Header Critique : PHANTOM OF THE PARADISE (BLU-RAY)

Critique du film et du Blu-ray Zone B
PHANTOM OF THE PARADISE 1974

BLU-RAY 

A la recherche d'un nouveau son, Swan, dirigeant mystérieux de Death Records, repère la musique d'un compositeur naïf. Après s'être approprié la partition inachevée de la cantate composée par Winslow Leach, il fait enfermer ce dernier en prison lorsque celui-ci devient trop gênant. Pris de rage, il s'échappe et va hanter les corridors du Paradise, une salle de concert que Death Records est sur le point d'inaugurer…

Ayant déjà quelques métrages à son actif, Brian De Palma a un peu de mal à lancer deux projets bloqués par un producteur qui en a fait l'acquisition. Coup de chance, Edward R. Pressman va racheter les deux scénarios pour les produire. Ce sera tout d'abord SŒURS DE SANG qui sera suivi juste après par PHANTOM OF THE PARADISE. Ce second projet s'avère assez particulier puisqu'il s'agit d'une comédie musicale mais aussi d'un film d'épouvante, proposant de surcroît une vision ironique de l'industrie discographique. Le métrage est de plus produit de manière indépendante avec un budget assez bas pour ce type de film. D'ailleurs, le tournage sera émaillé de divers problèmes financiers qui auraient pu handicaper gravement PHANTOM OF THE PARADISE. Enfin, Brian De Palma et son producteur vont aussi connaître des soucis juridiques qui seront réglés de diverses manières. La plus apparente aujourd'hui reste l'utilisation du nom «Swan Song» pour la maison de disque dépeinte dans le film. Car le label détenant déjà ce nom empêche son utilisation, ce qui mène à effacer plus ou moins maladroitement les références qui y sont faites et qui aurait déjà été mises en boîte. En dehors de cela, les détenteurs des droits d'une bande dessinée obligent le film à rallonger son titre pour passer de THE PHANTOM à PHANTOM OF THE PARADISE. Néanmoins, Universal voit, de son côté, une utilisation d'éléments provenant du FANTOME DE L'OPERA, un accord financier sera trouvé et permettra d'aller de l'avant. Evidemment, le Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux, mais aussi et surtout la version cinématographique de 1943 paraît effectivement assez palpable dans PHANTOM OF THE PARADISE. Comme dans le film d'Arthur Lubin, le personnage principal se voit défiguré en essayant de récupérer la musique qu'on lui a volé. Pourtant, à l'origine, Brian De Palma n'a pas nécessairement l'envie de faire une version cinématographique de l'œuvre de Gaston Leroux mais les éléments qui composent la mythique histoire sied fort bien à son regard au vitriol de l'industrie musicale. L'intrigue est d'ailleurs très fortement imprégnée par deux autres grands classiques du Fantastique, à savoir Faust mais aussi Le Portrait de Dorian Gray. De prime abord curieux, il s'avère que Brian De Palma a mélangé de manière particulièrement adroite les trois histoires pour aboutir à son PHANTOM OF THE PARADISE.

Le cinéaste s'avère aussi plutôt visionnaire en utilisant divers styles musicaux pour illustrer les modes et leur exploitation. Même si la plupart des morceaux restent ancrée dans les années 70, l'utilisation d'un rock grandiloquent lors des passages les plus marquants semble ne pas prendre de ride. Les morceaux «Somebody super like you» et «Life at Last» et leurs mises en scène suivaient alors un genre émergeant d'un rock théâtralisé et utilisant les thèmes de l'horreur à l'instar de ce que faisait Alice Cooper depuis quelques années mais aussi KISS qui était, au moment du film, au tout début de sa carrière. Depuis, ce mélange d'horreur et de musique est devenu plutôt commun et la recette est toujours d'actualité à l'instar d'un groupe comme Lordi ou, bien évidemment, Rob Zombie. On peut ainsi constater que si Rob Zombie réalise un clip vidéo s'inspirant grandement du CABINET DU DOCTEUR CALIGARI pour «Living Dead Girl», Brian De Palma le faisait déjà plus de vingt ans auparavant avec PHANTOM OF THE PARADISE. Tout comme le cinéaste s'amusait à faire des allusions très visibles au Frankenstein de Mary Shelley ou bien au Dracula de Bram Stoker. Les plus observateurs verront d'ailleurs le nom de Alice Cooper dans les dossiers du maléfique producteur musical au détour d'une séquence. A l'évidence, Brian De Palma a bien su capter son sujet au point que son film reste encore aujourd'hui aussi pertinent qu'il ne pouvait l'être à l'époque. Car si le cinéaste fustige les vendeurs de disques qui produisent de l'argent en modelant les artistes à leur convenance, PHANTOM OF THE PARADISE se permet aussi d'anticiper subrepticement les dérives d'une télévision sensationnaliste avec l'orchestration d'un coup de pub des plus morbides ! PHANTOM OF THE PARADISE réussit ainsi particulièrement bien à dresser le portrait d'un magnat qui, pour l'argent et le pouvoir, sacrifie l'art et la moralité. Le sujet paraît grave mais le tout est emballé de manière festive et enjouée en alternant passages intimistes, satiriques ou spectaculaires. A l'époque de sa sortie, le film ne va pourtant pas rencontrer son public mais sa notoriété n'aura de cesse d'augmenter au fil des ans. Rien de surprenant puisque PHANTOM OF THE PARADISE est clairement l'un des chefs d'œuvre de Brian De Palma !

