Dans la cohorte de documentaires retraçant l'histoire du cinéma d'exploitation, Mark Hartley avait déjà commis il y a deux ans un métrage nommé NOT QUITE HOLLYWOOD sur l'«Oz-ploitation», à savoir le cinéma d'exploitation australien. Etant donné la réussite du film, on attendait de pied ferme son nouvel opus sur le cinéma d'exploitation philippin, MACHETE MAIDENS UNLEASHED ! Et malheureusement, après la vision du documentaire avec ses armées de jeunes femmes généreusement pouvues, machettes virevoltantes à la main au milieu de monstres et autres guerriers en furie, on regrette quelque peu le manque d'originalité de l'ensemble. Explications...
En fait, si le métrage fourmille de détails et interventions tout aussi cocasses et informatives de Sid haig, Jack Hill, R. Lee Ermey ou Roger Corman, il semble que quelques pans de l'histoire présupposée être le sujet du film aient été oubliées en cours de route. Comme si Mark Hartley avait fait comme il a pu avec ce qui lui est tombé sous la main. Mais c'est surtout le côté répétitif de l'ensemble qui finit quelque peu par lasser. Autre élément à sa décharge, le métrage a été présenté au Festival du Film Fantastique de Gérardmer en 2011, juste après un autre documentaire : AMERICAN GRINDHOUSE. Et cela n'a pas été en sa faveur. Déjà, quelques intervenants du film d'Elijah Drenner se retrouvent dans ici et pour dire globalement la même chose. On notera peut-être que John Landis se lâche un peu plus, volant la vedette au reste des professionnels interviewés pour la circonstance. S'il est toujours un bon client, volubile et toujours fun, il semble ici quelque peu faire office de vieux con. Triste à dire, mais ses commentaires – même s'ils ne sont pas dénués de fondement- ne fleurent pas vraiment le respect des auteurs de films Bis. Il y a l'art et la manière de dire les choses et John, tu n'es pas un ange.
Ceci dit, ne faisons pas la fine bouche sur la somme d'informations délivrées. Il s'agit d'ailleurs du même souci que pose AMERICAN GRINDHOUSE. Un paquet d'anecdotes, des témoignages précieux et fournis, une part non négligeable de créatures improbables, de membres sectionnés, de scènes topless et autres WIP («Women In Prison», soit le sous-genre se traduisant par «Femmes en Prison»). Le cinéphile ardent défenseur et amateur de bisseries généreuses et proche du n'importe quoi trouvera à se satisfaire d'extraits d'extravagances commises par Eddie Romero (de COMMANDO AUX PHILIPPINES au croquignolet BEAST OF THE YELLOW NIGHT jusqu'à BLACK MAMA, WHITE MAMA, entre autres) ou encore Gerardo de Leon (TERROR IS A MAN, LE MEDECIN DEMENT DE L'ÎLE DE SANG...), Cirio H. Santiago (l'inénarrable STRYKER) sans parler des commentaires de certains des intéressés.
L'abondance de biens ne nuit pas forcément. Tout dépend de la façon dont tout est agencé. Et il s'avère que le rythme de MACHETE MAIDENS UNLEASHED flanche régulièrement. Le trash peut s'avérer sympa (et ça l'est, indéniablement !), mais le film ne s'avère pas toujours communicatif à ce sujet. Certes, on se prête à sourire à certaines scènes, créatures et autres moments exagérément «autres» mais après avoir expérimenté un métrage comme AMERICAN GRINDHOUSE, dont MACHETE MAIDENS UNLEASHED est un parfait compagnon de route, force est de reconnaître que l'intérêt semble légèrement émoussé au bout du compte. Les films décrits dans les deux documentaires alimentaient par ailleurs les mêmes circuits d'exploitations américains, les fameuses «Grindhouses», donc.