Header Critique : DON'T BE AFRAID OF THE DARK (LES CREATURES DE L'OMBRE)

Critique du film et du DVD Zone 1
DON'T BE AFRAID OF THE DARK 1973

LES CREATURES DE L'OMBRE 

Le 10 octobre 1973 sur la chaîne américaine ABC, le téléfilm DON'T BE AFRAID OF THE DARK, alias LES CREATURES DE L'OMBRE en France, se voit diffusé pour la première fois. Produit par Lorimar, jeune compagnie spécialisée dans la production pour la télévision, ce métrage est réalisé par John Newland, metteur en scène très chevronné ayant œuvré sur divers téléfilms à suspens ainsi que sur de nombreux épisodes de séries TV souvent orientés vers le fantastique et la tension : «ONE STEP BEYOND», «THRILLER», «ALFRED HITCHCOCK PRESENTE», «DES AGENTS TRES SPECIAUX», «STAR TREK», «NIGHT GALERY», entre autres !

La vedette de LES CREATURES DE L'OMBRE est la jeune Kim Darby, très remarquée pour sa prestation dans 100 DOLLARS POUR UN SHERIF face à John Wayne, puis prise en otage par un gang sadique dans PAS D'ORCHIDEES POUR MISS BLANDISH de Robert Aldrich. Toutefois, sa carrière bifurque doucement vers la télévision au cours des années 70. On peut en dire autant de Jim Hutton, qui joue ici son mari, ce comédien ayant mené une prometteuse carrière de jeune premier dans les années soixante (MAJOR DUNDEE, LES BERETS VERTS...) avant de se rabattre vers le petit écran.

Dans LES CREATURES DE L'OMBRE, Sally Farham s'installe dans la belle maison familiale qu'elle vient d'hériter de sa grand-mère. Elle est accompagnée de son mari, l'ambitieux Alex Farham. Sally apprécie cette demeure pleine de souvenirs et, alors qu'elle la visite en compagnie d'un ami décorateur d'intérieur, elle se prend d'affection pour le bureau de son grand-père, pièce fraîche et calme située dans le sous-sol. Un détail insolite la frappe pourtant. Dans cette pièce, les deux ouvertures de la cheminée sont scellées. En dépit des avertissements insolites d'un vieux menuisier, elle déboulonne une de ces trappes. Dès lors, pour Sally, le rêve se transforme en cauchemar !

Par son ouverture, LES CREATURES DE L'OMBRE donne dans le classicisme, avec ce jeune couple qui s'installe dans une demeure a priori charmante, au passé pourtant lourdement chargé en menaces surnaturelles. En adoptant le point de vue de la jeune femme essentiellement, s'installant dans une maison ancienne et vivant dans l'angoisse de sa nouvelle vie, LES CREATURES DE L'OMBRE ramène ainsi à des souvenirs du Film Noir, du style REBECCA ou HANTISE de Cukor.

La confrontation des personnages à une menace fantastique et horrifique très concrète nous renvoie quant à elle particulièrement à AMITYVILLE, LA MAISON DU DIABLE. La présence d'un gouffre sans fond (communiquant avec l'Enfer) évoque ainsi la cave de la fameuse demeure. Pourtant, AMITYVILLE, LA MAISON DU DIABLE est sorti six ans après, les faits divers "authentiques" l'ayant inspiré s'étant déroulés de 1974 à 1976 !

Au-delà du sur-réel, LES CREATURES DE L'OMBRE fonctionne comme un suspens habilement agencé, prenant le temps de définir solidement ses protagonistes, tout particulièrement Sally Farham. Jeune épouse à la maison, héritière de cette vaste maison, elle fait face à une pression sociale qu'elle assume avec difficulté. Sera-t-elle à la hauteur des attentes de son mari, de son entourage, où devra-t-elle être un poids mort, une charge créant plus de problèmes qu'elle n'en résout ?

Dès lors, quand elle croit remarquer des détails insolites, entendre des voix étranges surgir de coins ombragés, ses amis lui conseillent de se ménager, lui assurent que tout cela n'est que la conséquence d'une fatigue, de l'adaptation difficile à ces changements.

