Alors qu'une épidémie étrange se propage, les ressortissants étrangers évacuent l'Afrique. Le dernier avion à décoller va malheureusement s'écraser en mer près de la côte. Survivant du crash, un ingénieur de l'armée américaine commence alors un périple à travers un continent africain en proie à des hordes de morts-vivants…
A peine adolescent, les deux frères Ford découvrent ZOMBIE, LE MASSACRE DES MORTS-VIVANTS, L'ENFER DES ZOMBIES ou encore EVIL DEAD. De véritables chocs cinématographiques qui leur donnent l'idée de réaliser leurs propres courts-métrages en Super 8 avec l'envie, un jour, de faire un film de morts-vivants. Toutefois, ils ne concrétiseront un tel métrage qu'une vingtaine d'années plus tard. Entre-temps, les deux frères ne lâcheront pas la caméra. Jonathan Ford va bosser en tant que directeur de la photo sur plus d'une centaine de spots publicitaires alors que Howard J. Ford tournera en parallèle deux longs-métrages en plus d'oeuvrer dans la publicité. Mais l'idée de réaliser un film de morts-vivants est toujours présente et il se décide alors de se lancer dans ce projet un peu fou. Car plutôt que placer l'action de leur film dans un cadre commun, ils ont l'idée d'exploiter un décor plus novateur, le continent africain. Les deux frères connaissent déjà l'Afrique pour y avoir déjà tourné mais il y a un gouffre entre réaliser un spot publicitaire et un long-métrage de fiction à petit budget. Ils vont alors s'engager dans une aventure ponctuée d'incidents et rebondissements inattendus en s'enfonçant au cœur de l'Afrique noire. Entre les rackets ou la maladie, le comédien Rob Freeman sera ainsi évacué du tournage après avoir attrapé la malaria, THE DEAD ne fut pas une expérience de tout repos ! Mais le film va connaître aussi de bonnes surprises. Ainsi, il va, en quelque sorte, bénéficier de la publicité du jeu vidéo Resident Evil 5. Capcom ayant situé l'action de son nouveau jeu sur le continent africain, ce sera une coïncidence bien venue pour THE DEAD.
Si la plupart des films de morts-vivants placent leur action dans un cadre occidental, on trouve tout de même pas mal de métrages apportant une touche d'exotisme au genre. Rien de surprenant puisque les racines mêmes du zombie sont ancrées dans le vaudou d'origine africaine, répandu en Amérique, en raison de l'esclavagisme, et plus particulièrement dans les Caraïbes. Dans les îles, on trouvera ainsi des zombies en commençant par WHITE ZOMBIE de Victor Halperin ou le VAUDOU de Jacques Tourneur jusqu'à L'ENFER DES ZOMBIES de Lucio Fulci. Mais avant THE DEAD, on trouvait aussi des morts-vivants en Afrique que ce soit dans ZOMBIES OF MORA TAU ou encore L'ABIME DES MORTS-VIVANTS. Mais, à notre connaissance, aucun film de morts-vivants n'avait su capturer des décors naturels aussi photogéniques que ceux de THE DEAD. Savane, zone montagneuse ou bien le désert sont ici autant de décors hostiles que les protagonistes du film sont amenés à traverser sous un soleil de plomb. L'occasion pour les deux réalisateurs de composer quelques magnifiques images plaçant THE DEAD autant dans le cinéma d'aventure, si ce n'est plus, que dans le film d'horreur. La survie des personnages ne se limitent plus seulement à éviter des créatures revenues d'entre les morts. Si l'aspect hostile des lieux est bien rendu, on sera toutefois étonné que la faune animale soit totalement absente. Pas de hyène ou de vautour prompt à se repaître des cadavres en mouvements. Peut être que les félins et autres bestioles de la savane africaine se sont déjà fait la malle face aux morts-vivants qui hantent à présent les régions désertiques. Mais c'est peut être là l'un des défauts de THE DEAD. Si les images sont jolies, l'Afrique dépeinte dans le film manque de vie. Cela paraît peut être logique dans le cadre d'un film intitulé THE DEAD mais on a surtout l'impression que les héros traversent un continent vide et où n'apparaissent d'autres protagonistes ou morts-vivants que de manière ponctuelle histoire de faire avancer l'histoire. Toutefois, THE DEAD fonctionne le plus souvent lorsque le film dépeint justement l'isolement de ses personnages. A ce titre, la fin du métrage se fourvoie dans un épilogue un peu bête et naïf, enfoncée par une attitude «poseur» gênante en comparaison de l'aridité exemplaire des deux premiers tiers du film. Un dénouement qui se veut certainement plus spectaculaire mais qui n'a rien de convaincant !
