Cinq stripteaseuses découvrent une porte dérobée dans leur loge. Elles décident donc d'emprunter ce passage qui, après un long couloir, mène à une salle manifestement oubliée depuis bon nombre d'années. Les nanas court-vêtues y découvrent des lumières flashies, des poupées goths, des crânes en plastique, un puits et un grimoire. Par chance, l'une des Stripteaseuses est justement capable de déchiffrer l'alphabet imaginaire dans lequel est rédigé le bouquin. Un peu sotte tout de même, elle commence sa lecture par la page «Ressusciter les morts», avec bien évidemment pour conséquence une invasion de morts-vivants dans le night-club...
Nul doute que le nom de Takao Nakano ne vous est pas étranger. Réalisateur prolifique de métrages «Undergrounds», le bonhomme a en effet connu son heure de gloire au milieu des années 90, par le biais notamment de la saga EXORSISTER que l'on a pu découvrir en France en VHS. Nous évoquions du reste le monsieur dans notre chronique de LA BLUE GIRL LIVE 1, placé sous le signe des «Shokushu goukan» (monstres sexuellement tentaculaires !) ou, plus en détail encore, dans notre texte dédié au fameux KILLER PUSSY de 2004... Reste que depuis, le réalisateur nippon n'avait guère fait parler de lui et semblait s'être fait «bouffer» par ses compatriotes Noboru Iguchi, Yoshihiro Nishimura ou même Kengo Kaji, grands adeptes du gore généreux et délirant. Aussi, l'arrivée de BIG TITS ZOMBIE 3D, adaptation du manga «Kyonyū Dragon» de Rei Mikamoto, pouvait-elle susciter l'intérêt, sonnant à notre oreille comme le retour en force d'une «légende» (disons-le vite tout de même !) du V-Cinema décalé et fauché...
Dans son nouveau film, Takao Nakano réunit donc sans surprise les éléments qui firent sa gloire, et y adjoint les petits «plus» à la mode que sont les zombies et la 3D. De manière plutôt modeste cependant, faute de moyens. En effet, la troisième dimension, avec lunettes rouges et bleues, n'est ici utilisée que lors d'une demi-douzaine de séquences, généralement des stripteases terriblement soft ou des travellings sur des croupes de belle tenue. Bien que le choix d'appliquer le relief aux courbes féminines ne puisse être critiqué dans ces lignes, l'appellation «3D» semble toutefois légèrement usurpée, comme elle le fut par exemple pour le THE PARK de Andrew Lau. Le résultat n'est d'ailleurs pas plus concluant et ne devrait pas marquer les esprits.
Du côté des morts-vivants, l'avarice se fera également sentir. En effet, si l'on excepte l'introduction, les zombies du métrage mettront du temps à débarquer et se feront au final assez discrets. Reste qu'ils ont des looks si sympathiques qu'il serait bien dommage de les mépriser ! Certains arborent un simple masque à deux sous, d'autres sont bandés tels des momies, l'un est une Geisha, l'autre un samurai ou encore une étrange copie de «Baron Samedi» ! En réalité, les zombies de BIG TITS ZOMBIES 3D sont si typés visuellement que l'accumulation de faux raccords saute aux yeux et que l'on pourrait très bien s'amuser à dénombrer les morts d'un même personnage ! Nous reconnaîtrons bien là l'humour un peu absurde de Takao Nakano, et son amour pour l'amateurisme marqué, voire revendiqué...
Clairement, le film n'est donc ni rythmé, ni bien foutu, ce qui relève finalement de la normale chez le cinéaste japonais. Mais s'il y a bien un domaine avec lequel le spectateur n'a aucune envie de badiner lorsqu'il insère un DVD signé par le monsieur, c'est l'érotisme. Avec son titre plus qu'évocateur, BIG TITS ZOMBIES 3D annonçait d'ailleurs du lourd. Plus dure sera donc la chute face à ce film qui s'avère être l'un des plus pudiques du monsieur, allant même jusqu'à gommer maladroitement une paire de tétons lors du générique d'introduction ! La présence de la belle Sora Aoi n'y changera rien, les millions (milliards ?) de fans crieront au scandale et ils n'auront pas tort. Le réalisateur a beau nous servir furtivement l'un de ses classiques «cat-fight» (combat de femme s'effeuillant mutuellement), nous sommes à mille lieux de l'inventivité qui les caractérisait jadis. Nakano semble en effet bien peu inspiré, y compris lorsqu'il nous gratifie de ses inévitables «Sakasadori» (plan-culotte en contre plongée) sur des shorties colorés. L'aspect conventionnel et prude de cet érotisme neutre surprend autant qu'il déçoit.
