Alors que ses parents s'absentent pour la soirée, une adolescente, seule avec sa petite sœur, invite sa meilleure amie. Pour s'amuser, elles décident de réaliser des canulars téléphoniques. Malheureusement, le hasard les mène à parler à un homme totalement dénué d'humour, lequel vient d'ailleurs de commettre un meurtre…
Alors qu'il a déjà une filmographie remplie de thrillers policiers, de Westerns (dont certains en 3D) ou encore de films d'aventures, William Castle se lance dans le cinéma d'horreur à la fin des années 50. Mieux, il met en scène ses projections avec des astuces à même d'attirer ou faire réagir le public : squelettes traversant la salle ou encore des lunettes de manière à percevoir les fantômes du film… LA NUIT DE TOUS LES MYSTERES et 13 FANTOMES ont même été depuis repris par Hollywood pour leur donner des remakes alors que Joe Dante a rendu hommage au cinéaste avec PANIQUE SUR FLORIDA BEACH. Parmi tous les films de William Castle, on trouve donc TUER N'EST PAS JOUER. L'idée du métrage, il va la trouver dans L'étreinte des Ténèbres, un roman de Ursula Curtiss. S'il en achète les droits, son adaptation ne sera pas vraiment conforme à l'œuvre littéraire originale. L'intrigue est simplifiée et le nombre de personnages se voit restreint au strict minimum. TUER N'EST PAS JOUER se fait très clairement à l'économie et ce même si le cinéaste engage deux «stars» : John Ireland et surtout Joan Crawford. Cette dernière n'est engagée que pour une apparition même si, au final, son nom est largement mis en avant sur les affiches.
TUER N'EST PAS JOUER peine un peu à démarrer. La faute a une mise en place longuette qui fait la part belle aux adolescentes, héroïnes de l'histoire. Une façon, on le suppose, pour le film de s'adresser au public cible. Evidemment, les considérations des adolescents des années 50 sembleront un peu désuètes de nos jours et l'identification ne sera donc pas vraiment aisée. Heureusement, le film se réveille avec une séquence lorgnant très nettement vers le PSYCHOSE d'Alfred Hitchcock. Le réalisateur britannique était clairement une influence pour William Castle comme on pourra le constater en visionnant d'autres thrillers horrifiques qu'il a pu réaliser, à commencer par LA MEURTRIERE DIABOLIQUE, mettant aussi en scène Joan Crawford. De plus, William Castle n'hésitait pas à présenter ses films dans leurs bandes annonces comme pouvait le faire Hitchcock. C'est par exemple le cas, justement, du Teaser de TUER N'EST PAS JOUER où le cinéaste appâte lui-même les spectateurs pour son film. Dans TUER N'EST PAS JOUER, il donne sa version de l'une des grandes scènes de PSYCHOSE. Si le résultat n'est pas aussi fort, reconnaissons qu'il réussit tout de même à donner un vrai coup de sang à son intrigue. S'ensuit alors une enfilade de quiproquos entre la naïveté des adolescentes et la paranoïa d'un tueur prêt à trucider quiconque pourrait révéler son secret, même des gamines. Tout se fera tout de même dans un grand calme avant un final beaucoup plus inquiétant et sombre. En effet, TUER N'EST PAS JOUER n'est pas une véritable réussite à même de traverser les âges sans encombres. Car hormis quelques passages entre suspense et horreur, le reste fait un peu office de remplissage. D'autant plus dommage que l'idée de départ est des plus astucieuses et que les scènes de tension sont réellement bien torchées. A noter que le livre original a été de nouveau adapté, cette fois pour le petit écran, une vingtaine d'années plus tard, sous le titre I SAW WHAT YOU DID, par Fred Walton, réalisateur de TERREUR SUR LA LIGNE qui jouait lui aussi du téléphone. Les producteurs des remakes des films de William Castle se sont eux aussi penchés sur la possibilité d'une nouvelle adaptation sur grand écran de I SAW WHAT YOU DID mais la chose répond depuis aux abonnés absents.
Les films d'horreur de William Castle se font rare en DVD. Ne boudons pas notre plaisir de découvrir ce TUER N'EST PAS JOUER avec une traduction française sous la forme de sous-titres. Ce sera d'ailleurs le seul supplément de cette édition DVD qui sort dans la collection «Universal Classics». En contrepartie, l'éditeur commercialise la galette à un tarif assez bas (un peu moins de dix euros). Le métrage aurait pourtant gagné à être proposé avec des suppléments car la genèse du film est certainement plus passionnante que le métrage lui-même ! A propos de l'absence de suppléments, un carton nous indique tout de même, à l'insertion du disque que les points de vues exprimés dans les commentaires et interviews ne reflètent pas les opinions de l'éditeur. Autant dire que ce DVD a été produit à la chaîne et que cet écran n'aurait jamais du être placé là, mais cela s'avère anecdotique.
Sur le DVD français, le film est donc proposé tout seul et avec seulement la version originale anglaise. Point noir, le format cinéma n'est pas respecté. On nous propose un transfert plein cadre en 4/3 qui révèle certes plus d'image en haut et en bas de l'écran mais qui ne propose pas la composition du film telle qu'elle était lors d'une projection en salle. Aux Etats-Unis, un vieux DVD présentait le film dans son format cinéma, mais avec un transfert 4/3, ce qui ne donnait de toutes façons plus vraiment satisfaction de nos jours. Dans le cas où vous êtes équipés d'un écran 16/9, la parade est donc de zoomer l'image de manière à camoufler une portion en haut et une partie en bas de manière à retrouver de manière très approximative le cadrage original. Reste que cela ne remplace certainement pas, en terme de qualité, un véritable transfert 16/9. Hormis cela, l'image reste des plus honnêtes sans pour autant être vraiment extraordinaire. Seule une piste audio anglaise, en mono, est proposée avec sous-titrage français. Curieusement, il n'y a pas de doublage francophone sur le disque alors que le film est bien sorti, à l'époque, dans les salles en France mais aussi en Belgique.