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Critique du film et du DVD Zone 2
HANSEL ET GRETEL 2007

 

Alors qu'il traverse une forêt en voiture, Eun-Soo a un accident. Lorsqu'il reprend conscience, il se retrouve nez à nez avec une fillette. Elle l'entraîne vers la demeure où elle vit en compagnie de son frère, de sa petite sœur et de ses parents : la Maison des Enfants Heureux. Très vite, Eun-Soo comprend que quelque chose d'étrange se déroule entre ces murs et décide de partir au plus vite...

A l'occasion de la diffusion de cet HANSEL ET GRETEL au dernier Festival de Gérardmer, une première critique de DeVilDead avait déjà relevé qu'il s'agissait du second long métrage mis en scène par le jeune réalisateur sud-coréen Pil-Sung Yim, après son suspense glacial ANTARTIC JOURNAL. Il revient ici avec un film très ouvertement fantastique.

S'il est coutumier de se lamenter des remake hollywoodiens de films asiatiques, on peut aussi remarquer que cette industrie a tendance à s'inspirer, sans trop le préciser de certaines œuvres occidentales. Si 2 SOEURS s'avérait un remake non avoué de L'AUTRE, la critique susmentionnée relève aussi un rapprochement tout à fait pertinent entre le début de cet HANSEL ET GRETEL et un célèbre épisode de «LA QUATRIEME DIMENSION» : «It's a Good Life», dans lequel un enfant aux pouvoirs surnaturels impose ses quatre volontés à des adultes terrifiés.

Ici, des enfants vivent dans une maison étrange, modelée entièrement selon leurs goûts de lecteurs de contes de fée. Ils piègent des adultes pour qu'ils deviennent leurs parents, leur oncle, ou leurs invités. Ces derniers se retrouvent en fait retenus captifs grâce à des forces mystérieuses planant au-dessus de cette étrange maison, perdue au cœur d'une inextricable forêt.

Popularisé par les recueils des Frères Grimm (Jacob et Wilhelm), «Hansel et Gretel» est un conte de fée célèbre, relatant les mésaventures de deux orphelins, abandonnés par leurs parents en pleine forêt et trouvant refuge dans une maison en pain d'épice aux atours hospitaliers. Il s'agit d'un piège tendu par une vilaine sorcière mangeuse d'enfants !

Cette histoire n'a jamais vraiment donné lieu à une adaptation majeure au cinéma. Sa transposition la plus connue reste le film américain HANSEL AND GRETEL de John Paul et Michael Myerberg, mettant en scène des pantins animés. Tim Burton signa un court métrage HANSEL AND GRETEL pour le studio Disney. La Cannon, dans ses dernières années, produisit en Israël une série d'adaptation de conte de fées, dont un HANSEL ET GRETEL avec David Warner.

Néanmoins, l'influence souterraine de ce conte cruel marque les imaginations, ne serait-ce que de façon indirecte, Dario Argento cita à plusieurs reprises ce conte comme une influence de SUSPIRIA et INFERNO. Ce dernier, en particulier, confronte un frère et une sœur à une maison dans laquelle vit une sorcière, dont une courte scène implique qu'elle se livre au cannibalisme. Au crépuscule de l'âge d'or du cinéma italien, Lucio Fulci supervise une série de films d'horreur à petit budget, parmi lesquels un HANSEL E GRETEL, sorte de transposition contemporaine de la légende.

Pourtant, cet HANSEL ET GRETEL coréen n'est pas, à priori, l'adaptation directe du conte. Son histoire de départ en est assez éloignée, et c'est seulement à la fin du métrage que la référence prend de sa pertinence, au gré d'un flash back relevant le passé terrible des trois enfants. D'autres contes européens sont encore évoqués, tel «Le petit chaperon rouge» ou «Le petit poucet», plongeant ce film dans une atmosphère étrange et baroque.

