Alors que le Docteur Weir est hanté par le souvenir du suicide
de sa femme, le EVENT HORIZON, vaisseau spatial au système
de propulsion révolutionnaire qu'il a conçu réapparaît
en orbite de Neptune. Une mission est alors entreprise pour secourir
l'équipage et surtout découvrir les mystères qui
entourent les sept années durant lesquelles le vaisseau avait
purement et simplement disparu.
Paul Anderson n'a pas de chance. Les derniers films qu'il a réalisés ont été raccourcis. Dans le cas de EVENT HORIZON, on parle d'une bonne vingtaine de minutes qui auraient disparu purement et simplement. La raison ? Les producteurs qui mettent leur grain de sel sur le montage final des films. On ne sait pas vraiment ce que contiennent les minutes sacrifiées et au moment de la sortie du DVD américain, des rumeurs circulaient. Néanmoins, comme à son habitude, Paramount nous livre ici un disque dépourvu de suppléments ou presque. Le montage du film étant celui qui était présenté au cinéma. Le transfert 4/3 respecte le format cinéma (2.35) mais il s'agit du même qui était déjà utilisé sur le Laserdisc sorti un bon moment auparavant. Au point que les chapitrages sont exactement les mêmes ! Une pratique que l'éditeur a finalement abandonnée dernièrement en dehors de quelques rééditions qu'ils jugent probablement moins intéressantes que les titres phares. Dommage ! Dans le cas de EVENT HORIZON, le seul supplément, que vous pourrez regarder à loisir, est la bande-annonce. Un peu maigre pour un film qui donne un grand nombre de possibilités : des acteurs prestigieux à interviewer ? des effets spéciaux détonnants ? des scènes coupées en veux tu en voilà ? Finalement, rien ! Le DVD vous permettra tout de même de redécouvrir le film dans de bonnes conditions. Ainsi que de faire des arrêts sur image pour voir certains des effets saignants qui dans le film passent comme des images subliminales.
Il serait possible de jouer
la facilité et dire simplement que EVENT HORIZON est un
melting-pot d'influences et de clichés. Pourtant, le film est
loin de se fondre dans la masse. Paul Anderson, son réalisateur,
a d'ailleurs déjà commis un MORTAL KOMBAT fort
sympathique. Déjà, il y utilisait un grand nombre d'effets
spéciaux et un montage dynamique mais compréhensible,
pour nous offrir un film réussi. Pourtant, MORTAL KOMBAT
tout comme EVENT HORIZON ont tout du sujet casse-gueule. Il n'aurait
pas fallu grand chose pour que l'un ou l'autre se transforme rapidement
en spectacle de série Z. D'ailleurs, la suite de MORTAL KOMBAT
sombre lamentablement dans ce domaine. Il faut donc croire que l'amour
que porte Paul Anderson à la belle image, au visuel puissant
et à l'efficacité, permet de transcender n'importe quel
film. Excellent artisan et apparemment amoureux du genre fantastique
(sa filmographie ne contient que des films de cette tendance) mais aussi
de l'action, il va jusqu'à créer une atmosphère
inquiétante avec cet EVENT HORIZON. Mieux, quelques scènes
vont jusqu'à faire monter un petit sentiment de peur chez le
spectateur. Paradoxalement, ce sont justement les scènes les
moins pourvues en effets spéciaux qui sont les plus inquiétantes.
Côté effet spéciaux, EVENT HORIZON est un vrai florilège. De l'effet gore en passant par les images de synthèse, on obtient un panel de tout ce qui peut se faire en matière de trucages au cinéma. Certains plus réussis que d'autres mais l'histoire et l'ambiance du film ne vous laissent pas le temps de vous interroger. Emerveillé par une image, choqué par un effet, surpris par un rebondissement (bien que beaucoup soient prévisibles), l'histoire fait son bonhomme de chemin tout le long de son métrage jusqu'à la dernière pirouette vue pourtant déjà un grand nombre de fois au cinéma.
En effet, EVENT HORIZON présente des élements vus des centaines de fois. L'histoire elle-même pourrait se résumer par un équipage à bord d'un vaisseau spatial dont les membres se font éliminer les uns après les autres. Pourtant EVENT HORIZON ne chasse pas dans les eaux d'un sous-ALIEN mais nous emmène plutot dans une version spatiale de HELLRAISER. L'ambiance ainsi que les décors semblent sortis tout droit de l'esprit de Clive Barker. A tel point qu'on ne serait pas surpris de voir Pinhead se promener à bord de ce vaisseau spatial. Amusant d'ailleurs de voir que HELLRAISER BLOODLINES qui se passe en grande partie dans une base spatiale soit aussi ennuyeux ! L'histoire fait aussi penser au postulat de départ de 2010 (le livre et bien sûr le film). Un équipage qui part en mission pour "sauver" un vaisseau spatial et y découvrir les mystères qui l'entourent. Au bord du Leonov, dans 2010, on trouve le Professeur Chandra qui est le concepteur de HAL. Ici, c'est le Docteur Weir qui retourne vers sa création, le EVENT HORIZON. Pas vraiment des coïncidences. Le scénariste, le réalisateur et le décorateur agissent certainement sous influence des films pré-cités. Décors gothiques et menaçants, victimes sacrifiées, intérieurs qui ne sont pas sans rappeler les entrailles de HAL dans 2001 et 2010, même SHINING y passe... Plagiat ou hommage ? Au spectateur de répondre. Pour nous, c'est une sorte d'hommage dont naît l'un des meilleurs films de science-fiction et d'horreur sortis ces dernières années. On se demande d'ailleurs encore comment le film a pu sortir affublé d'un titre français aussi stupide : LE VAISSEAU DE L'AU-DELA.