Header Critique : SLAUGHTER HIGH (LE JOUR DES FOUS)

Critique du film et du DVD Zone 2
SLAUGHTER HIGH 1986

LE JOUR DES FOUS 

APRIL FOOL'S DAY : deux films tournés en même temps et qui bénéficient du même titre original. Ca n'est pas commun, et c'est pourtant arrivé en 1985. La production Paramount de Fred Walton sortira bien sous ce nom (en version française, le film deviendra WEEK-END DE TERREUR) tandis que le second prendra le titre de SLAUGHTER HIGH et LE JOUR DES FOUS lors de son exploitation VHS en France chez Vestron. L'explication ? Elle est donnée par le co-réalisateur dans une des interviews présentes dans l'édition DVD Britannique de chez Arrow. A savoir que l'un des co-producteurs était également dans l'équipe de production de VENDREDI 13, sorti par Paramount en 1980. Et qu'après tractations, il a empoché une petite somme afin d'autoriser Paramount à garder le titre original... et obliger les auteurs de ce SLAUGHTER HIGH à changer de titre.

Problème : l'ensemble du scénario tourne autour de ce 1er avril, jour où les blagues sont reines. Et au lycée de Dodsville County, un groupe d'étudiants pratiquent une méchante blague à l'encontre de Marty (Simon Scuddamore) qui va mal tourner. Il finira le visage brûlé et interné dans un hôpital psychiatrique. Dix ans après, le groupe se retrouve dans une réunion d'anciens élèves et aux prises avec un tueur coiffé d'un visage de Joker qui va chercher à les éliminer.

SLAUGHTER HIGH marque une apogée du slasher gore, et sonne paradoxalement son chant du cygne. Les auteurs ont scrupuleusement suivi une formule bien rôdée : de CARNAGE de Tony Maylam en passant par LE MONSTRE DU TRAIN ou encore LE BAL DE L'HORREUR de Paul Lynch, la victime de harcèlement lycéen qui prend sa revanche a connu diverses fortunes, jusqu'à la mort du genre avec des choses comme MACABRE PARTY de William Fruet. Produit par Dick Randall, SLAUGHTER HIGH est un tout petit budget qui ne vise pas bien haut. Le film connut d'ailleurs un destin contrarié : une discrète sortie sur les écrans américains par Vestron, mais une sortie vidéo assurée à travers le monde. A noter que le film garde le titre 1 APRIL FOOLS DAY au générique de la copie présentée sur le DVD édité par Arrow en Angleterre.

Tourné en Grande Bretagne sur un délai ridiculement petit, il est assez curieux de constater que les intérieurs ont été effectués dans une maison abandonnée à Londres, sur Marylebone Road (pour les connaisseurs) et des extérieurs dans un ancien sanatorium. Le même endroit utilisé pour les extérieurs de la mini-série JACK L'EVENTREUR avec Michael Caine, et même des clips video de Bonnie Tyler et Alphaville. Toute une époque Discostar !

Ce sont les limites de l'exercice qui en font le charme près de trente ans plus tard. Comme si l'écriture à la va-vite, l'approximation de l'ensemble, les incohérences du scénario et le fait que Caroline Munro ait quinze ans de trop pour le rôle faisaient sortir le film du lot. En effet, la toujours charmante héroïne de STARCRASH et MANIAC, petite amie de George Dugdale qui deviendra son mari six ans pus tard, avait 35 ans au moment du tournage. Pour jouer une donzelle de 18 ans, c'est un peu court, ce qu'elle-même admet dans son interview sur le DVD anglais.

Si vous aimez les morts originales, hautement stupides, totalement gratuites : SLAUGHTER HIGH est pour vous. D'autant plus que la version proposée par Arrow sur le DVD anglais se trouve être au format d'origine et, surtout, en version non coupée. Autrement dit : intégralité du bain d'acide, lit électrifié, explosion ventrale avec tripes à la mode de Caen, ça sort, ça sort bien... jusqu'à une tondeuse aux lames bien effilées. Tout va bien. On reconnaît en ce sens la patte des auteurs qui se sont affairés sur DON'T OPEN TIL CHRISTMAS ou encore LE SADIQUE A LA TRONCONNEUSE. Le tout emballé par une caméra extrêmement mobile et apte à capter les moindres débordements. La poursuite de Caroline Munro par le tueur demeure exemplaire de rythme et de suspens. Idem pour des éclairages qui semblent bien agencés dans les scènes de nuit. Une série B fauchée, mais soignée.

