En 1928, un cinéaste hongrois entreprend de tourner un film dédié à une légende tsigane. Manque de chance, le film restera inachevé et l'équipe de tournage périra dans d'étranges circonstances. Plus de quatre vingt ans plus tard, un réalisateur américain décide de reprendre le film, à sa façon, pour tourner sa version de la légende. Pour cela, l'équipe se rend dans les mêmes studios qui abritaient le tournage original, sans savoir que les lieux sont hantés par un spectre pas vraiment cinéphile !
Fruit Chan fait ses classes à Hong Kong durant les années 80. Evidemment, il va ainsi bosser dans l'ombre sur les tournages de films de Jackie Chan, Ronny Yu, Kirk Wong ou encore Sammo Hung. C'est d'ailleurs sur l'un des films de ce dernier qu'il va faire ses armes en tant que réalisateur même si, au final, HEART OF DRAGON sera très largement supervisé et mis en scène par le comédien. Un premier film assez curieux puisqu'il s'écarte considérablement de ce que l'on peut attendre d'une production où Sammo Hung donne la réplique à Jackie Chan. En effet, on ne trouve pas de débordements d'arts martiaux dans ce métrage qui narre le parcours de deux frères, l'un étant policier et l'autre handicapé mental. Plus qu'un film policier HEART OF DRAGON est surtout un mélo où l'action est loin de primer. Si on peut difficilement voir dans la particularité de ce film une influence de Fruit Chan, il faut tout de même reconnaître que le réalisateur ne va pas vraiment suivre les canons du cinéma de Hong Kong. Hormis FINALE IN BLOOD, premier métrage où il est seul maître à bord, le cinéaste va s'orienter vers des drames ou des thrillers aux tons assez particuliers. Sa réputation ira grandissante mais il faudra surtout attendre NOUVELLE CUISINE, version allongée du court-métrage de l'anthologie THREE EXTREMES, pour que son nom soit un peu mieux mis en avant. Avec DON'T LOOK UP, devenu en France SHOOT, il se retrouve aux commandes d'une production très étrange. En effet, le film est produit en partie par le Japon et les Etats-Unis avec l'évidente envie de s'attaquer à un marché international…
SHOOT s'inspire d'un film japonais d'Hideo Nakata réalisé une quinzaine d'années auparavant. Le futur réalisateur de RING s'attaquait déjà, avec JOYU-REI ou GHOST ACTRESS pour son titre occidental, à une histoire de spectres vengeurs. Pour la nouvelle version, il est fait table rase du scénario original et c'est surtout un point de départ qui va être conservé. Ainsi, une équipe de tournage devient la cible d'un fantôme pas sympa. Dans le cas de SHOOT, l'histoire sera enrichie de nombreux nouveaux éléments : personnage aux pouvoirs paranormaux, malédiction ancestrale, légende tsigane, progéniture du diable… JOYU-REI et SHOOT sont, au final, peu semblables, comme beaucoup de remakes américains. Car il faut le faire remarquer, les origines asiatiques du sujet original ou même celles du réalisateur n'apparaissent pas du tout dans ce métrage produit pour un public mondial. L'histoire suit donc une équipe de tournage américaine qui se déplace en Hongrie pour mettre en boîte un film d'horreur. Les protagonistes sont ainsi tous occidentaux et seule l'hygiène capillaire du spectre se rattache nettement aux films de fantômes japonais post-RING. On y retrouve aussi d'autres tics et imageries de type RING, à l'instar d'une mouche qui s'échappe d'un écran de contrôle, de l'utilisation des outils vidéo ou encore des plans étranges sur des yeux. L'influence d'Hideo Nakata plane donc lourdement sur SHOOT et se montre tout naturellement sans finesse. On a d'ailleurs un peu de mal à percevoir la patte de Fruit Chan dans le film à part, peut être, dans un final où quelques images poétiques viennent donner un peu plus de corps au spectacle horrifique. Par exemple, des feuilles mortes se détachent d'une toile ce qui donne une image surréaliste à tout un ensemble se voulant déjà spectaculaire. Bien moins recherché, on notera une certaine outrance dans SHOOT qui lâche quelques images gores venant épicer l'action. Que ce soit une torture médiévale assez corsée ou bien un accouchement douloureux, SHOOT a, au moins, le mérite de tenter de choquer son auditoire. Cependant, même si les histoires d'accouchement auraient pu donner un aspect glauque au métrage, le résultat n'apparaît pas bien sérieux à l'arrivée. C'est aussi le cas de la distribution assez inégale, certaines scènes n'étant pas jouées de manière très probante. Malheureusement, celui qui s'en sort le plus mal n'est autre que l'acteur principal, Reshad Strik. Parfois convaincant, il assure tout de même quelques passages plutôt affligeant. Pour lui donner la réplique, on retrouve Henry Thomas, le gamin du E.T. de Steven Spielberg, qui a bien évidemment vieilli. Face aux comédiens masculins, ce sont les actrices qui s'en tirent le mieux et plus particulièrement Carmen Chaplin. Enfin, on pourra noter que Eli Roth, réalisateur de CABIN FEVER et HOSTEL, fait l'acteur durant quelques minutes au début du film ! Une apparition qui sera épaulée, ici ou là, de quelques références au cinéma d'horreur essayant de donner à SHOOT une connotation cinéphile pas vraiment naturelle.
SHOOT est un métrage pour le moins étrange. Pas vraiment réussi mais pas totalement raté. Sorte de films de fantômes japonais tournés à l'occidentale, il arrive peut être bien trop tardivement, après des essaims de métrages semblables, pour réussir à s'imposer. Malgré son histoire alambiquée, il y a surtout une méchante impression de déjà vu qui n'est pas aidée par les maladresses des comédiens ou de la direction d'acteurs. Ce premier essai hors Asie de Fruit Chan n'est probablement pas la meilleure option pour découvrir l'univers et la filmographie de ce cinéaste.
A l'insertion du disque de SHOOT, les bandes-annonces d'autres films distribués par Seven 7 s'imposent à l'écran. Heureusement, il est possible de les zapper en s'armant de patience grâce à la touche «Suivant» de la télécommande du lecteur de DVD. Une fois le menu principal atteint, on notera que la charte graphique est la même que celles d'autres titres de l'éditeur : CARNY ou KILLING ROOM. Cela a le mérite d'être fonctionnel même si l'emballage fait un peu «standard». Les menus permettent de choisir les langues, ici la version originale anglaise sous-titrée ou bien le doublage français. Les deux sont proposés en Dolby Digital 5.1 et dans les deux cas, on ne peut pas dire que ce soit très spectaculaire. L'image est, quant à elle, de bonne tenue et permet de voir le film dans de bonnes conditions !
En suppléments, on trouve donc pas mal de bandes-annonces, la plupart étant imposées au préalable lors du lancement du disque. Mais l'éditeur propose aussi un making-of où l'on trouve pas mal d'interventions des comédiens ou des cinéastes ayant œuvré sur le film. Comme souvent, le discours est un peu trop dithyrambique pour être tout à fait honnête, surtout après avoir vu au préalable le métrage. Quoi qu'il en soit, cela permet tout de même voir des images de tournages, de découvrir les astuces des effets spéciaux ou encore de découvrir que, une fois n'est pas coutume, les décors des Pays de l'Est ont été réalisés aux… Etats-Unis. Curieux puisque, comme le font remarquer les divers intervenants, d'habitude les tournages sont délocalisés dans les Pays de l'Est en évertuant de faire croire que les décors sont américains !