Header Critique : SHARK 3D (BAIT)

Critique du film
SHARK 3D 2011

BAIT 

Le film de requin a la dent dure depuis quelques années. LES DENTS DE LA MER ayant lancé la mode du croquage d'humains, qui depuis ne s'est plus arrêtée. Hormis les suites des DENTS DE LA MER, PEUR BLEUE et OPEN WATER, la quasi totalité de ces films sort directement en video, jusqu'au récent et délirant 2-HEADED SHARK ATTACK chez The Asylum (SHARKS en France). Mais curieusement, les grands blancs sont de retour sur les grands écrans. Déjà avec SHARK 3D récemment en France, puis avec ce BAIT 3D, une co-production entre Singapour et l'Australie d'environ 20 millions de dollars, intitulé SHARK 3D en Italie !

Après avoir manqué de sauver son collègue des dents d'un requin, un jeune maitre nageur sauveteur (Xavier Samuel) dégringole. Dépression et direction le supermarché le plus proche où il devient vendeur. Plusieurs personnes croisent son chemin ce jour-là : son ex et son nouveau petit ami ainsi qu'un flic venu coffrer sa fille kleptomane. Mais il assiste également a une meurtrière tentative de cambriolage. C'est à ce moment qu'un violent tsunami déferle sur la ville. Tous se retrouvent bloqués dans le supermarché, noyé par une mer en furie ... Et où un requin de quatre mètres trouve un nouveau terrain de chasse.

A la lecture du résumé, les plus fins amateurs de carnages requinophiles auront reconnu l'argument de base de MALIBU SHARK ATTACK, chroniqué il y a peu sur notre site. Le tsunami, les requins qui cherchent la nourriture, le groupe de personnes isolé... On y retrouve même les individus bloqués dans leur voiture sous l'eau et servant de cible aux monstres aux mâchoires d'acier. Passées ces ressemblances quelque peu troublantes, le but de chacun des métrages est légèrement différent.

La genèse du nouveau film de Kimble Rendall, auteur de CUT il y a douze ans, fut assez longue. Apparut au Marché du Film de Cannes en 2009 sous le titre BAIT, il devait être réalisé par Russell Mulcahy, qui signe par ailleurs le scénario. Conflits de plannings et autres reports de tournage ont fait que Mulcahy passa la main, tout en gardant un certain contrôle, affublé de la casquette de producteur exécutif. Le film s'offre alors aux acheteurs, parfois sous le titre simple et direct de SHARK 3D, et s'apprête à envahir les salles de cinema, chaines câblées, VOD, et lecteurs de salon en 2012. Ainsi, le film est déjà disponible en vidéo aux Etats-Unis alors qu'il sort en parallèle sur les écrans des cinémas italiens. Et la Medusa enregistre justement de beaux résultats sur les presque 200 salles projetant le film en Italie.

Le scénario suit une formule éculée: un groupe d'humains coincé dans un endroit clos et attaqué par un ennemi mortel. Intrigue de base interchangeable qui peut faire illusions si le traitement s'avère original. Nous avons ainsi déjà pu assister à de curieux huis clos en extérieur comme dans BLACK WATER ou encore LES RUINES. SHARK 3D ne suivra pas ce concept et restera enfermé à l'intérieur comme les innombrables films qui se servent de cet avantage, entre autres, pour des raisons de faibles coûts budgétaires. Le plus récent avatar demeurant le pénible STORAGE 24, lointain cousin du IT THE TERROR FROM BEYOND SPACE. Ca ne semble pas le cas ici, on sent l'aspect confortable d'une série B de luxe. Mais il faudra tout de même voir ailleurs pour l'originalité. Hormis les idées reprises à MALIBU SHARK ATTACK, on reste dans un schéma bien connu. Enfermés sur deux niveaux, on va ainsi assister au décapsulage un par un des protagonistes de ce SHARK-là. Car il y a en fait un requin par niveau !