En fait, si l'on passe la stupidité des dialogues, le jeu presque outrancier des acteurs, leurs tentatives désespérées de masquer un accent anglais pour faire américain... SLAUGHTER HIGH est un modèle de film de samedi soir pour fan de gore désoeuvré. Strictement à découvrir et à apprécier au second degré, et avec qui plus est une édition qui appuie les hommages rendus à des bricoleurs comme les années 80 en connaissaient avec bonheur. Le côté «c'est con mais c'est bon» de films un peu jetés aux oubliettes. Lions Gate avait bien ressorti le film en DVD aux Etats-Unis il y a deux ans, mais dans une édition maigrelette, dans une copie délavée et même pas au format d'origine. Comment ainsi profiter des flashs de la nudité gratuite de Jacqueline Scandi dans le rôle de Shirley, dans une scène à la débilité scénaristique la plus totale. Ou comment combiner les demandes de la production : des nichons et de la violence. Alors que les protagonistes s'enfuient tous après la mort de l'un d'entre eux, Shirley est toute sale et donc prend un bain. Ben oui, quoi. Un bain quand tout va mal, c'est bon. On se doute de l'issue, mais pendant ce temps, le spectateur mâle hétérosexuel moyen aura eu le temps de profiter des charmes de Jacqueline avant que l'acide ne fasse son effet.

Le ton général tente un mélange entre horreur, slasher et humour noir. Déjà, la mauvaise blague qui provoque le massacre est assez gratinée : humiliante et dégradante, il y a de quoi fondre un fusible ! Ensuite, on sent que les auteurs se font plaisir à greffer une méchanceté perverse à des situations bien 80's. Une inévitable partie de fumette/snifette/buvette qui se termine en ventre éclaté. De la même manière que l'on pourra découvrir des amants électrocutés en plein orgasme : un chouïa de moralisme ricain mais une pénétration mordante de l'espace intime du jeu d'acteurs. Le tout relevé par une partition enlevée bien que désuète aujourd'hui d'Harry Manfredini, avec un choix instrumental et électronique qui rappelle son travail sur HOUSE et HOUSE II, tout comme un sympathique clin d'œil (ou d'oreille, c'est selon) à VENDREDI 13 via quelques notes du thème de Jason Voorhees. Humour pour fans ultimes : l'agent obsédé de Caroline Munro dans le film n'est autre que le fameux producteur bisseux Dick Randall en personne, responsable de ce SLAUGHTER HIGH mais ayant également tripatouillé dans d'innombrables perles comme le QUANTE VOLTE... QUELLA NOTTE de Mario Bava, le tranchant SADIQUE A LA TRONCONNEUSE, l'éberluant SUPERSONIC MAN, jusqu'à l'ahurissant VIOLEZ LES OTAGES. Respect.

Concrètement, l'absurdité générale du film tendrait à faire pencher la balance du mauvais côté. Mais on ne peux se résoudre à détester franchement un film qui fait la part belle aux meurtres sauvages, jusqu'aux plus idiots – voir la sorte de réécriture de la scène de la piscine à cadavres de POLTERGEIST, mais dans une fosse sceptique. On est vraiment peu de choses.

L'édition DVD en format 1.33:1 de Lions Gate ? Poubelle. Voici celle en 1.78:1 et 16/9ème de chez Arrow. Copie complète, tout du moins les 32 secondes manquants excisées par la censure britannique sont désormais présentes sur les 86 minutes et 42 secondes que durent le métrage. Pour une petite production, le rendu visuel est impeccable. Il existe un curieux changement de luminosité et de clarté d'image (en mieux) à partir de 33mn21. Mais l'ensemble reste de facture plus qu'honorable, tant dans les contrastes réussis des scènes nocturnes, comme l'arrivée au lycée dans le premier quart. Tout comme l'absence de poussières et autres artefacts dus à un film de plus de 25 ans d'age et tourné dans des conditions draconiennes. Et avec du matériel qu'on devine ne pas être celui de productions identiques des grands studios. Les couleurs sont robustes, le niveau de détail apparaît même comme plutôt précis vu le produit.

