Dans le futur, les populations se sont regroupées dans de gigantesques villes autour desquelles ne subsistent que des déserts irradiés. Au sein de l'une de ses plus grandes villes, Mega City One, les forces de l'ordre tentent de faire régner la loi. Parmi eux, le Judge Dredd se voit confié une jeune recrue, le Judge Anderson, qui va devoir affronter sa première intervention dans l'univers ultra violent des blocks de la ville.
Le personnage de Judge Dredd apparaît sous la forme d'une bande dessinée à la fin des années 70 et va connaître une très grande renommée auprès des fans de comics. A tel point qu'il va même rencontrer Batman, le fameux héros de DC Comics, dans des aventures dessinées. Pourtant, Judge Dredd n'est pas un héros américain puisqu'il va naître en Grande Bretagne même si l'action de ses histoires se déroule dans Mega City One, un conglomérat urbain gigantesque situé sur la côte est des Etats-Unis. Son origine britannique transparaît dans le personnage et ses aventures à grands coups d'ironie et d'humour noir. Un aspect qui sera quelque peu oublié lorsque ce héros atypique va être transposé au cinéma au milieu des années 90 dans JUDGE DREDD. Cette première adaptation, réalisée par Danny Cannon, donnait le rôle principal à Sylvester Stallone qui retirait son casque très rapidement au début du film. Un geste pour le moins surprenant puisque Judge Dredd, sous sa forme dessinée, n'avait jamais révélé son visage aux lecteurs. Ce premier film intégrait au passage pas mal de personnages issus de la bande dessinée que ce soit le Judge Hershey, Rico ou encore Mean Machine. Toutefois, le métrage n'avait aucunement le mordant de la bande dessinée et offrait un simple blockbuster d'action et d'anticipation pas franchement convaincant !
Après les Américains, ce sont donc les Anglais qui s'attaquent à une nouvelle adaptation de la bande dessinée avec DREDD. Et pour ce faire, l'écriture en est confiée à Alex Garland. Ecrivain et scénariste, il est surtout connu pour ses collaborations avec Danny Boyle et particulièrement deux films qui s'avèrent très référentiels : 28 JOURS PLUS TARD et SUNSHINE. Il n'y a dès lors rien d'étonnant à ce que Alex Garland, nourri de ce type de cultures, empoigne le personnage de Judge Dredd de manière à le porter à l'écran. Toutefois, le cinéaste va se heurter à deux problèmes. Le grand public ne connaît pas l'univers de la bande dessinée. Et, surtout, les moyens mis en œuvre pour tourner le film sont relativement limités. Cela se ressent à l'écran puisque DREDD, le film, se montre très basique. L'histoire se montre ainsi des plus simpliste avec des enjeux très limités, juste de quoi présenter succinctement l'univers et le système judiciaire très particulier. L'intrigue de DREDD ressemble donc surtout à une introduction manquant un petit peu d'ampleur.
L'action de DREDD nous explique donc la notion de block, sorte de mini-villes regroupées au sein d'un gigantesque immeuble. DREDD nous présente aussi le Judge Dredd ainsi que la très difficile tâche de faire régner l'ordre dans Mega City One. La criminalité est si élevée qu'il est impossible de répondre à tous les appels ou encore de résoudre toutes les enquêtes. Une situation qui a donc mené à instaurer un système policier à la justice expéditive. Pas de procès ou de longues poursuites judiciaires, les flics sont des représentants de l'ordre qui font aussi office de juges et, le cas échéant, appliquent la peine de mort directement sur place ! Judge Dredd est donc un héros borderline, un flic aux méthodes musclées et un dur à cuire pour qui seul son travail compte. Les créateurs de la bande dessinée originale s'étaient inspirés du flic de L'INSPECTEUR HARRY en forçant encore plus le trait et le transposant dans un futur apocalyptique. Du coup, on ne sera pas surpris par le fait que pour DREDD, Alex Garland emprunte, comme il le fait souvent, à d'autres films. Quelques lignes de dialogues ou encore la relation entre le héros et sa coéquipière rappellent très nettement le personnage joué par Clint Eastwood, que ce soit dans L'INSPECTEUR HARRY, L'INSPECTEUR NE RENONCE JAMAIS ou encore MAGNUM FORCE avec l'intrusion d'une escouade policière. De la bande dessinée, DREDD ne nous propose qu'un avant goût et si l'on découvre un autre personnage de la version illustrée, le Judge Anderson, l'histoire en elle-même est totalement nouvelle.
