Kirsty Cotten est maintenant mariée à Trevor Gooden. Entre les deux, c'est l'entente parfaite et le couple se délecte de chaque instant de bonheur qui leur est offert. Une fort bonne idée puisqu'un beau jour, c'est l'accident. Leur voiture quitte la route et va sombrer aussi rapidement qu'une enclume dans la rivière. Kirsty n'en sortira pas vivante et Trevor, gravement traumatisé, souffre maintenant d'horribles migraines hallucinatoires. Mais plus que ces visions, c'est l'acharnement de la police à son encontre qui commence à le faire douter de lui-même...
HELLRAISER : INFERNO fut un échec. Malgré un scénario fort bien ficelé, une interprétation plus qu'honnête et un travail visuel soigné, le spectateur est mécontent et, pire que tout, Clive Barker lui-même hurle à l'infamie ! Aux yeux des producteurs, les raisons de cet échec sont claires. Le film n'offrait pas suffisamment de références à l'univers de HELLRAISER et surtout, le anti-héros de cet inavouable opus était un être bien trop détestable. Joueur, prétentieux, froid et distant avec sa famille, l'homme n'avait, il est vrai, pas grand chose pour lui...
Fort de ce "constat", Miramax crie au gâchis et décide de réaliser un nouveau film, reprenant globalement l'intrigue de l'opus maudit. Cette fois-ci, le personnage principal se devra donc d'être plus "attachant" afin, on l'espère, de caresser le spectateur dans le sens du poil. C'est pourquoi Trevor Gooden se contentera d'être infidèle en de multiples occasions. Un homme adultère en échange d'un "pécheur" multiple, irascible de surcroît ; Reconnaissons que nous gagnons au change...
Pour ce sixième volet de la saga HELLRAISER, l'heure est donc venue de trouver un nouveau réalisateur. Encore une fois, la production ira piocher parmi les talents prometteurs n'ayant pas encore fait leurs preuves. Comme cela avait été le cas pour Kevin Yagher (réalisateur de HELLRAISER : BLOODLINE), c'est du côté de la série LES CONTES DE LA CRYPTE que sera trouvée la nouvelle perle : Rick Bota. Si l'homme n'est alors qu'un réalisateur débutant, il n'en reste moins qu'il oeuvra en tant que directeur de la photographie sur de nombreux métrages tels que L'ARME FATALE 4, BARB WIRE ou encore LA MAISON DE L'HORREUR. Un curriculum vitae qui lui permettra de faire valoir quelques exigences visuelles sur la réalisation de HELLRAISER : HELLSEEKER...
Ainsi, pour ses bons offices, Bota se voit allouer un budget de trois millions de dollars, soit un de plus que Scott Derrickson pour son HELLRAISER : INFERNO. Malgré cela, les restrictions sont bien entendu de mise et la suppression des plans sous-marins accompagnant l'accident est sérieusement évoquée par l'ensemble de l'équipe. Le réalisateur mettra cependant son veto et ne consentira en réalité qu'à un seul sacrifice vis-à-vis du script d'origine : La suppression d'une chèvre ! En effet, dans le script, l'accident survient alors qu'un bouc (représentation commune du Malin héritée du Dieu grec Pan) traverse paisiblement la route. La mythologie HELLRAISER n'ayant cependant jamais développé cette approche purement Chrétienne du Diable, la scène fut abandonnée, occasionnant par là même l'économie d'une créature animatronique coûteuse... Le drame devient donc banal avec toutefois une mise en image des séquences sous-marines plutôt élégante.
Suite à cet accident, le personnage de Trevor bascule donc dans l'horreur. Malheureusement, le spectateur fera de même et se trouvera confronté à une trame générale des plus simplistes, se contentant de remodeler légèrement le concept développé par HELLRAISER : INFERNO. Dès lors, l'amoureux de la saga ne pourra plus jouir d'un quelconque «effet de surprise» et la condition de Trevor ne fera à ses yeux aucun doute… Plus regrettable encore le fait que nous perdions un anti-héros interprété par l'excellent Craig Sheffer (cinquième opus) au profit d'un coureur de jupons sans véritable consistance, incarné platement par l'acteur Dean Winters (le Ryan O'Reily de la série OZ, et frère du héros de RESCUE ME, LES HÉROS DU 11 SEPTEMBRE).