Le spectateur amateur de film de genre s'installe confortablement dans une routine qu'il connaît bien, même si Russell Mulcahy et Kimble Rendall tentent d'y injecter un certain second degré. L'inévitable couple de blonds décérébrés s'arrête dans le parking du supermarché pour s'y envoyer en l'air. On sent, pas très loin, la punition divine pour Heather (Cariba Heine, une forte concurrence à Chelan Simmons) la blonde stupide aux cris aigus et son insupportable shitzu, tout comme son beau gosse de boyfriend (Lincoln Lewis, sublime concentré de bêtise). Finalement, ils n'y passeront pas tous les trois. La narration tente un très vague suspense sur le super-méchant responsable du hold-up qui vire au carnage. Mais comme le personnage est désagréable, bardé de tatouages, a des cheveux gras, jure comme un charretier et semble s'être envoyé quelques rails de coke... On sait à qui on a affaire. Idem pour le flic venu coffrer la fille rebelle avec pleins de piercing qui dit "Fuck" à tout va. On sent pointer la réunion familiale après de bonnes blessures. On assiste dans une grande hébétude à un enfilage de clichés, y compris les asiatiques de service qui ne passent pas le premier tour. Hormis peut-être le personnage de Julian McMahon (NIP/TUCK, LES 4 FANTASTIQUES) sorte de bad guy en voie de rédemption, qui apparait avec le héros bénéficiant d'un traitement particulier et intéressant. Mais avec un film de requins, on pressent généralement que tout cela reste vain : on veut du croquage de mollet... et vite. C'est là où SHARK 3D devient intéressant : la réussite de ses attaques... mais aussi que cela ne soit finalement pas vraiment un film de requins.

Ca saigne bien, ça croque allègrement, ça démembre au poil : le quota horrifique bat son plein. Et se permet quelques scènes hautement jouissives comme un homme littéralement coupé en deux. La caméra ne perdant aucun détail de la scène. Néanmoins, la violence de certaines morts se trouve contrebalancée par un humour pas toujours bien venu. Si l'on sourit au surfeur idiot qui court à contresens de tout le monde fuyant le tsunami (lui veut surfer sur sa vague du siècle), la blonde idiote reste trop énervante, le manager du supermarché tape sur le système... Dommage ! Mais vue la haute teneur en têtes coupées, membres sciés et autres joyeusetés gore, on pardonne quelque peu ces écarts.

SHARK 3D, c'est aussi les meilleurs effets spéciaux numériques de requins qu'on ait pu voir depuis belle lurette sur un écran ! Un beau degré de réalisme lorsque la caméra suit le squale qui évolue au milieu des éléments. Mais également dans les attaques, brutales comme il faut. En fait, le mélange des effets spéciaux mécaniques et numériques se distingue relativement peu. Les bienfaits d'un cadre serré (le film a été tourné en 1.78:1), d'un montage adéquat et d'une photographie privilégiant les teintes froides et sombres. Seule la scène d'ouverture du tsunami fera tiquer et montre l'insuffisance du budget pour ce type de catastrophe. Mais, au moins, on ne s'ennuie pas mollement pendant près de 90 minutes avant de subir l'assaut aquatique comme dans l'horrible film coréen THE LAST DAY. Ici, le tsunami débarque au bout de quinze minutes, ravage tout et laisse le champ libre aux requins affamés pour le reste du métrage. Le dernier plan du film, assez réussi par ailleurs, donne également la clé de l'ensemble. Hasard ou coïncidence ?

Si l'on passe de grossières incohérences, telle que celle d'un requin de quatre mètres évoluant gracieusement entre des rayons de supermarché... Si l'on fait abstraction du fait que le film suit un schéma pré-établi et quelque peu prévu d'avance... Si l'on oublie que l'on est en train de visionner un produit vidéo plus grand que nature, un poil plus ambitieux que la moyenne... Alors SHARK 3D se révèle un excellent divertissement gore et fun ! Parfait film pop-corn, avec juste ce qu'il faut de stupidité pour adhérer au spectacle. On en est bien conscient, bien sûr, mais c'est comme un vieux pote qu'on n'avait pas revu depuis quelque temps. Cela fait plaisir de le revoir, même avec ses failles que l'on connait par coeur. On y découvre même quelques petites qualités supplémentaires qu'on ne soupçonnait pas !

Enfin, il est bon de noter que si le film s'appelle SHARK 3D, il a été visionné en version plate lors d'une projection dans un cinéma italien. Car, comme en France, toutes les salles de cinéma en Italie ne proposent pas nécessairement de découvrir les films en relief. L'absence de relief n'a pas amoindri le plaisir de sa découverte sur grand écran.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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