DREDD se lance donc à l'assaut d'un trafic à grande échelle d'une drogue aux effets très particuliers. Le «Slo mo» donne l'impression que le temps se met à passer au ralenti. L'idée pourrait être anecdotique mais va être littéralement mise en image tout au long du film, lui donnant même ses meilleures séquences. Tournés avec une caméra à grande vitesse, ses passages permettent de voir l'évolution au ralenti du mouvement des particules de fumée ou des liquides, des objets ou des protagonistes. Ce qui n'aurait pu être qu'un gadget prend tout son sens grâce au scénario mais aussi au relief. Car le film a été tourné en 3D et de nombreuses séquences ont été manifestement pensées dans ce sens : l'énorme atrium du block, la gaine d'ascenseur, les ralentis... Mais, même privé de cette profondeur de champs supplémentaires, le résultat se montre plutôt spectaculaire et surtout très étonnant. Offrant ainsi une nouvelle vision de l'action, tout comme pouvait le faire le générique de RESIDENT EVIL : RETRIBUTION dans un genre différent. DREDD expérimente et se donne ainsi une vraie singularité. Mais tout cela ne camoufle pas complètement une intrigue trop minimaliste et l'impression, surtout au milieu du métrage, d'évoluer longuement dans des couloirs d'immeubles.
Malgré ses défauts, DREDD s'avère tout de même un métrage plutôt satisfaisant et une adaptation relativement correcte de la bande dessinée d'origine. Si les costumes n'ont pas le même aspect clinquant ou bien que l'humour noir se montre un peu absent, DREDD traite l'univers d'origine sans trop le polir. Le métrage se montre souvent brutal ce qui en fait surtout un film d'action violent et sans concession que ce soit dans le fond comme dans sa forme.
DREDD est sorti dans les salles en Grand Bretagne et aux Etats-Unis mais il ne connaîtra pas les cinémas français, tout du moins en dehors de rares passages en festivals. Le film sort donc directement en vidéo ce qui empêchera une grande partie des spectateurs français de découvrir le métrage en 3D. Le relief est ainsi réservé à une édition Blu-ray 3D spécifique. Pour notre part, nous ne parlerons que du Blu-ray présentant la version plate (2D) du film. N'y allons pas par quatre chemins, le transfert 1080p/24 est absolument époustouflant ! D'une netteté incroyable, les passages au ralenti font office de démo technique, un peu violente néanmoins pour un large public. Du grand art qui est secondé par des pistes DTS HD Master Audio 5.1 qui seront un poil moins impressionnantes. Pas que le son ne soit pas de qualité mais surtout en raison de choix artistiques qui sont liés le plus souvent aux fameuses séquences au ralenti. Il n'en reste pas moins que le rendu est percutant, se montrant souvent agressif avec une utilisation quasiment constante des enceintes arrières. Par contre, on émettra un bémol concernant le doublage français, le comédien prêtant sa voix à Karl Urban en français se montrant moins monolithique.
Côté suppléments, cela s'avère bien moins enthousiasmant. On trouve une poignée de «Featurettes» promotionnelles qui oscillent entre la minute et demi et les trois minutes. Autant dire qu'on n'y apprendra pas grand chose, on survole beaucoup ou, pire, on appuie le contenu du film (comme s'il était besoin de le faire après l'avoir vu). Les deux vidéos les plus intéressantes sont consacrées aux prises de vue au ralenti ou aux origines de la bande dessinée. Mais, dans les deux cas, l'information est réduite au strict minimum. Cela n'est pas pour autant désagréable à regarder mais frustrant tout de même ! Le Blu-ray contient aussi plusieurs bandes-annonces d'autres films, orientés vers l'action, distribués par Metropolitan.