Header Critique : FRITT VILT III (COLD PREY 3)

Critique du film
FRITT VILT III 2010

COLD PREY 3 

FRITT VILT et FRITT VILT II ont été deux électrochocs en Norvège, à l'initiative d'une vague de films de genre scandinaves. Enormes succès publics, vendus un peu partout à l'étranger, il semblait logique de voir poindre une seconde séquelle narrant les aventures du tueur à la pioche. Ce fut chose faite en 2010, et la sortie au cinéma en Norvège courant octobre 2010 se révéla un nouveau raz-de-marée public. Cependant bien moindre par rapport aux deux autres opus. La vision du film permet de comprendre la baisse de régime et l'essoufflement du filon.

Il s'agit en fait d'une préquelle, comme le laissait suggérer le film annonce disponible depuis quelque temps sur ne net. Retour en 1976 dans le Jotunheimen, région montagneuse norvégienne. Où l'on voit les parents du jeune Geir Olav Brath – qui deviendra le tueur sauvage des deux premiers opus - le martyriser et le laisser pour mort dans les étendues neigeuses. Peu de temps après, le couple disparaît à son tour et l'hôtel est fermé... 1988, un groupe de campeurs s'aventure dans les environs de l'hôtel, et l'un d'entre eux tombe dans un piège à loups.

Contrairement à ses aînés, FRITT VILT III ne sait pas s'affranchir des conventions du genre. Les innovations qu'ont pu apporter les films de Roar Uthaug et Mats Stenberg s'effrite et laisse la place à un produit standard sans réelle surprise. En fait, la structure laisse à penser qu'on assiste à un quasi-remake de FRITT VILT. La progression du groupe de jeunes, leur arrivée sur les lieux, la volonté de passer un bon moment, l'incident déclencheur... Cela va jusqu'au physique et rôle du solitaire de service : Rolf Kristian Larsen dans le premier et Pål Stokka dans le cas présent. On retrouve par ailleurs les mêmes placements produits au même moment (Burger King en l'occurrence) mais aussi le même compositeur pour la musique du film (Magnus Beite), ce qui créé une certaine linéarité dans le propos – et un lien évident dans l'ambiance souhaitée. Pour les plus attentifs, les acteurs Tonie Lunde et Hallvard Holmen reprennent leur rôle du métrage de Roar Uthaug.

Ceci dit, exit l'attrait de la neige et enter l'automne et la nature sauvage révélée. Autant les autres films se déroulaient en huis clos, autant cette «suite» fait le choix d'un huis clos... en extérieur. En fait, à l'arrivée des jeunes à l'hôtel, un fâcheux sentiment de déjà-vu fait froncer les sourcils mais dès le choix des extérieurs comme théâtre de l'action, on sent la nouvelle direction choisie. Ceci accompagné de quelques révélations sur la nature de Geir Olav Brath, les événements qui ont mené à sa folie sanguinaire. La donne apparaît ainsi singulièrement différente de ce à quoi on pouvait s'attendre.

Maintenant, la forme choisie ne donne pas dans l'originalité. On se croirait revenu à une sorte de néo MANHUNT, slasher mâtiné de survival, on pense d'ailleurs brièvement à SURVIVANCE, au passage. A la séparation du groupe, on assiste à deux histoires montées en parallèle qui vont se rejoindre dans le dernier quart au sein de l'antre du tueur. Structure narrative axée sur l'homme des bois frustré sexuel qui capture Siri (Julie Rusti) et sur Geir Olav Brath (Endre Hellestveit), la force de la nature dégénérée qui n'est pas en fait devenu de facto une incarnation du mal. Mais avec une succession de maltraitances qui ont mené à sa quasi-invincibilité. Des thèmes intéressants mais qui ne savent pas briser les règles du genre auquel FRITT VILT III se rattache. A savoir une groupe de jeunes isolés attaqués par un fou furieux, mourrant un à un de manière horrible. Une mécanique lancée dont on sent rapidement les tenants et les aboutissants, même si le final recèle une petite nouveauté. Non pas que le produit soit déshonorant. Qualitativement parlant, l'emballage reste supérieur à la palanquée de slashers américains qui font régulièrement irruption sur nos écrans.

Cette nouvelle production Fantefilm met aussi la pédale douce sur l'horreur. L'écran nous génére bien une ou deux scènes sales, mais la tension semble également absente du métrage. Tourné cette fois-ci en HD Cam, le réalisateur novice Mikkel Brænne Sandemose donne au film un visuel léché, dans un format Scope généreux, exploitant de la meilleure manière qui soit les espaces du Jotunheimen. Cependant, on assiste à un suspense routinier, victime probable d'une thématique usée et de ressorts très peu inventifs. Qui plus est, le manque de charisme des acteurs principaux n'aide pas le métrage à sortir de la médiocrité.

Il apparaît bien que la règle des préquelles qui fleurissent actuellement demeurent invariablement inférieures en qualité aux originaux. On trouvera bien une exception qui confirme cette règle, mais cette exception n'est décidément pas FRITT VILT III qui s'avère une réelle déception. Compétent et visuellement soigné mais sans grand intérêt.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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