers le pont. Mais on recycle aussi certains plans et effets de leurs récentes productions «marines». «Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transmorfe.» pourrait être la devise The Asylum.
L'humour qui sauvait MEGAPYTHON VS GATOROID ou encore MEGAPIRANHA est hélas quasi absent ici. On a bien droit à un malheureux missile qui fait exploser un immeuble "par erreur" et dont Red (David Chokacki) s'excuse par un bref «Oups» tout en faisant des centaines de victimes. Le premier degré raté de certaines scènes ou certains plans déclenche le rire, pas le côté semi-parodique ou les répliques pleinement conscientes de leur débilité. Dommage, car il y avait de la matière. ATLANTIC RIM surfe sans vergogne sur la vague exponentielle des blockbusters à la mode. C'est aussi pour cela qu'on aime The Asylum : rentrer dans le lard des majors en suivant la mode, et en tentant même de la précéder. Certes, le mini-studio ne pouvait pas prévoir le semi-échec du film de Guillermo del Toro aux yeux du grand public. Mais qui ne tente rien n'a pas grand-chose à regretter, surtout vu le coût du film.
Au final, ATLANTIC RIM remplira son contrat d'alimenter le câble américain et bientôt sur des chaînes de télévision françaises bas de gamme genre W9. Le film demeure quand même quelque peu décevant sur le qualitatif mis en place. Les effets numériques des robots sur la première partie du film s'avèrent ratés et se rattrapent à peine sur le délire du quart d'heure final avec leurs armes respectives, qui font virer le métrage vers une sorte de néo-POWER RANGERS. Un grand moment, il faut le reconnaitre. Même les monstres, dont la première attaque est réussie, apparaissent parfois animés de manière médiocre (certains plans sont repris au moins deux fois !) et les incrustations laissent à désirer. Il y a quand même fort à parier que SHARKNADO pourra combler les quotas de qualité et de nawak faisant défaut ici.
Mauvais, fun mais un cran en-dessous de ce qu'on est aujourd'hui en droit d'attendre. Même si les effets numériques paraissent avoir une décade de retard, on ne masquera pas un tout petit plaisir coupable. Cela devra aussi compter avec ce que le spectateur jugera bon quant à l'absorption d'intense stupidité que dégage le film pendant sa durée. ATLANTIC RIM défie les lois du bon sens et de la critique. Mais en dépit de cadrages inadéquats, Jared Cohn sait maintenir l'action en quasi permanence pour éviter au spectateur de penser à ce qu'il vient de voir ou d'entendre. Surtout s'il se demande s'il a bien entendu ce qu'il a vu (ou vice versa). Bref, un maximum de poudre aux yeux qualité ultra low cost. Quel tempérament de feu a ce film-là !
Anchor Bay sort la machine de guerre en Grande-Bretagne pour larguer le produit. Une affiche attirante, une accroche... mensongère ! Car nous promettant des «Aliens» qui n'existent pas, puisque nous avons plusieurs monstres marins «kaiju-esque» d'un effet tout relatif. Cela n'empêche pas le verso de la jaquette de nous titiller avec «une aventure épique de science-fiction dans la veine de TRANSFORMERS et X-MEN». Ah bon ? Les fans que nous sommes savent ce qu'il en est en pénétrant dans le monde merveilleux de The Asylum, mais la promesse visuelle du packaging est à mille lieues de la réalité pour un spectateur lambda.
Le film débarque avec son format 1.77:1 et option 16/9e. D'une durée exacte de 81 mn 55 et non pas les 84 annoncées au recto de la jaquette. Et sur cette durée, il faut compter presque 5 de générique. Un menu fixe donne accès au chapitrage, aux pistes sonores et au film annonce original. 12 chapitres là aussi en menu fixe, ce qui conforte l'idée de produit bas de gamme que Anchor Bay poussa massivement chez les revendeurs anglais.
Deux pistes audio offrent un mixage original en langue anglaise, à la fois en 5.1 et en 2.0. On ne saura que vous conseiller le format 5.1 pour obtenir le meilleur enveloppement sonore possible. En même temps, le mixage ne permet pas de miracle. La majorité des effets et dialogues sont sur les canaux avant. La musique, un dzim-boum tak-a-tak-tak, reste en permanence en fond sonore : très abrutissante. Elle ne parvient que très rarement hors de l'action. Si bien qu'on a l'impression d'un bruit de fond désagréable qui ne change de mélodie que très rarement. Quelques effets d'explosions et lors des combats utilisent quelque peu les canaux arrière mais rien de transcendant. Un service «a minima», quoi.
Quant au visuel du film, il oscille entre le repoussant dans les couleurs saturées aux blancs brulés dans les scènes extérieures (notamment pendant les scènes juste avant l'arrestation de Red). La définition des contours demeure aléatoire et la couleur des visages ne fait pas très naturelle. L'ensemble reste quelque peu terne à l'œil de manière générale. Le montage hyper cut lors des scènes de combat donne le change à la fois sur les effets spéciaux approximatifs et sur la qualité du DVD, mais l'ensemble n'est quand même pas très joli à voir. A peine acceptable. Côté bonus, Anchor Bay ne propose que le film annonce original. Dommage, car l'édition américaine donnait un Making-of et un gag-reel aux amateurs de Bis affamés du «pourquoi du comment» d'un tel film. Nous vous laisserons juges sur l'opportunité éventuelle de l'achat de l'édition The Asylum éditée aux Etats-Unis. Les amateurs ultra de films de monstres sauront répondre à l'appel, les autres passeront allègrement leur chemin.