Au rang des influences marquantes dans cet HANSEL ET GRETEL, signalons encore que, si la première partie nous évoque «LA QUATRIEME DIMENSION», la fin bascule vers LA NUIT DU CHASSEUR, un étrange personnage de diacre, mettant tout en œuvre pour séduire les enfants, avec des intentions ambiguës. Les enfants, que nous percevions comme d'inquiétants bourreaux, deviennent à nos yeux des victimes, dont la cruauté est autant la conséquence de leur naïveté que des actions des adultes eux-mêmes.

Toutes ses influences se mêlent harmonieusement en un ensemble trouvant sa force et son unité d'une part dans un travail visuel remarquable, une ambiance de contes inquiétants restituée au moyen de décors grouillants de trouvailles et de détails. La singularité de HANSEL ET GRETEL se fait aussi en explorant ses thèmes assez sombres. L'histoire de ses enfants, de leurs visiteurs et le conte de «Hansel et Gretel» ont en commun d'évoquer les étapes du passage vers la vie adulte, la perte de l'innocence. Il s'agit alors de dépiauter comment ces étapes se négocient, positivement après de dures épreuves, ou bien comment elles peuvent être tragiquement esquivées, par des solutions radicales tel le refus pur et simple de vieillir ou le basculement dans la folie homicide.

Cette thématique audacieuse, cette façon d'aborder les parts sombres de l'enfance avec finesse, font définitivement de HANSEL ET GRETEL un film personnel. Ses changements de ton et de points de vue fréquents le rendent parfois un peu confus et peuvent égarer le spectateur. Celui-ci aurait pourtant tort de bouder cette œuvre singulière, envoûtante et profonde.

Malgré ses qualité, HANSEL ET GRETEL est passé plutôt inaperçu dans les cinémas coréens. Et s'il a été question durant l'année 2009 que ce long métrage soit exploité dans les salles françaises, il dut se contenter, en avril 2010, d'une sortie directement en DVD chez Wild Side. Toutefois, l'éditeur ne ménagea pas sa peine en proposant une belle édition regroupant le film et ses suppléments sur deux DVD double face.

Le premier disque contient le film lui-même, proposé dans un transfert 16/9 respectant le format cinéma d'origine 1.85. La copie est tout à fait propre, les contrastes et les couleurs sont robustes, tandis que la définition est de bonne tenue. Seules quelques toutes petites imperfections vidéos, tels des contours parfois un peu instables, empêchent d'atteindre la perfection, mais il s'agit tout de même d'une copie tout à fait satisfaisante.

Pour les bandes sons, Wild Side propose la version originale coréenne dans un excellent mixage DTS 5.1, propre et dynamique, avec une animation des voies arrières riche de trouvailles en tous genres. Comme cela s'est vu dans divers disques Wild Side récents, la version originale est aussi proposée en Dolby Surround, mais pas en Dolby Digital 5.1. Un choix un peu curieux, permettant de gagner un peu de place sur le disque et favorisant notamment les home cinéphiles de la première heure qui n'auraient pas renouvelé leur équipement depuis le temps relativement lointain où les amplificateurs ne proposaient pas de décodage 5.1 ! Le choix de la version originale impose la présence de sous-titres français non amovibles. La version française est quant à elle fournie dans un Dolby Digital 5.1 dont le mixage s'avère indéniablement inférieur au DTS de la piste originale coréenne.

Sur le premier DVD, nous trouvons encore toute une série de bandes annonces de DVD édités par Wild Side, une sélection qui ratisse large, de LA FAMILLE SURICATE à CROWS ZERO, de TWO LOVERS à MARTYRS, de SOUTHLAND TALES à VINYAN ! Nous trouvons encore une petite sélection de liens internet renvoyant vers divers sites promotionnels rattachés à Wild Side, ainsi qu'une bande annonce de HANSEL ET GRETEL.