La piste sonore anglaise est encodée en mono sur deux canaux. Un son là aussi acceptable, sans trop de souffle notable. La musique se détache bien, les effets sonores ressortent de manière audible, même si l'on peut parfois déplorer des dialogues étouffés lors de certaine scènes d'action où effets, dialogues et musique se retrouvent en même temps : un bémol bien mineur, cependant ! On regrettera l'absence de sous-titres, quels qu'ils soient. Peut-être que l'exemple de l'éditeur Blue Underground aux Etats-Unis serait à suivre en la matière?

Pour les bonus, c'est un festival à la Corey Allen : une avalanche de suppléments ! Si l'on enlève une présentation du film par Mark Ezra, on pourra d'abord trouver une interview avec Caroline Munro. Elle discute de sa carrière, d'anecdotes diverses sur Dick Randall, Joe Spinell, son implication dans SLAUGHTER HIGH et comment elle est arrivée sur le plateau des PREDATEURS DE LA NUIT. Beaucoup de professionnalisme, un segment par ailleurs joliment tourné avec une photographie avantageuse qui montre que Mme Munro a encore beaucoup de charme et de chien à revendre. Pour continuer l'expérience Munro, un commentaire du film par ses soins, modéré par Allan Bryce et Calum Waddell –de chez High Rising Production-. Commentaire est un bien grand mot, puisqu'il s'agit surtout d'une longue interview, pas toujours en rapport avec ce qu'il se passe sur l'écran. Mais où elle sait se montrer très informative, participative et surtout éminemment sympathique tout du long.

Ensuite, une autre interview de Mark Ezra : complète, il revient sur le processus créatif du film, les travaux de chaque réalisateur crédité et sa frustration sur l'écriture du scénario commandé fissa par Dick Randall. Il lâche aussi quelques informations sur la fin originale du film. Quelques regrets sur les dialogues il est vrai assez pathétiques… mais une passion communicative. Cet élan se retrouve sur son commentaire du film, où l'on sent des souvenirs précis sur la totalité du tournage. Ceci en compagnie du spécialiste anglais J.A Kerswell. Les commentaires n'étant pas sous-titrés, il faudra y aller de votre connaissance de la langue anglaise, d'autant plus que contrairement à Caroline Munro, celui-ci s'avère moins intéressant – plus mécanique, et comme si les deux intervenants finissaient par s'interrompre et qu'Ezra balance une ou deux remarques sur des choses qui ne lui plaisent pas de la part du journaliste. Pour les aficionados des films annonce, dont votre serviteur, celui d'époque est présent sur la galette. Attention, il est recommandé de ne pas la visionner, eu égard au fait qu'elle révèle la quasi-totalité de l'histoire.

Enfin, comme d'habitude chez Arrow, vous trouverez une jaquette réversible avec ici l'affiche italienne «JOLLY KILLER», mais également un livret de 16 pages contenant un article sur le film par Tim Howarth (en anglais), une interview du compositeur Harry Manfredini par Calum Waddell et une de l'actrice Jacqueline Scandi par Justin Kerwell. Plus une affichette de SLAUGHTER HIGH et un livret-catalogue de l'éditeur. Une édition ultra-complète ! Comme on dirait en langue anglaise «Arrow is the shit !».

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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397 critiques Film & Vidéo
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Un slasher 80’s fauché mais fun, une édition très complète qui rend hommage au genre
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Pas de sous-titres français, ni anglais
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L'édition vidéo
SLAUGHTER HIGH DVD Zone 2 (Angleterre)
Editeur
Arrow
Support
DVD (Double couche)
Origine
Angleterre (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h27
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Commentaire du film avec Caroline Munro
    • Commentaire du Film avec Mark Ezra
    • Jester and Jolts (Interview Mark Ezra 12mn)
    • Lamb To The Slaughter: The Scream Queen Career Of Caroline Munro - Interview Caroline Munro (26mn)
    • Film annonce original
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