Comme son nom l'indique, SLASH est un Slasher ! Il se distingue néanmoins du tout-venant par sa nationalité, puisqu'il a la particularité de venir d'Afrique du Sud. Son réalisateur Neal Sundstrom, n'est pas un total inconnu puisque au sein sa filmographie éparse, nous trouvons HURLEMENTS V : LA RENAISSANCE. Parmi une distribution de jeunes comédiens méconnus, nous retrouvons le faciès familier de Steve Railsback, vedette de LES TRAQUES DE L'AN 2000 ou LIFEFORCE, qui continue bon an mal an sa carrière au cours des décennies.
Mac, chanteur de Slash, petit groupe de rock, se rend à la ferme isolée de sa famille pour l'enterrement de sa tante. Accompagné de ses musiciens, il y retrouve son père, un rustique fermier nommé Jeremiah. Mac s'en est éloigné très jeune mais tente de se réconcilier avec lui à cette occasion. Des disparitions mystérieuses et d'étranges légendes locales jettent un voile funeste sur ces retrouvailles...
Ressuscité par le succès de SCREAM en 1996, le Slasher connaît une seconde vie avec des titres tels que SOUVIENS-TOI... L'ETE DERNIER et autres URBAN LEGEND. La mode s'essouffle dès le début des années 2000, alors que SIXIEME SENS ou LES AUTRES signalent un retour à un fantastique plus adulte. URBAN LEGEND 2 : COUP DE GRACE et autres MORTELLE SAINT-VALENTIN sont alors confrontés à l'indifférence du public. SLASH fait figure de retardataire puisqu'il arrive sur le marché en 2002 et s'ouvre sur un clin d'oeil appuyé à SCREAM !
SLASH pourrait se distinguer en jouant sur ses origines africaines, mais il n'en est rien. Il se présente d'emblée comme une histoire se déroulant aux États-Unis, telle une petite production se coulant dans un moule international et anonyme. Là où il se singularise légèrement, c'est en situant ses personnages dans le cadre d'un groupe de rock. Cela justifie convenablement leurs interactions, entre attachements et conflits, entre blagues potaches et jalousies. Les amateurs de musique sont tout de même invités à ne pas trop espérer : le «rock» en question s'avère une soupe sans relief ni intérêt !
SLASH joue aussi la carte de l'horreur agricole, la ferme des MacDonald consistant en de vastes champs, créant une atmosphère de terreur rappelant HORROR KID et ses enfants du maïs, ou encore JEEPER CREEPERS qui vient tout juste de montrer le bout de son nez. Le tueur masqué de service adopte un visuel entre épouvantail et créature surnaturelle qui n'est pas sans rappeler le monstre sévissant dans ce dernier métrage.
Cette inscription dans un milieu rural permet de confronter des jeunes urbains à des personnalités de la campagne, avec des frictions et des malentendus. SLASH en joue avec humour puisque les préjugés que les musiciens ont contre, par exemple, le garçon de ferme qui assiste Jeremiah s'avèrent infondés, pour ne pas dire ridicules. En cela, SLASH adopte un ton malin le rapprochant plus de TUCKER ET DALE FIGHTENT LE MAL que de DELIVRANCE !
De plus, SLASH bénéficie d'une certaine atmosphère poussiéreuse, tandis que Steve Railsback propose une interprétation réussie, mi-amusante, mi-inquiétante, valorisante pour le métrage. Mais malgré un faisceau de qualités a priori intéressantes, SLASH ne convainc pas. La faute à un scénario qui, bien que contenant de bonnes idées, manque de rythme et de tonus. Les meurtres sont rares, filmés timidement, les discussions s'enlisent et les jeunes interprètes, tous médiocres, se montrent peu entraînants.
Petit Slasher de provenance exotique, SLASH ne manque pas d'éléments qui auraient pu donner lieu à un métrage de qualité : bonnes idées de scénario (dont le rituel des «moissons de sang»), ambiance, interprétation efficace de Steve Railsback, mise en scène professionnelle... Malheureusement, il se rate faute d'une histoire vraiment prenante et il reste à l'esprit comme une tentative frustrante pour le spectateur.
Arrivé après la vague, SLASH n'a le droit qu'à quelques petites sorties éparses et limitées en salles à travers le monde. En France, il est arrivé directement en DVD chez Universal en 2004.
Nous sommes accueillis par un menu austère, guidé par des idéogrammes impersonnels. Ce DVD européen est même dénué de tout supplément.
SLASH est proposé dans une copie 1.77 (16/9) souffrant d'emblée d'une étrange petit ligne verte sur le côté gauche de l'image. Elle n'apparaît pas pour les écrans réglés avec l'option «overscan» (qui rogne légèrement les bords de l'image), mais pour les spectateurs qui n'apprécient pas cette fonction, cela est frustrant. L'image en elle-même s'avère juste convenable, en particuliers sur des plans larges parfois entachés de halos visibles ou encore d'une résolution perfectible. Cela dit, la photo assez brute est restituée honnêtement à partir d'une copie propre et si ce DVD ne gagnera pas de récompenses techniques, il remplit convenablement son office.
La bande-son anglaise est quant à elle proposée dans un Dolby Digital 5.1 sans souci, voire même ludique dans son usage des canaux lors des séquences de meurtres ou de poursuites. Un doublage français en 5.1 et des sous-titres dans la même langue sont disponibles.
SLASH n'ayant jamais donné lieu à des sorties DVD élaborés, ce disque français très dépouillé reste donc une solution acceptable pour le visionner.