Il y a bien longtemps Saint Nicolas n'était pas du genre à remplir de cadeaux les souliers des petits enfants. Au contraire, le maléfique bonhomme venait plutôt vider les sabots des villageois et leur soutirer toutes leurs richesses. Un peu excédé, une troupe d'habitants rackettés mettent fin de manière violente à ses agissements. Après avoir péri dans les flammes, on ne devrait donc plus jamais entendre parler de Saint Nicolas. Pas de chance, tellement méchant, il revient d'entre les morts tous les 32 ans (environ), fêter l'anniversaire de sa mort en éliminant tout ce qui bouge aux alentours d'Amsterdam avec, plus particulièrement, en ligne de mire les orphelinats et les hôpitaux.
Les festivités de fin d'années ont été largement détournées dans le cinéma d'horreur. Ainsi pas mal de psychopathes n'hésitent pas à se déguiser en Père Noël de manière à perpétrer leurs méfaits comme dans DOUCE NUIT, SANGLANTE NUIT, l'un des sketches de HISTOIRES D'OUTRE TOMBE, CHRISTMAS EVIL ou encore dans le très français, et très inédit en DVD, 3615 CODE PERE NOEL de René Manzor. Cas un peu plus rare, il arrive au Père Noël d'être bien moins sympathique que prévu comme dans SANTA'S SLAY. Bien plus récemment, le Père Noël nous est présenté sous un jour un peu particulier dans le scandinave RARE EXPORTS. Il faudra donc aussi compter sur un autre métrage en provenance du Nord de l'Europe, SAINT. Le film marque au passage le retour à un cinéma fantastico-horrifique pour Dick Maas, originaire des Pays Bas. En effet, le cinéaste avait connu un succès international avec L'ASCENSEUR dont il réalisera lui-même le remake presque vingt ans plus tard (L'ASCENSEUR NIVEAU 2). Entre les deux, le réalisateur balancera un très réussi AMSTERDAMNED dépeignant une chasse au tueur en série œuvrant dans les canaux d'Amsterdam. Mais Dick Maas a aussi beaucoup œuvré dans le domaine de la télévision, il adaptera d'ailleurs son propre film, LES GRAVOS, sous forme d'une série pour le petit écran. On retrouve d'ailleurs des images des GRAVOS sur un écran de télé lors d'une séquence de SAINT, on reconnaît immanquablement le héros grâce à sa coupe de cheveux particulière.
Dans ses œuvres horrifiques comme L'ASCENSEUR ou AMSTERDAMNED, Dick Maas a toujours manié l'humour noir et la dérision. On retrouve bien évidemment cela dans SAINT. Cela paraît plutôt logique puisque dès le départ, centrer un film sur le spectre d'un Père Noël ne paraît pas très sérieux. Pourtant, cela n'a pas fait rigoler tout le monde puisque lors de sa sortie aux Pays Bas, le métrage a connu quelques remous dont on peut se demander s'il ne s'agit pas plutôt d'une campagne promotionnelle orchestrée de manière à faire parler du film. Reste que certains auraient donc essayé de faire interdire l'affichage du poster jugé trop agressif en période de Noël. Mais notons que la fête de Saint Nicolas, du côté de la Hollande, se déroule lors de la soirée du 5 décembre. Le 6 étant l'anniversaire de son décès. Dans SAINT, Dick Maas réinvente les origines de ce personnage canonisé pour ses bienfaits. Plutôt qu'un homme d'église avec le cœur sur la main, le métrage nous le présente comme une sorte de tyran à la tête d'une troupe de pillards. N'ayant pas apprécié que des villageois le transforme en torche humaine, le Saint Nicolas du film va donc revenir à chaque pleine lune se déroulant le 5 décembre pour trucider tout ce qui se présente en compagnie de sa horde de pères fouettards. Difficile de prendre la chose au sérieux, le métrage accumulant d'ailleurs des séquences particulièrement énormes. Il faudra dès lors apprécier l'humour par toujours très fin du Hollandais. Car SAINT s'inscrit complètement dans l'œuvre du cinéaste, on retrouve par exemple les touristes d'Amsterdam confrontés aux contrastes de la capitale des Pays Bas. Cela s'avère certes bien moins marqué que dans ISSUE DE SECOURS mais SAINT porte très nettement le cachet de son réalisateur.
