Header Critique : BIENVENUE A ZOMBIELAND (ZOMBIELAND)

Critique du film
BIENVENUE A ZOMBIELAND 2009

ZOMBIELAND 

«Columbus», garçon introverti, survit seul dans une Amérique dévastée par les zombies. Pour se faire, il suit à la lettre une liste de règles draconiennes et prudentes. Sa route croise celles d'autres survivants, tel le dur à cuire Talahasse ou ces deux sœurs en route pour la Californie...

BIENVENUE A ZOMBIELAND naît dans l'imagination de Rhett Reese et Paul Wernick, deux scénaristes travaillant avant tout pour la télévision. Ils comptent faire de leur histoire le pilote d'une série télévisée et l'idée est vendue à la chaîne CBS, appartenant au groupe Sony. De fil en aiguille, elle aboutit à un long métrage de la Major Columbia (propriété elle aussi de Sony). Production à petit budget, sa réalisation échoit à Ruben Fleischer, dont c'est le premier film pour le cinéma...

Depuis le RESIDENT EVIL de Paul W.S. Anderson, le zombie et ses dérivés sont restés des valeurs sûres du cinéma d'épouvante international, récoltant sans coup férir succès sur succès, au gré de remakes tels que L'ARMEE DES MORTS ou de films originaux comme 28 JOURS PLUS TARD. Au bout de sept ans, la mode n'arrive pas à son terme, comme le prouve le nouveau succès surprise outre-atlantique de ce BIENVENUE A ZOMBIELAND !

Le titre français jovial l'indique : il s'agit d'une comédie horrifique, employant comme toile de fond une Amérique apocalyptique, désertique, livrée à l'appétit insatiable des morts-vivants. Marier humour et zombies n'est en rien une nouveauté. Dès les années 80 l'exercice est accompli et réussi par des œuvres aussi variées que le nihiliste LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS, le fiévreux RE-ANIMATOR ou, bien sûr, le monumental BRAINDEAD, sorte de point de non-retour après lequel le genre ne peut que se mettre en sommeil... temporairement au moins !

BIENVENUE A ZOMBIELAND est quant à lui un projet hybride. L'ambiance évoque ces films de morts-vivants se déroulant dans un univers en pleine décrépitude, livré sans perspective de rédemption à des zombies affamés, comme dans LE JOUR DES MORTS-VIVANTS et autres RESIDENT EVIL : EXTINCTION. Ce contexte extrêmement sombre n'empêche pas le métrage d'adopter le ton léger et foncièrement dédramatisé d'une comédie pour adolescent. Les références culturelles musicales et cinématographiques abondent, de DELIVRANCE au Velvet Underground, de Metallica à Sergio Leone, créant un ensemble familier et distancié. Le Gore, indispensable à tout film de zombies depuis LA NUIT DES MORTS-VIVANTS, répond présent, mais s'avère relativement timoré, évitant avec prudence toute embardée trop extrême. Quand nous avons le droit à une apparition d'un acteur connu (assez surprenante !), il ne s'agit pas d'une vedette de la terreur, mais d'un spécialiste du rire, associé à une comédie fantastique bien connue !

Par ses thématiques aussi BIENVENUE A ZOMBIELAND coupe ses attaches avec les classiques du film de zombie. Alors, oui, c'est la fin du monde. Certes, tout le monde meurt et l'humanité n'a pour ainsi dire aucun avenir... Mais tout cela n'a qu'une portée minime ! Nous suivons avant tout le parcours initiatique de Columbus, jeune adolescent phobique et introverti, qui parvient à survivre dans ce monde de zombies justement parce que sa méfiance envers la vie et le monde extérieur lui dicte un comportement excessivement prudent. Cette Amérique peuplée de zombies devient un terrain de jeu et de rencontres dans lequel il s'épanouit et dépasse ses complexes d'ado mal dans ses pompes. Une chose est sûre, dans cette ambiance très, trop, légère, nous sommes loins de l'humour grinçant de LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS et de son gag final très, très noir !

Quoi qu'il en soit, BIENVENUE A ZOMBIELAND propose un divertissement ayant, justement, le mérite de se distinguer de la production classique par son ton insouciant, sorte de comédie «réconfortante» («feel good» dirait les anglo-saxons) dont le moindre des paradoxes n'est pas de se dérouler dans une ambiance de fin du monde irréversible ! Le spectacle est agréable et bien mis en scène. La distribution, surtout issue du cinéma indépendant américain, s'avère bien choisie et sympathique. Les moyens limités n'empêchent en rien la reconstitution crédible d'États Unis dévastés, tandis que le métrage propose quelques séquences certainement mémorables. Si, au temps de Romero, les survivants se terraient dans des bases militaires ou des centres commerciaux, les voyageurs trouvent ici un abri dans la villa d'une Star Hollywoodienne. Enfin, tout cela se termine sur un final bien fait et amusant, confrontant nos survivants à une horde de zombies dans un Luna Park. Un renouvellement bienvenu et bien trouvé !

Sans prétention et divertissant, BIENVENUE A ZOMBILAND échappe au risque de la redite en optant, au fond assez astucieusement, pour un ton en décalage avec les habitudes du genre. Du cinéma festif, appartenant à la catégorie de ces Séries B que personne n'a vu venir et qui, pourtant, se savourent en salles avec une satisfaction indéniable !

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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