Les véritables atouts de THE DEAD, c'est donc bel et bien l'odyssée à travers l'Afrique entreprise par deux hommes qui n'ont, à la base, rien en commun en dehors d'une volonté de survie. Un voyage qui s'imprègne, comme le film, d'un rythme assez lent. La fuite en avant des deux personnages n'est pas un sprint mais bien une course de fond contre la mort. Les frères Ford choisissent de renouer avec des morts-vivants se déplaçant lentement. Dans un milieu ouvert, le pari semble osé puisque la menace perd finalement de sa dangerosité. Au contraire, les morts-vivants du film deviennent finalement le symbole d'une menace inéluctable, qui s'avance lentement et à laquelle on ne peut de toutes façons pas échapper quels que soient les moyens mis en œuvre. Ici, on ne peut finalement que repousser l'échéance, un peu plus longtemps. Mais les morts-vivants ainsi que le cadre de THE DEAD donnent l'occasion aux cinéastes, peut être de manière inconsciente, d'imprégner leur film d'un regard politique. Les situations dépeintes dans le film pourraient très bien se passer d'un postulat « Fantastique » donc des morts-vivants. L'évacuation des Américains puis certains des dialogues du film évoquent l'idée que les nations occidentales s'impliquent selon leur avantage sur le continent africain pour l'abandonner dès que cela tourne mal en laissant derrière eux des populations à leur sort. Dans THE DEAD, on assistera ainsi à des massacres dans des villages ou encore à l'exode de population. Autant d'événements qui sont malheureusement souvent d'actualité en Afrique. Ces passages viennent ainsi renforcer l'aspect réaliste de l'aventure à laquelle on assiste dans THE DEAD.
Bourré de qualité, THE DEAD souffre aussi de pas mal de défauts. Si l'on a déjà évoqué une Afrique qui semble se peupler en fonction des besoins de l'intrigue, il faudra aussi ajouter quelques rebondissements pas forcément très bien venus. De plus, les frères Ford ont tendance à filmer de manière assez serrée leurs personnages là où il aurait été bien souvent bien mieux de prendre un peu de recul. Un choix de réalisation qui est peut être lié aux faibles moyens de l'entreprise ou bien à l'urgence du tournage. Mais, à l'arrivée, pas mal de séquence pâtissent un peu de ce parti pris. Enfin, si le film aurait été tourné en 35mm, le rendu donne souvent l'impression de découvrir une image filmée en vidéo sur lequel on aurait ajouté du grain. Paradoxe puisqu'une image de type reportage donneraient en théorie plus de réalisme alors qu'en réalité, dans le cadre d'un film de fiction, particulièrement ici, une patine plus « cinéma » aurait renforcé le côté aventureux du film ! Autre point gênant, la séquence d'ouverture est réussi donnant tout de suite le ton avec des images magnifiques. Mais ce prologue pose un souci puisqu'il évacue, par la suite, un certain suspense qui aurait pu naître dans la suite du métrage. Enfin, THE DEAD s'avère plutôt saignant par endroits avec des passages gores très réussis. Pourtant, on décèlera aussi l'utilisation d'effets numériques pour les impacts de balles. Pas forcément réalistes, ces effets disparaissent aussi curieusement sur certains plans. Ainsi, un mort-vivant touché en pleine tête, lui arrachant quasiment tout le visage, perdra sa blessure sur un plan suivant lorsqu'il est au sol. De faux raccords assez curieux pour un métrage aussi travaillé au niveau de l'image.
Malgré ses défauts, THE DEAD reste un métrage généreux et surprenant pour peu que l'on adhère à son rythme. Les frères Ford ont donc bien réussi leur coup en livrant leur propre vision du film de morts-vivants. Une vision finalement très classique mais qui tire grandement partie du contexte de son cadre africain.
En France, Aventi distribue THE DEAD en DVD et Blu-ray. Sur cette dernière édition, on peut découvrir le film des frères Ford avec un transfert en haute définition 1080p. C'est à dire avec une résolution 1920x1080 en mode progressif. Toutefois, si le boulot avait été fait correctement, il aurait dû être en 1080p/24 assurant un défilement à 24 images seconde. Ce ne sera pas le cas ici, l'éditeur proposant un transfert à la vitesse de défilement légèrement plus rapide (comme sur tous les DVD français soit dit en passant). En tout cas, il faut bien reconnaître que l'image est d'une telle propreté et si lisse que l'on a un peu de mal à croire que cela ait pu être tourné en 35mm. Mais il faut préciser que l'image est aussi affublée d'un grain extrêmement visible, particulièrement en basse lumière et dans les zones sombres. Ce qui renforce l'aspect particulier d'une image lisse, faisant souvent vidéo, et contrastant avec un grain qui ne donne donc plus tellement l'impression d'être naturel. Le rendu s'avère étrange mais est sûrement le fruit de la post-production numérique. Quoi qu'il en soit, le Blu-ray français est souvent bluffant, particulièrement dans les séquences ensoleillées. Ainsi, le passage dans les zones montagneuses est extrêmement détaillé et offre une profondeur de champ ainsi qu'une précision chirurgicale ! Pour le son, le disque propose le choix entre la version originale sous-titrée ou bien un doublage français. Les deux sont présentées en DTS HD Master Audio 5.1. A l'écoute, on en déduit assez vite que les cinéastes ont fait le choix d'une certaine sobriété s'accordant le plus souvent avec l'action. Ainsi, les ambiances sont bien présentes mais font le plus souvent preuve d'une grande subtilité. Enfin, il est à noter que le sous-titrage français contient une ou deux fautes de frappe rendant la traduction étrange, traduction d'ailleurs par endroit incorrecte sur plusieurs séquences.
La dangereuse aventure menée par l'équipe du film au Burkina Faso et au Ghana, le Blu-ray et le DVD français vont l'ignorer totalement. En effet, en dehors d'une bande-annonce, il n'y a aucun supplément. Pas de making-of, pas d'interview, rien ! C'est fort dommage puisque le tournage a manifestement été une véritable aventure au même titre que celle dépeinte dans le film lui-même !