Avec SAINT, Dick Maas fait une nouvelle fois appel à Huub Stapel, le comédien vedette de L'ASCENSEUR, LES GRAVOS et AMSTERDAMNED. Mais l'acteur sera assez difficile à reconnaître. Déjà, il a trente ans de plus mais, surtout, c'est lui qui incarne le fameux Saint Nicolas. Affublé d'une barbe lors des passages se déroulant dans le passé, il sera surtout filmé en gros plan alors qu'il est déjà un revenant. C'est à dire maquillé en grand brûlé version mort-vivant. En soit plutôt réussi, ce croque mitaine de Noël n'est finalement pas aussi impressionnant dans le métrage. Il manque peut être quelques séquences qui lui auraient donné une plus grande prestance ou, en tout cas, un aspect bien plus inquiétant. De même, SAINT ne contient pas de séquences aussi marquantes que sur les films les plus connus de Dick Maas. Les meurtres mécanisés de L'ASCENSEUR étaient bien plus efficaces alors que l'on assiste dans SAINT à un déballage gore moins inventif et un peu plus artificiel. Le moment de bravoure du film, une poursuite dans Amsterdam avec Saint Nicolas, est aussi un peu décevant. Surtout lorsque l'on se souvient de la poursuite en hors bord de AMSTERDAMNED. Il faut être objectif, SAINT est nettement moins maîtrisé que les grands succès de Dick Maas. Il n'en reste pas moins que si l'on est client de son univers, oscillant entre le sérieux et le potache voire même le grivois, SAINT est un spectacle plutôt amusant contenant son lot de séquences «autres» et nous offrant une version hollandaise du film d'horreur pour ados. La séquence de remise de cadeaux dans une salle de classe, sous le regard narquois du professeur, en est le plus bel exemple. Clairement imparfait, SAINT est, en tout cas, un film techniquement bien emballé, sorte de version ultra décontracté du FOG de John Carpenter. Il faudra donc aborder SAINT comme une sucrerie de Noël, un petit plaisir qui n'a rien d'exceptionnel.
Le Blu-ray de SAINT nous offre une image en haute définition de très belle tenue. De quoi ne pas entacher la vision du métrage. Seul bémol, on notera quelques effets de solarisation, ici ou là, assez peu naturel. Dommage car pour le reste, on frise le sans faute. Côté son, cela s'avère moins spectaculaire même si on nous propose des pistes en DTS HD Master Audio 5.1. Honnête mais pas aussi rentre dedans que ce que l'on aurait pu en attendre… On pourra donc choisir entre la version originale hollandaise sous-titrée, le doublage français et même une version allemande. Le disque ayant été apparemment produit pour le marché teuton et français.
La partie supplémentaire donne l'occasion de découvrir la bande-annonce française mais aussi un making-of d'un peu plus d'une vingtaine de minutes. Composé de séquences de tournages et d'interviews du réalisateur et des comédiens, on survole très succinctement la création de SAINT. Certains passages se montrent plus informatifs que d'autres et on regrettera surtout l'adjonction d'extraits du film parfois un peu long et donc cassant le rythme mais aussi le vrai potentiel de ce making-of. Mais ces extraits sont certainement là de manière à étayer la véritable fonction de ce making-of. Non pas d'informer les spectateurs du film mais plutôt convaincre les acheteurs des marchés du film. On peut aussi y voir très rapidement des images des films précédents de Dick Maas : L'ASCENSEUR, LES GRAVOS et AMSTERDAMNED. A noter qu'au lancement du Blu-ray, on peut aussi voir les bandes annonces de la décevante série THE WALKING DEAD, THE HORSEMAN ainsi que de STAKE LAND.
