Header Critique : FEMMES DE STEPFORD , LES (THE STEPFORD WIVES)

Critique du film et du DVD Zone 2
LES FEMMES DE STEPFORD 1975

THE STEPFORD WIVES 

Joanna Eberhart est une femme au foyer aspirant néanmoins à une certaine indépendance. Néanmoins, elle quitte New-York pour s'installer à Stepford, petite bourgade tranquille du Connecticut, avec son mari, l'avocat Walter Eberhart, et leurs deux enfants. Sur place, Joanna constate rapidement que la gent féminine locale fait preuve d'une surprenante docilité envers le sexe opposé et ses exigences. Une situation qui ne semble pas troubler son mari, davantage soucieux d'intégrer le très fermé country-club masculin des environs.

Publié en 1972, le best-seller d'Ira Levin (ROSEMARY'B BABY) tient tout à la fois du suspense surnaturel, de la satire sociale s'attaquant à la cellule patriarcale américaine et de la réflexion teintée de provocation sur les mouvements féministes des premières années de la décennie 70. Sans surprise, l'idée de transformer ce succès de librairie en hit cinématographique prend rapidement forme du côté d'Hollywood. William Goldman, l'un des scénaristes stars du moment, fraichement auréolé d'un oscar pour son BUTCH CASSIDY ET LE KID (il obtiendra par ailleurs une seconde statuette en 1976 pour LES HOMMES DU PRESIDENT), est chargé de coucher ce projet sur papier. Après avoir notamment effectué quelques recherches dans les milieux féministes, il revient avec un script choisissant d'appuyer l'aspect horrifique du récit avec, en plus, deux ou trois idées bien arrêtées sur la façon de mener à bien cette aventure cinématographique.

La première de celles-ci : dégager du projet Brian De Palma, réalisateur sélectionné par la production sur la base du succès surprise remporté par son premier essai fantastique, SŒURS DE SANG. Le poste se voit alors confié à l'anglais Bryan Forbes, dont la tâche prioritaire va être de trouver l'incarnation à l'écran de Joanna Eberhart, épouse et mère de famille aimante mais aussi femme revendiquant clairement son émancipation. Les noms de Valerie Harper, Mary Tyler Moore (proposition non dénuée d'intérêt, à notre avis), Mia Farrow et Tuesday Weld sont notamment évoqués. Diane Keaton donne quasiment son accord avant de se désister parce que son psy sentait de mauvaises vibrations autour de ce rôle ! Ce sera Katharine Ross, beauté un peu froide mais indéniable incarnation de la femme libérée de cette époque, qui remporte finalement la mise sous l'approbation de l'omniprésent William Goldman. Par la suite, les rapports entre Bryan Forbes et son scénariste vont rapidement se dégrader. En cause : le travail de réécriture opéré par le réalisateur sur le script initial de William Goldman.

Une gestation compliquée que celle de ces FEMMES DE STEPFORD, qui amène notamment l'intéressé à se demander ce qu'aurait bien pu donner le même sujet sous la direction d'un Brian De Palma alors en pleine forme créative. Difficile évidemment de se faire une idée précise. Toutefois, il est à peu près certain que son approche se serait révélée drastiquement différente de celle de Bryan Forbes, dont le cinéma, loin des outrances et envolées baroques de son confrère américain, se distingue à l'inverse par une grande retenue et le maintien d'une forme constamment impeccable. Un style so british que l'on pouvait d'ailleurs craindre en légère inadéquation avec une intrigue fantastique un peu folle, dont le concept polémique nécessitait une certaine audace de la part du cinéaste retenu pour le traiter.

Bryan Forbes relève pourtant le défi haut la main, et de fort belle manière, en jouant délibérément (ou non, la question peut être posée) sur cette distanciation polie mais attentionnée caractéristique de son cinéma. Appliquée à un sujet dénonçant une forme de pensée rétrograde, mettant en scène un univers aseptisé et une galerie de personnages féminins totalement apathiques, sa patte feutrée fait en définitive merveille et donne une tonalité vraiment particulière à l'ensemble. Sous sa direction, LES FEMMES DE STEPFORD gagne une élégance glacée et, peut-être l'apport le plus emblématique du cinéaste à cette adaptation, un cynisme typiquement britannique culminant dans une ultime et mémorable séquence où le rire jaune se mélange alors à l'effroi.

Semi-échec à sa sortie, LES FEMMES DE STEPFORD n'obtiendra une reconnaissance méritée qu'assez tardivement dans son pays d'origine. Juste retour des choses, il possède aujourd'hui une place enviée parmi les classiques du suspense paranoïaque de la vague seventies. Notons enfin que, conséquence de son insuccès outre-Atlantique, le film est demeuré inédit en salles dans l'hexagone.

Sorti en 2004, très certainement dans l'espoir de capitaliser sur la distribution de son remake comique signé Frank Oz, le DVD français édité par Paramount succède notamment à un pressage Zone 1 sorti chez Anchor Bay en 2001 et aujourd'hui apparemment épuisés. La copie livrée pour l'occasion propose comme promis en entête de la jaquette un bon petit "Widescreen" anamorphique 1.85 au rendu image accusant toutefois un peu l'âge de la bobine. La photographie du géant du grain Owen Roizman (FRENCH CONNECTION, L'EXORCISTE, LES PIRATES DU METRO) conserve néanmoins tout son attrait visuel, tout comme l'excellent score du maestro de la parano musicale Michael Small, correctement mis en valeur par un son Dolby Digital mono. Côté langues et sous-titres, l'alternative se résume dans les deux cas à l'anglais ou au français.

Côté bonus, c'est léger mais ça vaut le coup d'œil et mérite largement quelques félicitations. Surtout que la galette est commercialisée à un tarif plus que raisonnable. Passons sur la bande annonce d'époque qu'il vaut mieux éviter de consommer avant le film, celle-ci vous balançant quasiment toute l'histoire jusqu'à son dénouement. En revanche, indispensable est La vie à Stepford, un petit documentaire de 17 minutes repris des suppléments du DVD d'Anchor Bay. Un supplément sous-titré en français, certes court mais extrêmement riche en termes d'informations, qui revient sur la genèse, le tournage et la réception du film. Interviennent dans celui-ci Bryan Forbes, sa femme Nanette Newman, Katharine Ross, Paula Prentiss, Paul Masterson et le producteur Edgar J. Scherick.

Une surprenante bonne affaire que cette édition française proposant dans une présentation soignée avec suppléments dignes de ce nom un petit classique américain relativement peu connu chez nous. Comme quoi, on a parfois tort de s'emporter sur les remakes des classiques du cinéma des années 70. Parfois indirectement, ça peut avoir du bon …

Rédacteur : Emmanuel Verlet
52 ans
6 critiques Film & Vidéo
On aime
Une œuvre riche et intelligente n’ayant rien perdue de sa pertinence
Un court mais passionnant documentaire en supplément
On n'aime pas
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L'édition vidéo
THE STEPFORD WIVES DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h55
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Supplements
    • La Vie à Stepford (Featurette)
    • Bande-annonce
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