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Critique du film et du DVD Zone 2
DARK FLOORS 2008

 

Le 20 mai 2006 reste marqué d'une croix blanche dans l'histoire du concours de l'Eurovision, avec la victoire du groupe de Metal finlandais Lordi, présentant leur chanson "Hard Rock Hallelujah" affublés de monstrueux costumes. Non seulement ce refuge de la ritournelle sucrée apporte ainsi une reconnaissance complètement inattendue à un style de musique ostracisé, mais surtout les spectateurs s'étonnent : «L'Eurovision n'est peut-être pas complètement truqué ?».

Fort de cette légitimité internationale, le leader Mr. Lordi lance divers projets ambitieux dont celui de réaliser ce qu'il présente comme «le premier film d'horreur finlandais». Il réunit un budget assez important et une distribution de comédiens anglophones, plutôt spécialisés dans les seconds rôles et les séries télévisées, et tourne en Finlande son long-métrage, qui arrive sur les écrans en 2008.

Sarah, une fillette autiste, ne sort pas de son angoisse malgré tous les traitements prodigués à l'hôpital. Lassé de suivre les conseils des médecins, son père décide de l'emmener hors de l'établissement en cachette. Alors qu'il est dans l'ascenseur avec d'autres malades, une panne survient. Les captifs parviennent à sortir de la cabine mais l'hôpital paraît d'un seul coup désert et étrange...

Avouons-le, hormis quelques exceptions, le cinéma finlandais n'est pas bien connu chez nous. A part les succès des frères Kaurismaki dans le cinéma d'auteurs, cette filmographie reste un brin opaque. Le cinéma fantastique de cette contrée n'a à notre connaissance rayonné qu'avec l'estime porté au poétique LE RENNE BLANC.

Réaliser un film d'horreur dans ce contexte n'est donc pas un mince défi, et ce d'autant plus que le projet se veut ambitieux. Le budget de quatre millions de dollars n'est pas négligeable pour un long-métrage de genre européen et le choix de tourner en anglais dénote l'intention de toucher un public international.

Au vu des spectacles colorés de Lordi et de ses costumes chamarrés, le spectateur redoute une joyeuse pantalonnade, tendance «SCOUBIDOU», dans le genre de petits produits commerciaux comme KISS CONTRE LES FANTOMES. Pourtant, très rapidement, nous comprenons que nous avons affaire à un métrage d'épouvante sérieux, à la facture cinématographique d'une qualité étonnante. La photographie en format large s'avère très soignée, jouant sur une évolution des éclairages tout au long du métrage. Les maquillages se montrent élaborés et soigneusement éclairés, les trucages numériques sont correctement intégrés, tandis que le mixage bénéficie d'un soin réel. Tout cela concourt à créer une ambiance et une élégance visuelle que nous n'attendions pas forcément.

Au-delà de la forme, DARK FLOORS suit les mésaventures de personnes coincées dans un hôpital labyrinthique et inquiétant, aux couloirs d'abord déserts, puis jonchés de cadavres et parcourus par des monstres malveillants. Dans ce lieu particulier, le temps et l'espace n'obéissent qu'à leurs propres règles. Deux personnes peuvent se trouver au même endroit au même instant sans se rencontrer, tandis que les aiguilles des horloges avancent à une vitesse anormalement lente.

Les menaces les plus flagrantes se manifestent sous la forme de créatures hideuses, incarnées par les musiciens de Lordi arborant des versions élaborés de leurs costumes de scènes. Avouons-le, malgré tout le soin apporté à leurs apparitions, ces personnages typés et folkloriques (la femme fantôme, le minotaure en perfecto, le démon aux larges ailes de chauve-souris, la momie...) ne collent pas bien avec le ton tendu et funeste du métrage.

Surtout, DARK FLOORS pèche par un scénario décevant. Le fantastique sert ici trop facilement de prétexte à des situations surnaturelles sans justification réelle. Les personnages piégés tournent en rond dans des décors répétitifs, les attaques des monstres se succèdent sans surprise ni renouvellement, laissant s'installer l'ennui. Nous nous attendons à une de ses classiques révélations finales excusant les péripéties peu cohérentes auxquelles nous avons déjà assistées. Mais en fait, l'ultime rebondissement ne fait qu'ajouter encore plus de confusion à un film au propos et au récit sérieusement opaques !

Malgré un projet qu'on sent ambitieux, DARK FLOORS laisse sur une impression de frustration. Comme si Lordi et son réalisateur Pete Riski avaient pensé à tout pour leur film... sauf à un scénario élaboré, ou en tous cas suffisamment clair ! Le vague enchaînement d'événements fantastiques et les apparitions successives des membres du groupe peuvent suffire à étayer un clip, mais ils ne constituent pas la structure d'un long-métrage complet.

Porté par la renommé du groupe Lordi, DARK FLOORS connaît une exploitation hors des frontières finnoises, essentiellement en vidéo, comme cela a été le cas en France. Dans notre pays, Action & Communication se charge de la distribution de ce DVD, lequel se voit même distribué en accompagnement d'un numéro du magazine Mad Movies.

Ce DVD français propose une copie 2.35 et 16/9 d'une qualité très acceptable. La résolution, la gestion des lumières et des contrastes fonctionnent bien, n'appelant pas de commentaire particulier. Tout au plus regrette-t-on que la compression marque un peu le pas dans les plans d'ensemble, avec des contours pas toujours nets sur les objets éloignés.

La bande-son anglaise originale en Dolby Digital 5.1 s'avère tout à fait satisfaisante, d'autant plus que, comme précisé plus haut, le mixage est élaboré, multipliant les effets sonores inattendus et sollicitant les six canaux avec régularité. Le DVD propose un doublage en français Dolby Digital 5.1 et dispose de sous-titres français.

En guise de bonus, un module réunit une bande-annonce, un Teaser et quelques scènes coupées, pour une durée totale de six minutes. Les scènes coupées sont en fait disponibles dans le film et si leur montage dans les bonus diffère de celui du long-métrage, nous avouons ne pas avoir vu la différence !

Nous trouvons aussi au lancement diverses bandes annonces de petits films fantastiques sortis par le même éditeur, à savoir THE LAST OF THE LIVING, NECROMENTIA et DARK MIRROR.

DARK FLOORS a connu diverses sorties en DVD dans le monde, dont certaines agrémentées de bonus plus fournis (par exemple le DVD américain ou le Blu-ray allemand). Cela dit, ce DVD français s'avère une édition honnête, permettant de visionner dans de bonnes conditions ce long-métrage avec tout le confort linguistique nécessaire pour les francophones.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
DARK FLOORS DVD Zone 2 (France)
Editeur
Action & Communication
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h22
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
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    • Scènes coupées
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