Après une première édition DVD passable commercialisée par la Fox, c'est Opening qui a remplit le flambeau de l'édition vidéo de PHANTOM OF THE PARADISE. L'éditeur français va ainsi produire un double DVD qui deviendra l'édition la plus complète du film de Brian De Palma. Opening ne s'arrête pas là puisqu'à présent l'éditeur sort la première version en haute définition de PHANTOM OF THE PARADISE. Le Blu-ray propose donc de revoir le film avec cette fois un transfert 1080p/24. Première constatation, la qualité de l'image est assez variable. Plusieurs raisons à cela, le film n'est pas une super production et s'est fait avec des moyens limités. De plus, le métrage contient des effets particuliers qui peuvent être amenés à provoquer un rendu moins harmonieux. Enfin, on pourra noter ici ou là des plans moins nets que d'autres. Mais tout cela n'est, en fait, que la retranscription de ce qu'est PHANTOM OF THE PARADISE à l'origine. Certains passages gagnent énormément avec ce passage à la haute définition et plus particulièrement les morceaux musicaux comme le mariage qui gagne en profondeur de champ et en finesse. De prime abord, certains passages semblent même trop beaux pour être vrais et peuvent provoquer un choc à ceux qui se seraient passés en boucle les VHS, Laserdisc et autres DVD jusqu'ici. PHANTOM OF THE PARADISE abandonne définitivement l'image vidéo des supports précédents pour s'offrir enfin un rendu cinéma !

Moins impressionnantes, en comparaison de l'image, les deux pistes sonores n'offrent pas un bond de géant avec ce que l'on connaissait jusqu'ici. La version originale et le doublage français sont tout de même proposés en DTS HD Master Audio 5.1. Passer de l'hérétique doublage français à la version originale d'un clic dans les menus permet de noter une différence sonore assez notable. La piste sonore française est plus forte ce qui ne rend pas aisée la comparaison mais, bien vite, on se rend compte que les ambiances s'avèrent moins vivantes et donc que le doublage français est assez artificiel. Dans les faits, une grande partie de l'activité sonore, sur les deux pistes, se fait essentiellement sur l'avant ce qui risque de surprendre. Au moins, cela ne dénature pas l'origine du film puisqu'il était enregistré en stéréo. Ce qui nous amène à reprocher l'absence de la piste originale qui n'apparaît pas ici contrairement au DVD. Enfin, soyons intransigeant, l'éditeur ne propose toujours pas de sous-titrage sur les chansons alors que certains des morceaux musicaux sont directement liés au niveau des thèmes à la narration du film. Certes la compréhension n'est pas handicapée mais pour qui ne comprend pas parfaitement l'anglais, le métrage perd un peu de sa richesse !

Si vous aviez déjà le double DVD, vous allez retrouver le même contenu. A commencer par un long documentaire de près d'une heure où la plupart des intervenants viennent partager leurs souvenirs de PHANTOM OF THE PARADISE. On y trouve donc Brian De Palma, Edward R. Pressman, Paul Williams, William Finley, Jessica Harper, Gerrit Graham, etc… Un documentaire fort sympathique mais qui laisse un peu sur sa faim. Il existe en effets des anecdotes qui ne sont pas exploitées et, s'il y a un semblant de progression, on obtient à l'arrivée une sorte de compilation d'interviews, réalisées spécialement pour l'occasion du double DVD, réparties selon divers thèmes : les personnages, le réalisateur… A ce titre, les parties du documentaire sont découpées par un joli habillage graphique mais qui paraît assez étrange lorsque l'on aborde le faux groupe (The Juicy Fruits, Beach Bums ou The Undead en fonction des séquences du film). Car lorsque cette partie démarre, une intervention de l'un des membres du «groupe» vient de s'achever alors qu'ensuite on ne parle plus vraiment de ce sujet. Des petites critiques pour ce qui est, tout de même, un agréable documentaire consacré au film ! En complément, on trouve une intervention de William Finley qui essaie de nous vendre une figurine du fantôme (commercialisée en édition limitée mais quasiment introuvable maintenant). Plus intéressant, la costumière Rosanna Norton s'exprime durant une dizaine de minutes à propos du film. De son côté, Gerrit Graham nous fait une courte présentation de PHANTOM OF THE PARADISE en français. Enfin, on trouve deux bandes-annonces de manière à boucler l'interactivité de ce Blu-ray. Seul oubli par rapport au double DVD, le clip de Bob Sinclar a disparu mais, à vrai dire, cela n'a strictement aucune importance ! Précisons enfin que tous les suppléments sont présentés en définition standard sur ce Blu-ray qui propose de revoir PHANTOM OF THE PARADISE dans des conditions optimales !

Rédacteur : Antoine Rigaud
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Redécouvrir le film en haute définition
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L'édition vidéo
PHANTOM OF THE PARADISE Blu-ray Zone B (France)
Editeur
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
France (Zone B)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Présentation par Gerrit Graham (0mn50)
    • Paradise Regained (45mn)
    • Carte Blanche à Rosanna Norton (10mn)
    • Fausse pub par William Finley (0m45)
    • Bandes-annonces
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