HELLRAISER : HELLSEEKER part donc sur de bien mauvaises bases. Rick Bota possède cependant plus d'un tour dans sa besace et tente de pallier les lacunes évidentes de son métrage via divers artifices plus ou moins convaincants. Le premier, c'est bien entendu le grand retour dans la série de l'actrice Ashley Laurence qui fut la battante Kirsty Cotton des deux premiers volets. Une réapparition appréciable et pourtant nullement préméditée. Le scénario initial faisait en effet état d'une «Kirsty» adulte et mariée. Doug Bradley, à la lecture du script, fit part à Bota du plaisir qu'il avait à retrouver l'actrice Ashley Laurence. Ce à quoi le réalisateur répondit qu'il ne s'agissait que d'une coïncidence et que la Kirsty de HELLRAISER : HELLSEEKER n'avait rien à voir avec la célèbre héroïne de la saga ! Déçu, l'interprète de Pinhead contacta lui-même son ex-partenaire pour la convaincre de reprendre le rôle, ce qu'elle fit naturellement. Cette heureuse nouvelle imposa bien entendu quelques remaniements scénaristiques... Reste qu'à l'écran, il semble aujourd'hui évident que le personnage de Kirsty aurait très bien pu se nommer autrement et prendre d'autres traits. Sa présence sonne donc plus comme un petit clin d'œil décevant que comme une réelle source d'intérêt. Deux séquences alternatives, présentes sur le disque américain, monteront du reste que Bota a tenté d'étoffer quelque peu le personnage sans pour autant y parvenir…
Reste qu'en plus de ce personnage, le réalisateur et son scénariste Carl V. Dupré (PROPHECY III) injectent à leur histoire quelques éléments supplémentaires assurant le lien avec les autres films de la saga. Voilà qui devrait rassurer les fans ! C'est donc avec plaisir que nous découvrirons de nouveaux cénobites aux apparences proches de celles vues dans les deux volets précédents. L'occasion une nouvelle fois de saluer l'étonnant travail du maquilleur Gary J. Tunnicliffe, ici plutôt inspiré... Il est également amusant de constater que le personnage de Trevor, coureur de jupons peu scrupuleux, n'est pas sans évoquer le Frank du premier HELLRAISER. Les deux personnages connaîtront d'ailleurs une destinée très similaire, à la limite de la redite. Citons enfin la présence d'un descendant des LeMarchand dans le film, interprété par Doug Bradley (crédité pour ce rôle sous le nom de Charles Stead !), créant le lien avec HELLRAISER IV : BLOODLINE et bien évidemment le roman d'origine de Clive Barker.
Autre «subterfuge» employé pour tenter d'occulter la redondance du scénario : La confusion. Bota ne pouvant plus surprendre le spectateur, il décide de le perdre ! Les passages entre cauchemars et prises de conscience semblent dès lors se succéder sans véritable logique, de même que les différents flash-back (véritables ou erronés) marquant le retour progressif de la mémoire du héros. Tout est mis en œuvre afin de créer une complexité artificielle aboutissant finalement sur une conclusion qui ne pouvait surprendre... Peine perdue ? Ne soyons pas si catégoriques et accordons que certaines scènes sont plutôt bien vues, comme celle de la caméra filmant une étreinte sexuelle alors que les deux protagonistes viennent de claquer la porte ! L'ombre de VIDEODROME plane de toute évidence sur HELLRAISER : HELLSEEKER lors de ces quelques séquences, plus pertinentes et intrigantes...
Mais au-delà de ces rares instants, ne cachons pas que c'est un peu la déception avec un produit qui, contrairement au volet précédent, peine à masquer son statut de Direct-To-Video. La photographie est très banale et l'usage des filtres teintés guère concluant. Le rythme est par ailleurs mollasson, et les seconds rôles sans grand intérêt. Reste que malgré cet aspect bancal et surtout redondant vis-à-vis de l'opus précédent, le film de Rick Bota donnera satisfaction à Miramax et, plus curieusement, à Clive Barker qui ne fera qu'émettre quelques remarques a posteriori. Il sera donc décidé, chose inédite dans la saga, de conserver le metteur en scène qui enchaînera directement sur HELLRAISER : DEADER et HELLRAISER : HELLWORLD...
Tourné début 2001 à Vancouver, HELLRAISER : HELLSEEKER sortira un peu plus tard en DVD, le 15 octobre 2002. Du moins sur le sol américain car en France, il faudra attendre quatre ans de plus pour découvrir le film, en compagnie des deux suivants dans un coffret édité par TF1 Video. Cette «mise en boite» induit malheureusement un élagage franchement radical sur le plan éditorial. L'édition française ne dispose donc d'aucun supplément, là où le disque américain nous offrait tout de même quelques bandes-annonces, un documentaire de deux minutes dévoilant l'envers de trois séquences à effets spéciaux, trois scènes alternatives (sans grand intérêt cependant) et un commentaire audio du réalisateur...
Ce que nous perdons en interactivité, nous le gagnons cependant en options francophones. Le disque américain ne disposait que d'un sous-titrage anglais pour malentendants alors que cette édition TF1 Video propose sans surprise un doublage et un sous-titrage en langue de Molière. Enfin Molière... N'exagérons rien ! Le doublage est en effet juste honnête et c'est pourquoi nous lui préférerons largement à la piste originale, elle aussi encodée en Dolby Digital 5.1, mais tout de même plus dynamique et surtout équilibrée… Quelque soit votre choix, faites le avant le démarrage puisque ce disque interdit le changement en cours de film, de même qu'il impose le sous-titrage sur la version originale !
Enfin l'image est ici proposée dans son ratio 1.85 d'origine, via un transfert 16/9ème d'une qualité moyenne. La définition n'est pas bluffante, quelques soucis de compression se font sentir et nous aurons même droit à quelques défauts de pellicule. Rien de dramatique cependant mais la baisse qualitative par rapport à HELLRAISER : INFERNO se fait sentir jusque dans ce transfert. Notons pour finir que la copie américaine ne fait pas mieux et propose une image en tous points semblable...