La menace est pourtant bien réelle. Dans les placards de la salle de bain, derrière les rideaux, galopant dans les murs et les caves, vit un petit peuple malfaisant, libéré par Sarah malgré elle. Ces lutins rappellent les petits personnages maléfiques de THE GATE, en plus bavards toutefois. Rarement montrés en tant que tel, il faut attendre la moitié du métrage pour qu'ils apparaissent. Les maquillages sont crus, tout comme les effets spéciaux fonctionnant avec des décors agrandis. Mais la malveillance de ces gnomes infernaux passe toujours bien, aux moyens de murmures et de ricanements démoniaques, ou encore d'actions sourdement menaçantes, comme de déposer un rasoir bien en évidence sur le sol de la salle de bain.

Classique, efficace, bien joué, LES CREATURES DE L'OMBRE ne révolutionne en rien le genre de la maison hantée, mais il propose une honnête réussite en terme d'atmosphère, jouant habilement de sa durée courte et de son économie de moyens pour mettre en place une atmosphère fantastique réussie, jusque dans un dénouement sans concession aucune.

Dans la masse de la production télévisuelle américaines, il finit, avec les années, par se distinguer dans les souvenirs des spectateurs, à tel point qu'en 2010, Guillermo Del Toro en écrit et produit un remake destiné aux salles obscures. Remake qui connaît un échec commercial aux États Unis et qui n'est toujours pas supposé sortir en France pour le moment...

Dans nos contrées, LES CREATURES DE L'OMBRE a quant à lui connu une exploitation en VHS. En DVD, par contre il est resté inédit, dormant dans le catalogue Warner jusqu'à ce qu'il soit annoncé comme un des premiers titres de la collection Warner Archive en 2009. Ce programme de gravure de DVD enregistrable à la demande reste controversé, mais le cap a été maintenu et cette offre a connu des imitations. Aux USA, Universal, Columbia et MGM ont mis en place des sorties comparables. En France, Gaumont a suivi la même route pour faire vivre son catalogue et Warner France se lance doucement dans l'aventure... Sans doute faut-il y voir les conséquences du flou général entourant les perspectives du cinéma domestique actuel, entre piratage, émergence de la Vidéo à la demande (encore discrète en France, mais plus active aux USA), installation du Blu-ray, maintien du DVD comme premier fournisseur grand public...

Bon an, mal an, les cinéphiles se sont résignés à faire de la place pour ces produits dans leurs DVD-thèques, tandis que petit à petit, les prix de ces disques à la demande sont devenus un peu plus raisonnables, leurs disponibilités moins aléatoires et leurs présentations moins anonymes.

L'édition que nous avons consulté est la première version «faite à la demande» de LES CREATURES DE L'OMBRE. Derrière une jaquette anonyme et peu attrayante, elle propose un DVD enregistrable simple couche, sérigraphié, dont la jaquette nous assure qu'il ne peut pas être lu sur des dispositifs d'enregistrement (lecteur de DVD équipant les ordinateurs, graveurs de salon). Cela dit, il passe parfaitement sur notre ordinateur portable. Rappelons pour mémoire qu'au début des Warner Archives, l'acheteur pouvait acheter le fichier du film en téléchargement, sans passer par un disque gravé. Mais cette option n'est plus disponible aujourd'hui...

La copie proposée pour LES CREATURES DE L'OMBRE, en plein cadre (1.33 [4/3]), est très datée, sombre, aux couleurs délavées et peu subtiles, à la compression aléatoire, avec diverses tâches, rayures et autres halos bien épais. Nous sommes clairement devant un transfert remontant au temps de la vidéo sur bande magnétique, sans aucun rapport avec ce que l'on est en droit d'attendre d'un produit estampillé Warner !

La bande son est seulement en anglais d'origine, en mono Dolby Digital 2.0, pour un résultat correct bien qu'entaché d'un léger souffle. Aucune autre option ou sous-titrage n'est proposé.

Le seul supplément offert est une publicité générique vantant le programme Warner Archive. Bref, voici une galette bien spartiate, peu emballante si elle est supposée refléter le futur du cinéma à la maison !

Toutefois, en août 2011, Warner Archives a revu sa copie et propose à la place de ce premier tirage un nouveau DVD-R dit «Special Edition», avec une jaquette plus à propos, un tarif plus sympathique et surtout un tout nouveau télécinéma conformes aux normes de qualité contemporaines. Dans le même ordre d'idées, un supplément est même proposé, à savoir un commentaire audio par divers spécialistes du genre.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
DON'T BE AFRAID OF THE DARK DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h14
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
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      Aucun
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