Recherché par les gendarmes, Alexandre donne rendez-vous à sa compagne Virginie dans un moulin en ruine et isolé. Tandis que les amants profitent de leur retrouvaille, le moulin se met à basculer dans un univers morbide où la nuit a remplacé le jour. Ils vont bientôt faire la connaissance du terrible propriétaire des lieux.
Michael Guerraz, tout d'abord monteur de documentaires, signe avec SPIRALE son cinquième court-métrage après BUILDING BLUES, GARE A L'AMOUR, LA METHODE DOUCE et LES ORDURES. En réalité, SPIRALE aurait du être le quatrième film de son auteur si la post-production monumentale du projet ne l'avait pas bloqué pendant trois ans. C'est ainsi qu'il réalise LES ORDURES en parallèle des effets spéciaux numériques de SPIRALE. Michael Guerraz n'est pas un réalisateur débutant et SPIRALE sonne comme une date dans la filmographie de son auteur. D'une part, c'est la première incursion dans le fantastique du réalisateur. D'autre part, c'est le premier gros projet en termes de moyens et de logistique que signe Michael. Tourné en format professionnel HD sur quinze jours (un long tournage pour un format de court-métrage), SPIRALE offre un rendu très loin du semi amateurisme souvent rencontré dans les autoproductions.
Dès les premières secondes, nous sommes conquis par SPIRALE. La superbe voix de Benoit Allemane, doubleur «officiel» de Morgan Freeman, épouse des illustrations de livre de conte de fée qui s'animent devant nous. L'univers du film, qui va côtoyer la douceur et la noirceur, prend immédiatement vie. Lorsque cette introduction laisse sa place aux prises de vue réelles, nous sommes toujours sous le charme. La photographie est superbe, le moulin en image de synthèse très convaincant et les comédiens sont à la fois charmants et crédibles. Bien entendu, le romantisme lumineux des premières minutes va très rapidement laisser sa place à la grisaille gothique du cinéma d'horreur. Le monstre du film, un meunier au faciès de sorcier, va lancer SPIRALE sur les rails du slasher tout en gardant très présent l'univers du conte de fée horrifique.
En termes d'influences, Michael Guerraz cite beaucoup Mario Bava et le cinéma européen de genre des années 60. Une séquence de «boucle» narrative, qui justifie la spirale du titre, n'est pas sans rappeler LE MOULIN DES SUPLICES. Pourtant, on ne peut s'empêcher de penser à quelques références plus récentes, comme les EVIL DEAD de Sam Raimi. Bien entendu, le cadre du moulin abandonné renvoie à L'ARMEE DES TENEBRES, le troisième opus de la saga, surtout lors de la séquence de jour faisant subitement place à la nuit. Le premier EVIL DEAD est également cité à l'occasion de quelques coquetteries de découpage mais surtout au détour d'un ressort scénaristique que nous nous garderons bien de révéler. Bien entendu, ces quelques références n'empêchent nullement SPIRALE de posséder sa propre personnalité.
Les vingt minutes de SPIRALE se consument comme un charme vénéneux auquel il paraît difficile de résister. La qualité visuelle, vraiment très impressionnante, est pour beaucoup dans notre appréciation. Pas de doute, nous sommes face à une réelle ambition de cinéma. Dommage que le scénario se repose un peu trop sur les enjeux quelques peu balisés du genre. Le jeu du chat et de la souris entre Virginie et le meunier tire un peu à la corde sur la longueur. Heureusement, SPIRALE monte encore d'un cran dans ses dernières minutes en convoquant un ultime invité particulièrement impressionnant. Nous quittons donc le film avec la sensation d'avoir visionné rien de moins que l'un des courts-métrages les plus maîtrisés de l'année 2009. Le Festival du SMIHFF ne s'y trompera pas en offrant à SPIRALE le prix de bronze de sa compétition de courts-métrages en octobre dernier. On attend maintenant avec impatience le nouveau court de Michael Guerraz, CONTACTS, un drame fantastique tourné en 35mm.