L'interactivité la plus copieuse est bien entendu stockée sur le disque de bonus, particulièrement fourni ! Le plus gros morceaux est un making-of de 54 minutes, adoptant une forme assez brute. Il s'agit essentiellement d'images de tournage et de divers entretiens effectués sur le plateau, entrecoupés d'interventions récentes de Pil-Sung Yim. Si la forme n'est pas des plus peaufinées, ces images permettent de comprendre comment ont été élaboré certaines scènes clés et trucages. Pil-Sung Yim, quant à lui, revient sur ses intentions artistiques ainsi que sur l'échec de HANSEL ET GRETEL au box office coréen. Ce documentaire aurait pu être resserré dans sa durée, mais il parvient tout à fait à nous transmettre l'atmosphère de sa genèse et à exprimer sans langue de bois aucune les contraintes liées à la création d'un tel métrage dans l'industrie cinématographique coréenne.

Nous accédons ensuite à une petite sélection de cinq scènes coupées pouvant être consultées avec ou sans commentaire audio du réalisateur. Ce sont des passages un peu redondants ou jugés techniquement peu satisfaisants, présentés sans ambiguïtés comme assez inutiles. On y trouve tout de même un petit épilogue final non inséré dans le métrage.

Nous accédons ensuite à une featurette de quatorze minutes dédiée aux décors, constituée d'images de préparation et de tournage ainsi que d'un entretien avec la décoratrice, qui revient sur le travail exigeant demandé par un tel film se déroulant dans un univers artificiel et très exotique – pour des coréens ! Un autre document de quatorze minutes, intéressant et passionné, donne la parole au compositeur de la musique originale. Enfin, un dernier module de neuf minutes laisse s'exprimer le responsable des effets spéciaux au gré d'un entretien qui, à nouveau, ne fait pas dans cette agaçante langue de bois si courante dans les suppléments de DVD américain récent !

Nous passons ensuite à un bêtiser moyennement intéressant («Moments de détente»), un peu redondant avec le «making of». Un petit module promotionnel de trois minutes nous montre divers réalisateurs coréens exprimer leur enthousiasme quant au projet HANSEL ET GRETEL, dans un ensemble laudatif sans grand intérêt. Enfin, un dernier supplément de treize minutes, «Sur le tournage» nous propose à nouveau des images du tournage, apparemment des chutes non utilisées dans le «making of».

L'interactivité nous propose enfin deux courts métrages de Pil-Sung Yim, réalisés avant ANTARTIC JOURNAL. Le premier, BLUSHING, nous plonge dans le quotidien glauque d'un jeune garçon rondouillard, souffre-douleur de sa famille, qui passe une soirée seul avec son grand père au gâtisme vindicatif : vingt deux minutes d'un univers glauque rappelant ERASERHEAD. Quant à lui, BABY est une chronique adolescente de 35 minutes, au cours de laquelle un garçon de 17 ans se trouve confronté à une paternité non désirée. Ce film subtil recoupe par bien des aspects le propos et le sujet de HANSEL ET GRETEL, confirmant la forte personnalité que Pil-Sung Yim imprime à chacun de ses projets.

Arrivé à un moment où la mode du cinéma asiatique retombait, la sortie de HANSEL ET GRETEL n'a pas vraiment fait d'étincelles auprès du public français. Il s'agit pourtant d'une intéressante réussite du cinéma fantastique coréen, personnelle et insolite, publiée en France dans une édition d'autant plus recommandable que ce titre reste rare chez les éditeurs occidentaux : il a été publié en Angleterre chez Terracota, dans un disque à l'interactivité moins fournie que le DVD français, et il n'a toujours pas atteint les rayonnages américains !

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
HANSEL & GRETEL DVD Zone 2 (France)
Editeur
Wild Side
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h52
Image
1.85 (16/9)
Audio
Korean Dolby Digital 5.1
Korean Dolby Digital Stéréo
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Making-of (54mn)
    • Scènes coupées avec commentaire optionnel du réalisateur
      • Featurettes
      • Les décors (14mn)
      • La musique du film (14mn)
      • Les effets spéciaux (9mn)
      • Sur le tournage (14mn)
    • Bande-annonce
      • Courts-métrages
      • Baby (34mn)
      • Blushing (22mn)
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