Difficile dès lors pour le spectateur d'y trouver son compte. Les délires gores du film, extrêmement limités, nous paraissent aujourd'hui bien plats en comparaison de ceux, explosifs et inventifs, d'un TOKYO GORE POLICE. Le scénario n'offrant aucune originalité, pas plus que d'intelligence, ne fera qu'enfoncer un peu plus le clou… S'il est donc possible de retrouver ici la «griffe Nakano», nous ne pourrons qu'être déçus par le peu d'inventivité de l'oeuvrette, et plus globalement son évidente médiocrité. L'humour se limitera à quelques Sashimis ressuscités, et la seule véritable séquence de combat sera incluse deux fois dans le film, sans pour autant pallier sa mollesse. Avec BIG TITS ZOMBIES 3D, Nakano se montre à l'évidence complètement à côté de la plaque et, comme nous le craignions, mis au rancart par les réalisateurs qui ont «percé» ces cinq dernières années. Il n'y a qu'à jeter un œil à THE GIRLS REBEL FORCE OF COMPETITIVE SWIMMERS ou CHANBARA BEAUTY par exemple, tous deux très comparables en terme de thématique et de budget, pour se convaincre du ratage orchestré par le papa des EXORSISTER...
Pour ceux qui ne seraient pas convaincus par nos arguments et souhaiteraient tout de même tenter l'expérience du cuissot en 3D, nous recommandons l'édition britannique chroniquée dans ces lignes. Le disque, en plus d'être très accessible en terme de coût, dispose de deux couches et offre au choix la version plate ou tridimensionnelle du film. Contrairement à SHREK, BIG TITS ZOMBIES 3D n'est pas le genre de film qu'on regarde en famille, riant gras en compagnie de ses gosses. Sachant cela, il semble logique de dire que les deux paires de lunettes offertes dans le boîtier devraient suffire. Notons que celles-ci sont aux couleurs du film, ce qui offre une plus-value remarquable à ces objets de bon goût…
Le menu vous permettra d'enclencher ou pas le sous-titrage anglais, sachant qu'aucun doublage n'est proposé. La piste originale japonaise se décline donc en stéréo ou en Dolby Digital 5.1. Il faudra toutefois se lever tôt et investiguer ferme pour parvenir à faire le distinguo entre l'une et l'autre de ces pistes. Dans les deux cas, seules les frontales gauche et droite sont sollicitées, sans véritable énergie du reste. L'ensemble est assez plat, semblant daté, et ce même si les voix sont globalement claires. Le sous-titrage est correct, dénué de faute.
Sur le plan visuel, il ne faut pas non plus s'attendre à un vrai chamboulement. Nakano n'est pas du genre à faire dans la finesse quand on parle de photographie ou d'éclairages. Les lumières «naturelles» sont correctement restituées, de même que les régulières surexpositions et peaux brulées dont le monsieur est coutumier. La copie est propre et la compression s'en sort relativement bien. Nous noterons bien quelque plan à la définition défaillante, mais rien de bien méchant. Au final, on dira que ce transfert 16/9ème remplit son contrat et que les seuls défauts sont ceux d'une réalisation amateur, ou plutôt pensée comme telle.
En guise de suppléments, nous aurons droit à une courte introduction imposée avant le film, en 2D comme en 3D. Celle-ci donne la parole au réalisateur, un peu moins «renfermé» qu'à son habitude. L'homme nous explique globalement sa démarche, son concept du film fourre-tout, mêlant western (une citation de Leone, une musique vaguement inspirée), Grindhouse (trois griffures en début de pelloche !) et que-sais-je ! Nous aurons également droit à un making-of d'une durée approximative de quinze minutes. Celui-ci donne la parole aux actrices principales, Sora Aoi, Risa Kasumi et Mari Sakurai, lesquelles portent généralement moins de tissu lorsqu'elles sont filmées. Leur propos n'est pas très pertinent et celui de Nakano est redondant avec l'introduction dont nous avons déjà parlé. Le making-of permet néanmoins de découvrir quelques images de tournage, et de constater l'aspect franchement décontracté de l'entreprise !
Une galerie de vingt six images viendra compléter cette interactivité, de même que les deux bandes annonces de BIG TITS ZOMBIES 3D. La première est japonaise alors que la seconde est l'oeuvre de l'éditeur britannique. La première est largement plus sympathique, plus dynamique et «fofolle» que la seconde. Elle l'est même plus que le film en fait ! Quatre autres bandes-annonces de l'éditeur viendront s'ajouter à cela, mais celles-ci seront également visibles au lancement du disque. Enfin Terracotta fait sa pub via moult lien web et facebook, mais aussi par le biais d'un documentaire sans intérêt présentant le Terracotta Film Festival...