Grovetown connaît une étrange épidémie de suicides. Si les autorités n'ont pas l'air de s'affoler, une partie de la population montre du doigt les rejetons d'une famille qui aurait pratiqué la sorcellerie par le passé…
Directeur de la photographie depuis une vingtaine d'années sur des productions parfois assez importantes, Phedon Papamichael prend les rênes d'un petit métrage horrifique financé par Burgundy Films. Le cinéaste n'hésite pas, d'ailleurs, à affirmer que pour ce FROM WITHIN, il s'inspire des chefs d'œuvre de l'horreur que sont ROSEMARY'S BABY ou SHINING. Phedon Papamichael place donc de lui-même la barre assez haute pour un métrage qui, en réalité, s'éloigne tout de même pas mal du film de Roman Polanski et, tout autant, de celui de Stanley Kubrick. A vrai dire, le scénario du film écrit par Brad Keene fait beaucoup plus penser aux films de fantômes japonais. Le spectre de RING plane ainsi largement au-dessus de la trame suivie par FROM WITHIN. On accumule ainsi les morts suspectes et l'héroïne essaie de trouver la clef du mystère alors qu'une menace se fait clairement sentir. Un vieux tas de planches entraperçu au détour d'un plan semble même renvoyer l'image du funeste puits du film de Hideo Nakata alors que certaines apparitions sont ouvertement influencées par les fantômes aux cheveux sales en provenance d'Asie.
Le scénariste tente de noyer le poisson en modifiant tout de même les motivations des uns et des autres de façon à ce que le canevas de RING ne soit pas trop voyant. L'intrigue prend place dans une ville majoritairement religieuse ce qui donne l'opportunité d'exposer une sorte de critique de l'intégrisme. Menée par un prédicateur, limite télé évangéliste, la ville semble gouvernée par l'amour du seigneur. Un amour qui tire plutôt vers la haine féroce des anti-conformistes et hommes de peu de foi. Athées ou pratiquants d'autres croyances, peu importe ! Quelques passages font d'ailleurs un peu penser au EMPRISE de Bill Paxton en dépeignant des croyants radicaux prêts à envoyer ad patres les pêcheurs de manière assez brutale. Pour autant, cette thématique d'une intolérance galopante qui contamine les esprits des plus jeunes semble, à l'arrivée, surtout servir le sujet principal d'une malédiction surnaturelle. A ce titre, FROM WITHIN adopte la recette du slasher en multipliant les procédés de mises à mort. Si cela aurait pu empêcher une certaine routine, le film suit tout de même une construction pas si éloignée que cela des DESTINATION FINALE, la perversité des mécanismes en moins. Le film de Phedon Papamichael se montre donc très nettement influencés par de nombreuses sources cinématographiques. Le cinéaste réussit tout de même, ici ou là, des bouts de séquences intéressants au milieu d'un métrage ultra balisé et à l'interprétation inégale. En tout cas, à l'écran, le résultat n'est pas désagréables et se laisse regarder. Néanmoins, ceux qui naviguent depuis pas mal de temps dans les eaux du cinéma horrifique ne seront que rarement, voire pas du tout, surpris par ce que le film propose.
FROM WITHIN a raflé pas mal de Prix au Solstice Film Festival en 2008. Une manifestation diffusant des métrages indépendants et pas vraiment orientés vers le Cinéma Fantastique. On sera alors assez surpris de découvrir que FROM WITHIN y a été couronné en tant que «Meilleur Film» et «Meilleur Scénario». Même les deux comédiens principaux, l'un étant assez mauvais (Thomas Dekker) et l'autre plutôt bonne (Elizabeth Rice), ont eu droit à leur prix chacun dans leur catégorie respective. La compétition n'a probablement pas été rude cette année là. En France, FROM WITHIN sera distribué directement en vidéo sous le titre INSIDE après avoir fait un passage à l'édition 2010 du Festival du Film Fantastique de Gérardmer dans la catégorie des inédits vidéo. Depuis, le scénariste Brad Keene a signé de manière assez naturelle l'écriture d'un métrage dans la veine des spectres asiatiques avec THE GRUDGE 3. Tout aussi logique, le comédien Thomas Dekker fait partie de la distribution du remake des GRIFFES DE LA NUIT alors que l'un des ressorts de FROM WITHIN rappelle, pour une petite partie de son histoire, le chef d'œuvre de Wes Craven. De son côté, Burgundy Films envisage le tournage d'un FROM WITHIN 2 : THE CURSE où la malédiction se prolongerait au-delà de l'amusant générique de fin du premier film.
Pas vraiment habitué à ce type de production, un film horrifique américain, France Télévisions Distribution prend donc sous son aile FROM WITHIN, ou plutôt INSIDE, pour une sortie française en vidéo. L'édition DVD se fait relativement minimaliste même si l'on a vu beaucoup plus épuré auparavant. L'éditeur propose en effet de découvrir le film sans aucun autre supplément qu'une bande-annonce. Cette dernière propose d'ailleurs au moins un plan absent du montage final du film. Pas de quoi s'enthousiasmer plus que ça mais l'important, après tout, c'est que le métrage est proposé dans un transfert 16/9, au format large respecté, de très bonne tenue. Contrairement aux films indépendants à petits budgets que l'on a pu voir dernièrement, FROM WITHIN a un rendu qui fait résolument «cinéma» et qui provient plus que certainement du savoir-faire et de l'expérience de Phedon Papamichael. On notera aussi que la piste originale anglaise en Dolby Digital 5.1, évidemment avec sous-titrage (amovible) en français, se fait plutôt subtile et joue même de manière sympathique avec des effets directionnels. Un travail qui n'est pas retranscrit de la même façon sur la piste doublée en français puisque celle-ci n'est proposée qu'en stéréo. Ce DVD permet, tout de même, de découvrir FROM WITHIN dans de bonnes conditions à défaut d'en apprendre plus sur sa création au travers d'une interactivité plus expansive.
